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Le suspect d'une agression au couteau en C.-B. affirme que le Saint-Esprit le guidait

durée 18h25
9 septembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

VANCOUVER — L'homme accusé d'avoir poignardé trois personnes lors d'un festival du quartier chinois de Vancouver en 2023, alors qu'il était en congé d'un hôpital psychiatrique, a témoigné qu'il s'était senti poussé par Dieu à commettre l'attaque.

Blair Donnelly a déclaré mardi que, lorsqu'il a acheté un ciseau à bois pour commettre l'attaque, il n'avait pas l'intention de cibler des Chinois, bien que toutes les victimes étaient asiatiques.

Il a plaidé non coupable à trois chefs d'accusation de voies de fait graves lors de son procès devant juge seul à la Cour suprême de la Colombie-Britannique, à Vancouver.

«Je crois que le Saint-Esprit me poussait à blesser quelqu'un», a-t-il dit au tribunal.

«Je ne savais pas s'il s'agissait d'une personne ou d'autres. Je ne savais ni quand ni où, dans les environs ou pas, mais j'ai simplement erré autour de l'événement principal, observant différentes personnes et différentes opportunités qui s'offraient à moi.»

L'avocat de Blair Donnelly, Glen Orris, a exposé mardi, lors de sa déclaration liminaire, que son client avait admis les agressions au couteau, mais que son état d'esprit était en cause.

Il a soutenu que l'accusé «était conscient» que ce qu'il avait fait au festival était illégal, mais qu'il croyait que Dieu lui avait ordonné de commettre ces agressions.

Non criminellement responsable du meurtre de sa fille

Me Orris a rappelé au tribunal que Blair Donnelly avait reçu un diagnostic officiel de «trouble bipolaire de type atypique» et qu'il vivait à l'hôpital psychiatrique depuis 2008, après avoir été déclaré non criminellement responsable du meurtre de sa fille.

Les documents de la Commission d'examen de la Colombie-Britannique indiquent que l'accusé a poignardé l'adolescente de 16 ans au cou, au dos et au cœur en raison de «sa croyance délirante que c'était sa fille que Dieu voulait qu'il tue».

Il était en permission de sortie sans escorte de l'Hôpital psychiatrique médico-légal de la Colombie-Britannique de Coquitlam le jour de l'attaque dans le quartier chinois du 10 septembre 2023, qui a blessé deux femmes et un homme.

Le premier ministre de la province, David Eby, a déclaré par la suite qu'il était «très en colère» d'apprendre que le suspect était en congé de l'hôpital.

Blair Donnelly portait une Bible lors de son procès, qui a débuté lundi, mais avant de témoigner, il a affirmé qu'il dirait la vérité plutôt que de prêter serment sur le livre saint, citant plus tard un verset sur la prestation de serment.

L'homme a témoigné qu'il avait initialement prévu de se rendre à vélo dans un café de Coquitlam le jour de l'attaque, mais qu'il s'était senti «incité par Dieu à se rendre au quartier chinois».

Il a expliqué qu'il était d'abord allé chez Home Depot et avait acheté un ciseau à bois parce qu'il «avait besoin de quelque chose pour blesser quelqu'un».

«Je croyais que Dieu m'avait incité à blesser quelqu'un ce jour-là», a-t-il raconté, même s'il ne comprenait pas pourquoi Dieu voulait qu'il se rende au quartier chinois.

La Couronne a présenté l'intégralité de ses arguments lundi, partageant une vidéo de surveillance montrant ce qu'elle a présenté comme les déplacements de l'accusé le jour de l'attaque, notamment l'achat du ciseau, son déplacement au quartier chinois et l'attaque des victimes.

Blair Donnelly a confirmé ces déplacements lors de l'interrogatoire principal mené par son avocat mardi.

Il a déclaré avoir attendu un signe de Dieu lui disant de ne blesser personne, mais, comme il ne s'est pas présenté, il a «continué et a agi», a-t-il décrit.

«Parce que, dans mon esprit, je voulais obéir à Dieu», a-t-il confié, ajoutant qu'il n'y avait «aucune raison» d'attaquer trois personnes.

«C'était juste un nombre aléatoire», a affirmé l'accusé, avant de confirmer n'avoir jamais rencontré ni vu aucune des victimes auparavant.

«Je n'éprouve aucune animosité envers les Chinois», a-t-il affirmé, ajoutant qu'il ne les avait poignardés qu'une fois chacun parce qu'il «ne voulait pas les tuer».

«Tout ce que j'ai compris, c'est de les poignarder une fois», a-t-il affirmé.

Puis, a-t-il poursuivi, il a pris la fuite, car il savait que ce qu'il avait fait était illégal.

Un pacte conclu avec Dieu

Blair Donnelly avait précédemment témoigné qu'il était un «vendeur de drogue, alcoolique et fêtard» lorsqu'il avait conclu un pacte avec Dieu, il y a plus de 40 ans, pour le servir s'il lui donnait une femme et une famille.

Il a déclaré qu'environ trois ans après avoir conclu ce pacte, il s'était marié et avait eu deux filles.

Aujourd'hui âgé de 66 ans, il a affirmé qu'il avait 22 ans lorsqu'il s'est engagé dans la religion et que cela a changé sa vie.

Lors de l'interrogatoire de son client, Me Orris a lu un extrait d'un rapport expliquant les symptômes de sa maladie mentale, ce que Blair Donnelly a dit approuver.

«Les symptômes de sa maladie, lorsqu'elle est active, comprennent des préoccupations religieuses et des pensées délirantes, une humeur ou un sommeil exacerbés, de l'agitation, une pensée et un comportement désorganisés», a lu l'avocat.

Il a ajouté que des incidents de violence «se sont manifestés sans signes antécédents clairs de maladie, avec des signes plus évidents de troubles apparaissant après coup». L'historique incluait le meurtre de la fille de Donnelly.

L'accusé a expliqué mardi que cette décision était motivée par la conviction que Dieu l'appelait à tuer sa femme, mais que s'il ne le faisait pas, il devrait tuer toute sa famille «d'ici Noël».

Lorsqu'on lui a demandé pourquoi il avait poignardé sa fille plutôt que sa femme, il a eu du mal à se souvenir de son état d'esprit, marquant de longues pauses entre les questions.

«Je l'aimais. Je ne sais absolument pas pourquoi j'aurais fait ça», a-t-il répondu.

Les documents de la Commission d'examen de la Colombie-Britannique montrent également que Blair Donnelly a poignardé un ami lors d'une permission de sortie en 2009 et a attaqué un autre patient avec un couteau à beurre peu après son retour de permission en 2017.

L'avocat de la défense a déclaré au tribunal qu'un psychiatre serait appelé à témoigner au procès la semaine prochaine.

Brieanna Charlebois, La Presse Canadienne