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La Nouvelle-Écosse tait les conclusions du comité sur le racisme environnemental

durée 17h45
29 mai 2025
La Presse Canadienne, 2024
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3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

HALIFAX — Le gouvernement de la Nouvelle-Écosse refuse de publier les recommandations du comité chargé d'examiner le racisme environnemental dans la province. La ministre responsable n'en explique pas les raisons.

La ministre de la Justice, Becky Druhan, également responsable du Bureau de l'équité et de la lutte contre le racisme, a évité de donner des explications lorsque les journalistes l'ont pressée de le faire après une réunion du cabinet provincial jeudi.

Mme Druhan a affirmé que le gouvernement progressiste-conservateur de la province était déterminé à s'attaquer aux problèmes d'équité et de racisme. Les travaux du comité «éclaireraient» ces efforts, a-t-elle ajouté.

«L'une des conclusions importantes du comité… est qu'un changement systémique et fondamental est nécessaire pour lutter contre le racisme lié aux questions environnementales», a déclaré la ministre.

Mme Druhan n'a pas voulu répondre lorsqu'on lui a demandé si elle avait pris connaissance des recommandations du comité, affirmant que les travaux étaient antérieurs à son mandat de ministre.

Le comité, composé de huit membres, a été nommé en juin 2023 pour examiner les effets du racisme sur l'environnement naturel d'une communauté. Il devait soumettre ses recommandations avant la fin de la même année. Il était présidé par Augy Jones, aujourd'hui directeur général des Affaires afro-néo-écossaises du gouvernement.

Lors de sa nomination au comité en décembre 2022, M. Jones a clairement indiqué comment il souhaitait que son travail soit perçu.

«Nous voulons que ce processus serve d'exemple au Canada quant à la façon dont on interagit avec les communautés marginalisées qui ont été traumatisées de manière intergénérationnelle», a-t-il dit en entrevue avec La Presse Canadienne.

L'idée de ce comité était celle des néo-démocrates de l'opposition, qui ont proposé un amendement à la législation sur les changements climatiques, adoptée à l'automne 2023.

Parmi les exemples de racisme environnemental, on peut citer la présence de décharges, d'incinérateurs de déchets, de centrales au charbon, d'installations de traitement des déchets toxiques et d'autres activités dangereuses pour l'environnement à proximité de communautés racisées, de territoires autochtones et de travailleurs à faible revenu.

La cheffe de l'opposition néo-démocrate, Claudia Chender, a qualifié de «décourageant» le fait que le gouvernement ait laissé les conclusions du comité d'examen sous silence pendant plus d'un an. Selon elle, le rapport devrait être rendu public.

«La promesse faite lors de la création de ce comité était d'apporter de la clarté, de la vérité et des recommandations sur ce qui constitue un héritage honteux de racisme environnemental dans cette province», a déclaré Mme Chender.

Le chef libéral par intérim, Derek Mombourquette, a dit que le gouvernement envoyait un message «honteux» en ne publiant pas les recommandations du comité.

«La ministre a l'obligation absolue de publier ce rapport afin que les collectivités et les Néo-Écossais puissent le lire», a-t-il déclaré.

Parmi les exemples de racisme environnemental en Nouvelle-Écosse, on peut citer le dépotoir et la décharge toxiques qui ont fonctionné pendant des décennies près des communautés noires historiques de Shelburne et de Lincolnville.

De plus, le nettoyage se poursuit à Boat Harbour, en Nouvelle-Écosse, près de la Première Nation de Pictou Landing, où un plan d'eau autrefois vierge a servi pendant des décennies de bassin d'effluents pour une usine de papier voisine.

Le libéral Iain Rankin, ancien ministre de l'Environnement et ancien premier ministre, a déjà qualifié Boat Harbour d'un des pires cas de racisme environnemental au Canada.

Keith Doucette, La Presse Canadienne