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La vie reviendra dans les zones touchées par les incendies de forêt en C.-B.

durée 15h29
2 septembre 2023
La Presse Canadienne, 2023
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2023

Les collines calcinées qui entourent le lac Okanagan, en Colombie-Britannique, auront probablement une allure très différente dans un an et plus, à mesure que la vie reviendra dans le paysage ravagé par les incendies de forêt, prédisent des écologistes.

Une éruption de plantes basses, d’herbes et d’arbustes rendra les collines vertes. Des oiseaux, des petits mammifères, des cerfs et des ours reviendront se régaler de baies et d'autres plantes. Des animaux carnivores, dont des couguars, pourraient également s'y installer.

Toutefois, les grands arbres détruits par les incendies pourraient ne jamais se rétablir ou repousser, a affirmé Robert Gray, un écologiste spécialisé en incendies de forêt.

« Quand vous regardez West Kelowna, c’est un terrain vraiment rocheux et escarpé, et les arbres ne vont pas très bien y revenir. Il n’y a pas beaucoup d’humidité dans le sol et il ne fera que s’assécher avec les changements climatiques, a expliqué M. Gray. Une grande partie de ce paysage ne verra peut-être pas beaucoup d'arbres revenir.»

M. Gray a déclaré que d’ici le mois de juin prochain, les citoyens devraient s’attendre à voir « une explosion d’arbustes, de graminées et d’herbes » germer dans la forêt en ruines.

« Ce qui va se passer dans ce paysage, c'est que vous aurez beaucoup d'arbustes. Les graminées reviendront et c’est bien pour un moment, a-t-il dit. La nature est incroyable. C’est la résilience. Il y a tellement de plantes adaptées au feu. Elles ont besoin de feux sur une base régulière, donc elles réoccuperont ces zones.»

Par exemple, des espèces d'arbustes dans le secteur touché par les incendies de forêt avaient déjà des graines profondément enfouies dans le sol et attendaient la chaleur ou le feu pour les faire germer, a détaillé M. Gray.

Le rétablissement des arbres après les incendies est une autre affaire. «À moins que vous ne plantiez intentionnellement ces zones, il est peu probable qu'elles contiennent beaucoup d'arbres à l'avenir», a évoqué l'écologiste.

Les résidents de la région de l’Okanagan ne sont pas étrangers aux incendies de forêt catastrophiques. En 2003, l’incendie du parc Okanagan Mountain a forcé l’évacuation de milliers de personnes et détruit des centaines de propriétés, ce qui a également transformé le paysage.

Tara Bergeson, superviseure de la foresterie urbaine à la ville de Kelowna, a déclaré que l'incendie de 2003, qui a ravagé le parc et la ville, était « très grave et a eu un impact durable sur le territoire ».

«Peu de régénération a eu lieu dans une grande partie de la zone (incendiée), et nous ne verrons peut-être pas les arbres revenir en temps voulu, voire pas du tout. Actuellement, une grande partie de la zone reste constituée d’arbustes et de prairies », a écrit Mme Bergeson dans un courriel.

Les arbres récemment brûlés, affaiblis, mais accrochés à la vie, peuvent attirer les coléoptères et d'autres insectes, a précisé M. Gray.

«Ces petits coléoptères s'enfouissent dans l'arbre et y pondent leurs œufs, et lorsque les jeunes larves grandissent, elles tuent l'arbre», a-t-il expliqué.

Dans environ cinq à huit ans, les arbres morts commenceront à se briser.

M. Gray a déclaré que des situations comme celles-ci poseraient des risques d’incendie importants, en particulier avec les changements climatiques qui rendent le climat plus sec et plus chaud. Il a aussi indiqué que les brûlages dirigés seraient importants dans ces zones, afin de limiter de futurs incendies de forêt.

Ken Lertzman, professeur émérite à l'École de gestion des ressources et de l'environnement de l'Université Simon Fraser, en Colombie-Britannique, a déclaré que certains petits animaux peuvent prospérer après des incendies, comme les merles bleus, les faucons, les hiboux et les pics-bois.

«Ils peuvent vraiment profiter de cette combinaison particulière de ressources disponibles dans ces très jeunes forêts ouvertes», a indiqué M. Lertzman.

M. Gray s'est dit d'accord, affirmant que les terres forestières ouvertes, récemment brûlées, avec beaucoup d'herbes et d'arbustes, pourraient être un paradis de nourriture pour les animaux.

«Maintenant, c'est ouvert et il y a des herbes, des graminées, des arbustes, des baies et des noix, il y a tellement de choses à manger», a-t-il dit. Une communauté diversifiée d'arbustes avec des baies attirerait des visiteurs comme des cerfs, des wapitis et des ours. Les insectes et les oiseaux seraient plutôt attirés par les fleurs, a ajouté M. Gray.

M. Lertzman a indiqué que la durée de la régénération forestière dépend de nombreux facteurs, incluant les conditions du sol et les températures.

De manière générale, il a fallu 40 à 60 ans pour que les jeunes forêts s'établissent, et au moins 100 ans pour que les forêts matures reviennent, a-t-il précisé, ajoutant que les forêts qui se remettent d'un incendie représentent un cycle naturel.

«À l'intérieur de la Colombie-Britannique, et dans de nombreuses forêts du monde entier, les incendies de forêt font partie de l’histoire évolutive de la forêt», a déclaré M. Lertzman.

Cependant, M. Gray a fait valoir que ce ne serait pas nécessairement une mauvaise chose si de nombreux arbres ne revenaient pas.

«Si nous récupérons une forêt similaire, elle brûlera à nouveau», a-t-il souligné. 

Nono Shen, La Presse Canadienne