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La présumée victime d'Edmundson témoigne au procès pour agression sexuelle

durée 16h14
6 février 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Par La Presse Canadienne, 2024

OTTAWA — La défense au procès de Haydn Edmundson a poursuivi mardi son contre-interrogatoire de la femme qui accuse le vice-amiral à la retraite de l'avoir violée sur un navire de la Marine en 1991.

Les avocats ont questionné la plaignante sur le navire et sur ses déclarations passées liées aux allégations.

La femme, dont l'identité est protégée par une ordonnance de non-publication, avait raconté lundi au procès qu'Edmundson était un officier supérieur et qu'elle appartenait à un grade subalterne lorsqu'ils ont été déployés ensemble sur un navire de la Marine en 1991.

Elle a déclaré au tribunal qu'elle avait été chargée de réveiller l'officier pour des tâches de surveillance de nuit. Or, une nuit, elle l'a trouvé complètement nu, sans couverture, dans sa couchette.

Elle a raconté au tribunal qu'elle était «devenue complètement folle» cette nuit-là, lui criant dessus et allumant les lumières dans l'espoir d'attirer l'attention d'un autre officier. Elle a déclaré que personne ne lui avait parlé ensuite de cette affaire, jusqu'à ce qu'Edmundson lui-même l'appelle quelques jours plus tard dans ses quartiers pour discuter.

Elle a précisé qu'à ce moment-là, le navire était amarré dans un port et qu'elle et Edmundson n'étaient pas de service. Elle avait prévu de descendre à terre avec des amis ce soir-là, mais elle a estimé qu'elle devait s'arrêter pour parler avec cet officier supérieur, même si elle n'était pas à l'aise d'entrer dans sa chambre, plongée dans l'obscurité. 

Elle a témoigné qu'elle espérait s'excuser de lui avoir crié dessus puis de quitter sa chambre, mais il lui a rappelé qu'il ne lui en avait pas donné la permission. Elle a ensuite raconté qu'elle était restée figée alors qu'Edmundson lui touchait les cheveux, l'embrassait, puis lui enlevait ses vêtements et la violait.

«Il était beaucoup plus âgé que moi, a-t-elle déclaré. C'était un officier de haut rang. Quelles auraient été les conséquences si je criais, si je le repoussais, si je disais non, si je ne suivais pas les ordres ?»

Edmundson a été accusé en décembre 2021 d’agression sexuelle et d’actes indécents. Il a plaidé non coupable et nie tout acte répréhensible.

Interprètes pour la plaignante francophone

L'avocat de la défense Brian Greenspan avait commencé son contre-interrogatoire en fin d'après-midi lundi et il l'a repris mardi matin.

La langue maternelle de la plaignante est le français, mais elle a témoigné en anglais, avec l'aide d'interprètes. Elle a expliqué mardi au tribunal qu'elle souhaitait que les interprètes lui traduisent en français les questions de la défense avant d'y répondre, mais Me Greenspan, visiblement frustré, a fait valoir au juge que cela modifiait les règles.

«Je commence un contre-interrogatoire avec au moins un bras attaché derrière le dos, peut-être les deux», a plaidé Me Greenspan.

Après une discussion avec le juge Matthew Webber, la plaignante a accepté de demander l'aide d'un interprète seulement en cas de besoin.

Me Greenspan lui a ensuite montré un organigramme du navire sur lequel elle avait été affectée en 1991, lui demandant de qui elle relevait à bord.

Il a également posé des questions sur ses précédentes déclarations à la police et sur un résumé des allégations qu'elle avait faites lorsqu'elle avait demandé à participer à une action collective intentée contre l'armée pour des inconduites sexuelles.

La femme a qualifié cette déclaration de «vomi de traumatismes sur une feuille de papier», soulignant les expériences négatives qu'elle avait vécues au cours de sa carrière militaire, y compris ce viol présumé.

Edmundson est l’un des nombreux officiers supérieurs qui ont été accusés d’inconduite sexuelle au début de 2021. Cette série d'accusations a déclenché une crise qui a conduit à une enquête externe et indépendante sur les Forces armées menée par la juge à la retraite de la Cour suprême Louise Arbour.

Dans son rapport de mai 2022, Mme Arbour a appelé à des changements radicaux dans la culture militaire.

Le procès d'Edmundson se déroule dans un tribunal d'Ottawa, et non en cour martiale, conformément à une recommandation de Mme Arbour selon laquelle les crimes de nature sexuelle devraient être traités par le système de justice civil.

Sarah Ritchie, La Presse Canadienne