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La preuve est close au procès de Harold LeBel: le jury délibérera à compter de lundi

durée 12h36
15 novembre 2022
La Presse Canadienne, 2022
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2022

MONTRÉAL — La preuve est maintenant close au procès de l’ex-député Harold LeBel, accusé d’agression sexuelle à l’endroit d’une femme qui ne peut être identifiée en raison d’une ordonnance de non-publication de la Cour.

Alors que le contre-interrogatoire de M. LeBel tirait à sa fin, mardi avant-midi, le juge Serge Francoeur a dû rappeler à l’ordre le procureur de la Couronne, Me Jérôme Simard, lorsque ce dernier a invoqué un élément tiré de sa déclaration aux policiers lors de son arrestation en décembre 2020.

Me Simard a souligné que l’ex-député avait alors parlé aux policiers «d’une situation au Métropolis» survenue en 2012, notant que M. LeBel avait «quand même une bonne mémoire de ce qui s’était passé».

En défense, Me Maxime Roy s’est aussitôt objecté, reprochant d’avance à la Couronne d’avoir l’intention de plaider que son client avait une bonne mémoire d’événements remontant à 2012, alors qu’il était sur les lieux d’un meurtre, laissant ainsi entendre que son vis-à-vis voudrait ensuite lui reprocher les éléments de son témoignage où sa mémoire est moins précise.

Le juge Francoeur a aussitôt précisé qu’il était nécessaire de «mettre en contexte» un tel élément, expliquant au jury que ce dont il était question ici était l’attentat perpétré contre Pauline Marois le soir de l’élection de 2012, «un événement qui a marqué l’histoire du Québec».

Sans plaider lui-même puisqu’il n’en a pas le droit, le magistrat a néanmoins mis la table pour permettre au jury de comprendre qu’on peut difficilement mettre sur le même pied la mémoire d’un événement historique et le fin détail d’une soirée survenue en 2017 et l’interrogatoire policier trois ans plus tard.

Les événements reprochés à M. LeBel se seraient produits dans son condo de Rimouski à l’automne 2017. Selon le témoignage de la plaignante, celui-ci aurait forcé un baiser, aurait tenté de dégrafer son soutien-gorge alors qu’elle allait se réfugier dans la salle de bain. Par la suite, elle s’était couchée sur le lit escamotable du salon et Harold Lebel se serait couché à côté d’elle pour se livrer à des attouchements allant jusqu’à tenter de mettre son doigt dans son anus. 

La dame a témoigné avoir eu peur, à l’époque, des conséquences si elle portait plainte, mais avoir décidé de le faire dans la foulée de la mouvance #metoo en 2020. Auparavant, en février 2020, elle avait envoyé un courriel à M. LeBel pour lui reprocher les gestes dont il est question. 

Celui-ci lui avait alors répondu, par courriel également, qu’il n’avait aucun souvenir de tels événements et lui avait demandé pardon. Devant le tribunal lundi, il a nié avec véhémence et à plusieurs reprises avoir agressé la plaignante. Il a raconté que ce soir-là, elle et lui avaient échangé un baiser «consensuel». 

Selon son témoignage, la plaignante était ensuite allée à la salle de bain pour se préparer à dormir et il lui avait ensuite demandé la permission de se coucher à ses côtés puisque son propre lit était occupé par une troisième personne, une autre femme, qui était allée se coucher plus tôt. Il soutient s’être couché aux côtés de la plaignante encore habillé, s’être endormi rapidement et s’être réveillé «le nez dans ses cheveux et la main sur son épaule», ce qui l’avait rendu très mal à l’aise. 

La défense fera ses représentations au jury mercredi matin, alors que la Couronne plaidera en après-midi. Le juge Francoeur prévoit donner ses directives en droit aux 10 femmes et quatre hommes composant le jury lundi matin.

Une fois ces directives terminées, deux jurés seront libérés et les 12 personnes restantes seront séquestrées pour délibérer et en venir à un verdict.

Pierre Saint-Arnaud, La Presse Canadienne