Le Canada exhorte Israël à mettre fin à son offensive «effroyable» à Gaza


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Par La Presse Canadienne, 2025
OTTAWA — Ottawa qualifie d'«effroyable» la dernière offensive terrestre israélienne à Gaza et affirme qu'elle rend la libération des otages toujours détenus par le Hamas moins probable.
Mardi, Israël a intensifié ses bombardements sur Gaza, disant cibler la ville afin d'empêcher le Hamas de lancer de nouvelles attaques.
L'escalade militaire a suscité une large condamnation internationale, alors que le territoire palestinien est aux prises avec la famine et les efforts d'Israël pour déplacer les civils de l'enclave vers la frontière égyptienne.
«La nouvelle offensive terrestre menée par Israël dans la ville de Gaza est effroyable. Elle aggrave la catastrophe humanitaire et compromet la libération des otages», affirme Affaires mondiales Canada dans un message publié sur les réseaux sociaux.
«Le gouvernement israélien doit respecter le droit international. Le Canada se joint à ses partenaires internationaux pour exhorter à un cessez-le-feu immédiat et permanent, à l'acheminement sans restriction de l'aide humanitaire et à la libération de tous les otages.»
L'ambassadeur d'Israël au Canada, Iddo Moed, a répondu à ce message mardi en affirmant que son pays «respecte systématiquement ses obligations en vertu des conventions internationales» et en citant un site web militaire israélien.
«Il est horrible qu'Affaires mondiales Canada omette constamment de mentionner que les otages israéliens sont détenus dans des conditions extrêmement inhumaines par le Hamas à Gaza. Depuis plus de 700 jours», a-t-il écrit.
Le premier ministre Mark Carney a confirmé lundi qu'il poursuivrait son projet de reconnaissance de l'État palestinien. Bien que le groupe de défense des droits juifs B'nai Brith Canada ait demandé le mois dernier que la question soit débattue au Parlement, aucun parti n'a déposé de motion sur la reconnaissance de l'État palestinien cette semaine.
Lundi, dans un compte rendu d'une réunion virtuelle sur le Moyen-Orient présidée par le président français, le bureau de M. Carney a déclaré qu'il avait «réitéré l’intention du Canada de reconnaître l’État de Palestine en prévision de la 80e session de l’Assemblée générale des Nations unies» la semaine prochaine.
Le compte rendu indiquait que le Canada avait conditionné cette décision à l'engagement de l'Autorité palestinienne à mener des réformes et à organiser des élections générales l'année prochaine en Cisjordanie – des élections «dans lesquelles le Hamas ne pourra jouer aucun rôle».
Mouvements de protestation
Des militants canadiens et étrangers ont tenu une série de conférences de presse sur la colline du Parlement cette semaine pour exhorter Ottawa à déclarer qu'Israël commet un génocide et à imposer des mesures plus sévères à son encontre.
Le député néo-démocrate Alexandre Boulerice s'est joint mardi à des militants propalestiniens pour demander au gouvernement de faire pression contre Israël. M. Boulerice a jugé que la promesse du gouvernement canadien de reconnaître un État palestinien ne suffit pas.
«Il faut qu'il y ait des conséquences pour le gouvernement Nétanyahou, parce que s'il n'y a pas de conséquences, c'est du vent, c'est des mots en l'air et c'est l'autorisation de continuer à bombarder des gens et à mépriser la vie humaine», a lancé le député.
Le porte-parole du Bloc québécois en matière d'affaires étrangères, Alexis Brunelle-Duceppe, appelle aussi Ottawa à imposer des sanctions à Israël après l'annonce par l'Union européenne de son intention d'imposer des droits de douane sur certains produits israéliens.
«Les images douloureuses et intolérables qui nous viennent de Gaza doivent engager une vive réaction du gouvernement canadien», a-t-il écrit dans une déclaration envoyée par courriel mercredi. «Alors que Gaza brûle, que des dizaines de milliers de femmes, d’hommes, d’enfants et de familles sont forcés de se déplacer, le gouvernement ne peut rester impassible.»
Une équipe d'experts mandatée par le Conseil des droits de l'homme des Nations unies a conclu mardi qu'Israël commet un génocide dans la bande de Gaza. Israël a rejeté ce rapport.
Le document cite les déclarations du président israélien selon lesquelles il n'y a pas de civils innocents à Gaza et les politiques israéliennes qui entravent les naissances et transfèrent des personnes de force.
Le ministre de la Justice, Sean Fraser, a déclaré mercredi que la question de savoir si Israël commet ou non un génocide devrait être fondée sur un processus juridique rigoureux où les parties pourraient «présenter des observations fondées sur des preuves».
Lundi, la ministre des Affaires étrangères, Anita Anand, a réuni les ambassadeurs arabes à Ottawa pour discuter de la meilleure façon de parvenir à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à la reprise de l'aide humanitaire.
Mme Anand a déclaré la semaine dernière qu'elle «évaluait la relation avec Israël» – un commentaire qui a attiré l'attention des médias israéliens. La ministre n'a pas expliqué en quoi cette évaluation pourrait consister.
Ce commentaire fait suite à une frappe israélienne contre le Qatar la semaine dernière, visant des responsables du Hamas présents à Doha pour des négociations de cessez-le-feu avec Israël.
Dylan Robertson, La Presse Canadienne