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Le vieillissement des équipements mine la surveillance de l'Arctique, selon la VG

durée 15h34
15 novembre 2022
La Presse Canadienne, 2022
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Par La Presse Canadienne, 2022

EDMONTON — À cause d'une décennie de retard et d'inaction du gouvernement fédéral, les navires, les avions et les satellites sur lesquels le Canada compte pour surveiller les eaux de l'Arctique devraient être retirés avant même d'être remplacés, constate la vérificatrice générale.

Dans un rapport publié mardi, le bureau de Karen Hogan estime que le gouvernement fédéral n'a pas pris «les mesures requises pour combler des lacunes de longue date qui nuisent à sa surveillance des eaux arctiques canadiennes», qui s'ouvrent très rapidement depuis quelques années, à cause du réchauffement.

Par conséquent, croit Mme Hogan, les organisations fédérales responsables de la sûreté et de la sécurité de la région de l’Arctique «n’ont pas une connaissance complète des activités maritimes dans les eaux arctiques et ne sont pas prêtes à réagir aux exigences accrues en matière de surveillance».

La vérificatrice générale souligne dans son rapport que la couverture moyenne des glaces de mer avait diminué de 40 % au cours des 50 dernières années, et qu'entre 1990 et 2019, le nombre de voyages dans les eaux arctiques canadiennes a plus que triplé, pour atteindre 464 voyages en 2019.

L'Arctique canadien devient donc ouvert aux menaces, y compris l'entrée non autorisée, la pêche illégale et la pollution marine. 

De plus, la capacité du Canada d'intervenir en cas d'accident, comme l'échouement d'un navire de croisière dans des eaux mal cartographiées, est limitée. 

Les navires

Le gouvernement fédéral a noté ces défis pour la première fois en 2011, a écrit Mme Hogan, lorsqu'un groupe de travail a adopté le Cadre de sûreté maritime du Canada et la stratégie de la connaissance du domaine maritime du Canada.

Des «plans de travail» et des évaluations des lacunes ont suivi périodiquement, mais peu d'actions ont suivi, déplore la vérificatrice. En conséquence, Mme Hogan a constaté que la durée de vie prévue des six brise-glaces de la Garde côtière canadienne expirera avant que de nouveaux navires puissent être livrés. La durée de vie de ces navires a dû être prolongée par des rénovations et des mises à niveau pour les maintenir en activité.

Néanmoins, deux d'entre eux, le Louis St. Laurent et le Terry Fox, seront amarrés en permanence au moment même où les nouveaux brise-glaces devraient entrer en service.

«(Cela laisse) peu de marge de manœuvre pour d’autres retards si l’on veut éviter un écart dans les capacités des brise-glaces», lit-on dans le rapport.

Trois brise-glaces commerciaux d'occasion ont dû être achetés et réaménagés pour assurer la poursuite du déglaçage.

Les avions et les satellites

La situation est similaire avec les satellites et les avions. Les satellites RADARSAT qui effectuent de la surveillance depuis l'espace ont une durée de vie prévue qui s'étend jusqu'en 2026. Or, l'Agence spatiale canadienne affirme qu'elle ne pourra pas mettre en orbite un nouveau satellite avant une autre décennie et qu'un système exploité par la Défense nationale ne fonctionnera pas avant 2035.

Les avions Aurora, qui patrouillent dans le ciel arctique, ont une durée de vie prévue jusqu'en 2030, mais ils ne seront remplacés qu'au moins deux ans plus tard.

Le rapport note que trois des huit navires de patrouille extracôtiers et de l’Arctique destinés à la Marine royale canadienne et à la Garde côtière canadienne ont été livrés – bien que ce programme soit également en retard.

Pendant ce temps, une base navale arctique construite sur le site d'un ancien port minier à la pointe nord de l'île de Baffin est de peu d'utilité. Mme Hogan écrit qu'en raison des coupes budgétaires dans la conception, l'installation navale de Nanisivik, qui ouvrira en 2025, ne sera utilisée que quatre semaines par année.

«L’installation navale de Nanisivik ne pourra pas appuyer efficacement les navires exploités dans l’Arctique», indique le rapport.

Le Canada ne peut plus se permettre de sacrifier sa frontière nord, résume Mme Hogan. «La capacité de surveiller l'Arctique nécessite des outils et ces outils vieillissent. Au fur et à mesure que les retards se prolongent, l'écart se creuse.»

Bob Weber, La Presse Canadienne