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Le ministre Sajjan estime prématuré le retour des réfugiés en Syrie

durée 17h13
17 août 2022
La Presse Canadienne, 2022
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Par La Presse Canadienne, 2022

BEYROUTH — La Syrie n'est pas encore sécuritaire pour que des millions de réfugiés commencent à rentrer chez eux, a averti un ministre canadien lors d'une visite au Liban mercredi. Le ministre canadien du Développement international, Harjit Sajjan, a tenu ces propos quelques jours après que les autorités libanaises ont annoncé un plan pour commencer à renvoyer 15 000 réfugiés syriens chaque mois dans leur pays déchiré par la guerre.

Les remarques de M. Sajjan ont suivi sa tournée dans la région qui l'a également conduit en Jordanie, où il a rendu visite à des réfugiés syriens vivant dans des camps de tentes.

Plus de cinq millions de Syriens ont fui leur pays lorsque le conflit a éclaté il y a 11 ans, la plupart d'entre eux vivant désormais dans les pays voisins, la Turquie, le Liban et la Jordanie. Le Liban, qui a accueilli un million de Syriens, est aux prises avec un effondrement économique et une crise financière sans précédent – et a hâte de voir les réfugiés retourner en Syrie.

Lundi, le ministre syrien de l'Administration locale, Hussein Makhlouf, a déclaré que les réfugiés syriens au Liban pouvaient commencer à rentrer chez eux, s'engageant à obtenir toute l'aide dont ils ont besoin de la part des autorités.

Cependant, l'agence des Nations unies pour les réfugiés et les groupes de défense des droits s'opposent au rapatriement involontaire vers la Syrie, affirmant que cette pratique risque de mettre en danger les réfugiés de retour. Des groupes de défense des droits de l'homme ont déclaré que certains réfugiés syriens qui sont rentrés chez eux ont été détenus.

M. Sajjan a fait écho à ces préoccupations mercredi.

«Il est très, très important de s'assurer qu'il existe un environnement absolument sûr dans lequel ils peuvent retourner, a déclaré M. Sajjan dans une entrevue à l'Associated Press. De toute évidence, en ce moment, sur la base de nos évaluations, la Syrie n'est pas un endroit sûr pour le retour des gens.

«Ce sont des gens très fiers, qui veulent rentrer chez eux. Ils ne veulent pas vivre dans ces conditions», a déclaré le ministre canadien, ajoutant que tout retour devra être une «situation volontaire».

Au cours des dernières années, le Canada a réinstallé des dizaines de milliers de réfugiés syriens, dont certains du Liban et de la Jordanie. M. Sajjan, ancien ministre de la Défense et ancien militaire qui a servi en Afghanistan, a déclaré avoir vu de ses propres yeux les effets et «les horreurs de la guerre, qui poussent les gens à partir».

Il a affirmé que le Canada continuerait de chercher des moyens, avec des partenaires multinationaux, de fournir le soutien direct approprié au peuple libanais et «aux réfugiés syriens vulnérables également».

Les appels au retour des réfugiés syriens se sont multipliés au Liban depuis le début de la récession économique fin 2019, ayant plongé les trois quarts des Libanais dans la pauvreté. Pour les Syriens, les conditions de vie se sont grandement dégradées.

M. Sajjan a déclaré que lors de ses entretiens avec les dirigeants libanais, il les avait exhortés «à agir le plus rapidement possible» pour parvenir à un accord avec le Fonds monétaire international sur un programme de sauvetage.

Il souligne que les demandes du FMI au Liban sont «toutes des choses légitimes, compte tenu de la manière dont la crise économique s'est déroulée».

Avant tout accord avec le FMI, le Liban doit encore rédiger une législation sur la lutte contre le blanchiment d'argent et une loi sur le contrôle des capitaux.

La crise libanaise a été encore exacerbée par l'explosion massive d'août 2020 dans le port de Beyrouth qui a tué plus de 200 personnes, blessé des milliers d'autres et causé des milliards de dollars de dommages.

M. Sajjan a exprimé l'espoir que l'enquête sur l'explosion reprenne bientôt. L'enquête nationale est au point mort depuis décembre, en raison de contestations judiciaires soulevées par certains politiciens contre le juge menant l'enquête.

Bassem Mroue, The Associated Press