Le député Michael Chong témoignera à Washington à propos de l'ingérence chinoise
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Par La Presse Canadienne, 2023
WASHINGTON — Le député conservateur Michael Chong, cible d'une campagne d'ingérence étrangère présumée de la part de la Chine, racontera son histoire mardi aux législateurs du Capitole des États-Unis.
M. Chong doit comparaître à Washington devant la Commission exécutive du Congrès sur la Chine, un comité bipartisan composé de sénateurs américains, de membres de la Chambre des représentants et d'émissaires de l'exécutif.
L'objectif de M. Chong sera de montrer clairement que son histoire «n'est qu'un cas de répression transnationale en République populaire de Chine (et) qu'il existe de très nombreux autres cas qui passent inaperçus», a-t-il déclaré en entrevue avec La Presse Canadienne.
«L'ingérence étrangère constitue une menace sérieuse à la sécurité nationale, non seulement pour le Canada, mais aussi pour d'autres démocraties. Nous avons besoin d'une série de mesures pour la contrer, y compris une coopération plus étroite entre les démocraties alliées», a fait valoir l'élu.
Parmi les autres témoins qui doivent prendre la parole devant la commission figurent Yana Gorokhovskaia, du groupe de réflexion pro-démocratie Freedom House; Laura Harth, directrice de campagne du groupe de défense des droits de la personne Safeguard Defenders; et le militant ouïghour Rushan Abbas.
M. Chong a assuré qu'il ne se laissait pas intimider par le risque que son témoignage de mardi finisse par faire de lui une cible encore plus importante pour Pékin, en particulier aux États-Unis.
«Ils me ciblent parce que je suis efficace et que je continue à parler, à donner une voix à ceux qui n'en ont pas», a-t-il avancé.
«Il y a des gens de partout au pays qui sont ciblés depuis des années, mais dont les histoires ne sont pas racontées et qui souffrent en silence. C'est ce qui me motive à continuer», a-t-il renchéri.
Enjeu majeur
La commission a été créée en 2000 dans le but de garder un œil sur le bilan longtemps décrié de la Chine en matière de droits de la personne, de favoriser le développement de l'État de droit et de répertorier la liste croissante de ses prisonniers politiques.
Au Canada, comme aux États-Unis, il peut être difficile d’éviter le spectre de la politique partisane lorsque l’on parle de la Chine et de la politique étrangère, en particulier après la pandémie de COVID-19 et son impact sur les chaînes d’approvisionnement mondiales.
Pratiquement toutes les décisions de politique intérieure des États-Unis sont prises dans le contexte plus large de la fin de la dépendance à l’égard des fournisseurs chinois de matières premières, de produits manufacturés et de composants de haute technologie comme les puces informatiques et les minéraux pour batteries.
Au nord de la frontière, où la façon dont le gouvernement fédéral a traité les allégations d'ingérence étrangère chinoise a déclenché un tourbillon de controverses, une enquête publique devrait débuter au début de la semaine prochaine.
Ces allégations proviennent d'une série d'articles parus dans le Globe and Mail et Global News, qui citent des sources anonymes de sécurité affirmant que Pékin a tenté de s'immiscer dans les deux dernières élections fédérales.
Les responsables affirment que le Canada a maintenu l'intégrité globale de ses élections fédérales en 2019 et 2021, mais les partis d'opposition veulent savoir clairement dans quelle mesure l'ingérence est répandue et si le gouvernement a protégé adéquatement la démocratie canadienne.
Pas assez
Le gouvernement libéral, a déclaré M. Chong, n'en fait toujours pas assez pour renforcer correctement son approche de politique étrangère à l'égard de la Chine, même si les États-Unis et d'autres démocraties adoptent une position plus belliciste.
«Cela ne me surprend pas, car je pense que c'est une caractéristique du gouvernement actuel d'être lent à mettre en œuvre, a affirmé M. Chong. Ce gouvernement ne peut pas agir, et cela ne me surprend donc pas qu'il tarde à réagir à cette menace.»
La juge Marie-Josée Hogue, de la Cour d'appel du Québec, dirigera l'enquête publique qui doit s'échelonner sur 16 mois. Elle devrait se pencher sur les allégations d'ingérence dans les affaires canadiennes de la Chine, de la Russie et d'autres États étrangers et acteurs non étatiques. Un rapport intermédiaire est attendu fin février, suivi d'un rapport final en décembre 2024.
En mai, le gouvernement a confirmé que des responsables du renseignement avaient détecté un complot chinois en 2021 visant à intimider M. Chong et ses proches à Hong Kong. Le gouvernement libéral a expulsé le diplomate chinois Zhao Wei après un tollé soutenu au Parlement.
En réponse, l'ambassade de Chine a expulsé la consule du Canada à Shanghai et a publié une déclaration accusant le Canada de violer le droit international et d'agir sur la base d'un sentiment anti-chinois.
Le ciblage présumé de M. Chong en 2021 est survenu après qu'il ait parrainé avec succès une motion à la Chambre des communes qualifiant le traitement par Pékin des musulmans ouïghours en Chine de génocide. Le député dit n'avoir jamais été informé de ces menaces, une erreur qu'il a qualifiée «d'échec systématique de l'appareil gouvernemental».
James McCarten, La Presse Canadienne