Nous joindre
X
Rechercher
Publicité

Le taux de suicide en Nouvelle-Écosse demeure élevé

durée 04h00
14 septembre 2023
La Presse Canadienne, 2023
durée

Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2023

HALIFAX — Le taux de suicide en Nouvelle-Écosse est resté «obstinément élevé» depuis 2012, et la province a besoin d'une stratégie globale pour s'attaquer au problème, affirme un psychologue clinicien d'Halifax.

Le taux de suicide en Nouvelle-Écosse est en hausse depuis plus de 20 ans et a atteint un niveau de crise en 2022, lorsque 155 personnes dans la province se sont suicidées, a déclaré le Dr Simon Sherry, de la clinique Crux Psychology et du département de psychologie et de neurosciences de l’Université Dalhousie. 

«Nous avons besoin d'une direction claire du gouvernement pour créer une approche ciblée et coordonnée de la prévention du suicide», a déclaré le Dr Sherry en entrevue.

Au cours de la dernière décennie, les décès par suicide pour 100 000 habitants sont passés de 12,2 en 2013 à un niveau record de 15,6 en 2022, selon les statistiques mises à jour ce mois-ci par le gouvernement provincial. Une anomalie récente dans la tendance s’est produite au cours de l’année pandémique de COVID-19, 2020, lorsque le taux est retombé à 12,3 avant de remonter à 14,8 en 2021.

Au cours de l'année dernière, les données indiquent que 144 hommes se sont suicidés, une grande partie étant âgés de 45 à 59 ans.

Dr Sherry a déclaré qu'il ne pouvait que spéculer sur la raison pour laquelle cette tendance chez les hommes se produit, mais il a ajouté que cela semble se produire partout en Amérique du Nord.

«Il est difficile de déterminer les causes d'un suicide, a-t-il expliqué. Les scientifiques l'étudient quantitativement depuis plus d'un siècle et les prédicteurs solides de décès par suicide sont insaisissables.»

Il a ajouté que la province devrait créer une stratégie de prévention fondée sur des données probantes, semblable à celle du Québec, où le gouvernement a réussi à faire baisser le taux de suicide de cette province du plus élevé au pays à un niveau inférieur à la moyenne nationale. «En particulier, ils ont pu réduire le taux chez les jeunes», a souligné le médecin.

«L'une des raisons pour lesquelles le taux pourrait être encore plus bas au Québec est que le gouvernement a lancé des initiatives coordonnées en matière de suicide», a-t-il ajouté.

Manque de ressources

Kelly Mae Mitchell, dont la fille de 14 ans, Aidaen, s'est suicidée en 2019, n'est pas choquée par les dernières statistiques en Nouvelle-Écosse. Mme Mitchell est directrice d'un centre de jeunesse et de bien-être à Yarmouth, en Nouvelle-Écosse, appelé Aidaen's Place, qu’elle a ouvert après le décès de sa fille, afin d’offrir des programmes d’apprentissage de la vie quotidienne et des activités communautaires aux enfants âgés de 9 à 17 ans.

«Nous ne constatons aucun changement, aucune amélioration ou ajout de ressources, a déploré Mme Mitchell. Les enfants vont en consultation externe parce qu’il n’y a nulle part où aller et cela n’aide pas. Il y a encore de longs délais d’attente pour obtenir tout type d’aide en matière de ressources en santé mentale.»

Mme Mitchell convient qu’une stratégie provinciale de prévention serait utile, mais affirme qu’il doit y avoir un «changement sociétal» dans les attitudes à l’égard de la santé mentale et de la prévention du suicide.

«Il y a tellement de choses qui doivent être faites par tout le monde — par les membres de la famille, par les écoles et par les amis – il y a tellement de choses qui composent ce tableau complet», a-t-elle déclaré. 

En janvier 2020, la Nouvelle-Écosse a publié un cadre pour prévenir et réduire le risque de suicide, suggérant que le gouvernement collecte de meilleures données et renforce le soutien communautaire, mais la province n'a pas encore élaboré de stratégie pour y parvenir.

Au lieu de cela, les responsables de la santé qui ont comparu mardi devant le comité législatif de la santé ont souligné les efforts visant à créer un accès universel au soutien en matière de santé mentale. 

Ils ont déclaré que les personnes les plus à risque de suicide peuvent obtenir un soutien 24 heures sur 24, sept jours sur sept, auprès de la ligne provinciale de crise en matière de santé mentale et de toxicomanie. Il existe également une unité mobile de crise qui opère dans la région d'Halifax et de nouveaux hôpitaux de jour en santé mentale pour ceux qui ont besoin de services intensifs, ont-ils indiqué.

Kathleen Trott, sous-ministre au ministère de la Santé et du Mieux-être, a déclaré au comité que les nouvelles données sur le suicide « témoignent de la nécessité pour nous de continuer à nous concentrer sur l'amélioration de l'accès aux soutiens ».

« Les dernières années ont été difficiles pour les Néo-Écossais, et nous avons constaté une forte augmentation de la demande, de l'acuité et de la complexité , a déclaré Mme Trott. C'est certainement un défi.»

Les responsables de la santé ont témoigné devant le comité qu'il était difficile de recruter du personnel psychiatrique. Les postes vacants, ont-ils indiqué, sont passés à 22,3% en juillet contre 20,3%un an plus tôt.

Dr Sherry applaudit les efforts du gouvernement, mais affirme qu’il reste encore beaucoup à faire.

« Cela va être difficile de résoudre ce problème avec un psychiatre, un psychologue ou un travailleur social à la fois », a-t-il déclaré.

---

Si vous ou quelqu'un que vous connaissez pensez au suicide, de l'aide est disponible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, en appelant Talk Suicide Canada (1-833-456-4566) ou en envoyant un SMS au 45645 le soir. 

Les résidents du Québec peuvent appeler le 1-866-APPELLE (1-866-277-3553) ou visiter suicide.ca pour obtenir de l'aide par SMS et par chat en ligne. 

En Nouvelle-Écosse, les résidents peuvent appeler la ligne provinciale de crise en matière de santé mentale au 1-888-429-8167 ou en composant le 911.

Keith Doucette, La Presse Canadienne