Le témoignage de Gilbert Rozon à son procès civil est imminent


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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Le procès de Gilbert Rozon a repris ce lundi et est suivi avec grand intérêt alors que l’ex-magnat de l’humour devrait être appelé à la barre pour livrer sa version des faits.
Gilbert Rozon est poursuivi au civil par neuf femmes qui lui réclament en tout environ 14 millions $ pour de présumées agressions sexuelles dont elles disent avoir été victimes.
Sa comparution n’est toutefois pas assurée puisque la journée s’est amorcée par le témoignage d’une ancienne employée, Louise Thériault, qui a travaillé à Juste pour rire en 1995 et 1996. Ce témoignage a été longuement interrompu par des débats sur des questions de droit entourant certaines questions que voulait poser Me Bruce Johnston, représentant la poursuite, à Mme Thériault.
Ces débats ont forcé d’abord la tenue d’un huis clos et ensuite une pause un peu avant 11h30 pour permettre à la défense de prendre connaissance de certains éléments de preuve, de sorte que le témoignage de Mme Thériault ne devait reprendre qu’à 14h00.
Un homme «séduisant et séducteur»
Durant la première partie de son témoignage, Mme Thériault a qualifié Gilbert Rozon d’«homme séduisant, puis séducteur». Elle a dit avoir «glissé dans ce jeu-là parce que je trouvais que c'est un homme qui était élégant, il était beau, il avait quand même un pouvoir».
Elle a dit avoir été flattée par le fait qu’il s’intéressait à elle, précisant qu’elle avait toujours assumé sa féminité et son pouvoir de séduction. «J'ai participé à ce jeu-là avec lui parce que je voulais aussi le séduire», a-t-elle raconté, ajoutant qu’il était un séducteur drôle, qui l’avait fait rire à l’occasion dans son jeu de séduction avec elle.
Lorsqu’interrogée sur le genre de patron qu’il était, Mme Thériault a expliqué que la confiance que Gilbert Rozon avait placée en elle pour des tâches plus exigeantes lui avait donné des ailes, qu’il venait toujours la saluer quand il était au Festival Juste pour rire. «Ç’a toujours été fluide», a-t-elle résumé.
Rivalité de séduction
Elle a également parlé d’une rencontre avec Patricia Tulasne, une des plaignantes au dossier, avec qui elle a dit avoir eu un «coup de foudre amical» lors d’une première rencontre. Les deux femmes se sont fréquentées durant un été avant de prendre leurs distances en raison de valeurs incompatibles, notamment que Patricia Tulasne «avait, par rapport aux hommes, une haine que je ne partageais pas».
Louise Thériault a dit avoir été très surprise en apprenant ce qui s’était présumément passé entre celle-ci et Gilbert Rozon, d’autant plus qu’elle se rappelait avoir été convaincue durant un souper de production «qu'elle et moi, on était comme un peu dans une rivalité de séduction face au grand patron, qui était à table et dont on voulait avoir un peu d'attention».
Son témoignage devait reprendre en après-midi.
Une longue saga judiciaire
La poursuite de neuf femmes - Patricia Tulasne, Lyne Charlebois, Anne-Marie Charrette, Annick Charrette, Sophie Moreau, Danie Frenette, Guylaine Courcelles, Mary Sicari et Martine Roy - fait suite à une demande, en 2017, d’autorisation d’action collective contre l’homme d’affaires par un groupe de femmes surnommé Les Courageuses. D’abord accueillie en première instance en 2018, Gilbert Rozon a obtenu que cette demande soit rejetée par la Cour d’appel en 2020.
Parallèlement, 14 femmes avaient porté plainte à la police, mais le Directeur des poursuites criminelles et pénales n’avait retenu que celle d’Annick Charrette. Gilbert Rozon avait été acquitté en 2020 sur la base du doute raisonnable.
Patricia Tulasne, qui agissait comme porte-parole des Courageuses, avait été la première à déposer une poursuite civile contre M. Rozon en avril 2021. Les huit autres femmes avaient suivi et l’ensemble des poursuites avaient été regroupées pour mener au procès qui s’est ouvert en décembre dernier et qui a été interrompu à maintes reprises en raison de débats sur des questions de droit.
Jusqu’ici 42 témoins ont été entendus en poursuite, incluant les neuf plaignantes et sept autres femmes, dont Julie Snyder, Salomé Corbo, Pénélope McQuade et l’ex-conjointe de Gilbert Rozon, Véronique Moreau, qui ont toutes soutenu avoir aussi subi des abus de nature sexuelle de la part du défendeur.
Gilbert Rozon a toujours nié les allégations que le visaient.
Pierre Saint-Arnaud, La Presse Canadienne