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Le troisième lien Québec-Lévis de François Legault vu par trois experts

durée 13h42
17 juin 2024
The Canadian Press, 2024
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Par The Canadian Press, 2024

QUÉBEC — La nécessité de construire, à coup de milliards de dollars, un troisième lien autoroutier entre Québec et Lévis est loin d'avoir été démontrée, selon trois experts consultés lundi par La Presse Canadienne.

Après plusieurs tergiversations, le premier ministre François Legault a annoncé, jeudi dernier, qu'il relançait son projet de troisième lien autoroutier, même si la Caisse de dépôt et placement du Québec le déconseille.

Il a évoqué un nouvel argument de «sécurité économique»; selon lui, la région de Québec a besoin d'un autre pont pour assurer le transport de marchandises par camion au cas où le pont Pierre-Laporte fermerait.

Cet argument «sort de nulle part», déplore en entrevue téléphonique la professeure Catherine Morency du Département des génies civil, géologique et des mines à Polytechnique Montréal.

«Un, ça part de nulle part, (...) et deux, si on veut assurer la faisabilité de transporter nos marchandises, ce n'est pas le camion qui devrait être notre plan A», soutient-elle.

«Pour tout ce qui est transport des marchandises, le futur n'est pas autour des camions lourds pour les longues distances; il faut faire du transfert vers le ferroviaire et le maritime» qui ont une empreinte carbone plus faible.

Le gouvernement Legault, dénonce Mme Morency, «ne s'appuie jamais sur des analyses».

«C'est extrêmement inquiétant, c'est même odieux, qu'un projet de cette ampleur, on décide de le lancer comme ça sans rien, aucune justification, rien. Ça devient farfelu.

«Est-ce que le gouvernement peut me laisser faire ma "job"? (...) Je suis prof, je suis supposée faire de la recherche et former du monde. Mais il vient un moment où c'est tellement absurde qu'on se dit: "Voyons, on ne peut pas laisser passer quelque chose d'aussi stupide"», renchérit-elle.

Le professeur Jean Dubé, de l'École supérieure d’aménagement du territoire et de développement régional de l'Université Laval, déplore également que «le besoin, il n'est même pas documenté».

En entrevue, il prône la réalisation d'une analyse coûts-bénéfices. «Sachant que ce qu'on fait va avoir des impacts pour des générations à venir, la moindre des choses, c'est de ne pas se fermer les yeux (...) et de mettre l'ensemble des possibilités de l'avant», affirme-t-il.

Le gouvernement va actuellement «à l'encontre de ce qu'on devrait faire en termes de société pour le développement de nos villes, pour la lutte contre les changements climatiques», ajoute Jérôme Laviolette, doctorant en génie des transports au sein de la Chaire Mobilité à Polytechnique Montréal.

«Les données ne sont pas là pour justifier un troisième lien. (...) C'est beaucoup d'argent investi pour un lien qui, selon les analyses de la CDPQ, ne va pas amener grand-chose.»

Caroline Plante, La Presse Canadienne