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Les Centres d’amitié veulent «des ressources pour répondre à la demande de soins»

durée 16h44
29 mai 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Les Centres d’amitié autochtones demandent au gouvernement fédéral un financement stable et permanent pour mettre fin à la discrimination en matière de soins de santé vécue par les Autochtones en milieu urbain.

«Ignorer les besoins de santé des Autochtones en milieu urbain, c’est perpétuer des injustices historiques», a dénoncé la directrice de l’Association nationale des centres d’amitié, Jocelyn W. Formsma, en marge d’un sommet sur la gouvernance en santé autochtone à Montréal, jeudi.

Avec l’élection d’un nouveau Parlement, «le moment est parfait pour demander au gouvernement de changer sa façon de traiter les Autochtones qui vivent en milieu urbain», a fait valoir Mme Formsma, en expliquant que ceux-ci doivent faire face à «plusieurs barrières culturelles, linguistiques et sociales» lorsqu’ils tentent d’obtenir des soins de santé.

«Ils sont marginalisés» et pourtant, les Autochtones qui vivent en ville de façon permanente «représentent plus de 60 %» des membres de Premières Nations à travers le pays.

Une demande de près de 100 millions $ par année

Les Centres d’amitié autochtones, des centres de services présents dans neuf provinces et territoires, appellent le gouvernement fédéral à reconnaître leur expertise en matière de soin de première ligne et demandent un «financement stable, souple et permanent».

«On a l’expertise, ce qu’on veut, c’est un engagement» de la part d’Ottawa à nous procurer «les ressources pour répondre à la demande de soins», a expliqué Jocelyn W. Formsma.

«Si on faisait une moyenne et qu’on avait une demande nationale à déposer, on parlerait d’une demande de près de 100 millions $» par année pour la centaine de Centres d’amitié autochtones à travers le pays, a précisé la directrice générale du Regroupement des centres d'amitié autochtones du Québec, Tanya Sirois, en répondant à la question d'un journaliste.

Des services de soins adaptés aux réalités culturelles

Les centres d’amitié ont «pour mission première d'améliorer la qualité de vie des Autochtones en milieu urbain», a expliqué Tanya Sirois et ils offrent différents services de santé adaptés aux traditions et aux réalités culturelles des Autochtones.

Dans certains cas, les patients peuvent consulter des infirmières ou des médecins directement dans les centres d’amitié; dans d’autres cas, des intervenants vont accompagner les patients pour naviguer dans le système de santé publique.

Dans un communiqué, l’Association nationale des centres d’amitié souligne que «plusieurs Centres d’amitié autochtones ont pris l’initiative d’ouvrir leurs propres cliniques de proximité, adaptées aux besoins des Autochtones», mais qu'ils «agissent malgré le financement fédéral minimal ou inexistant dédié aux services en santé pour les populations autochtones urbaines».

Vaincre la réticence et la méfiance

L'existence de racisme et de discrimination à l'égard des Autochtones à l’intérieur du système de santé est largement documentée et les centres d’amitié permettent notamment de vaincre la réticence et la méfiance de certaines personnes à l'égard des hôpitaux, selon Tanya Sirois.

L’une des principales différences avec le système de santé publique, «c’est le lien de confiance (…) quand une personne franchit la porte du centre d'amitié, elle va être exempte de jugement, elle peut s'ouvrir et elle est la bienvenue», a résumé Mme Sirois en soulignant qu’il s’agit «d’une démarche de sécurisation culturelle».

Le gouvernement fédéral définit la sécurisation culturelle comme un «environnement libre de racisme et de discrimination dans lequel les gens se sentent en sécurité lorsque des soins de santé leur sont prodigués».

Il y a deux semaines, la coroner Stéphanie Gamache a fait référence à l’importance de la sécurisation culturelle dans un rapport sur la mort de Raphaël André, survenue à Montréal en janvier 2021.

Dans la section des recommandations du rapport, la coroner écrit notamment «qu’il est essentiel de développer des mesures visant une approche de sécurisation culturelle pour les intervenants du réseau de la santé et des services sociaux afin que des liens de confiance se créent avec les usagers en situation d’itinérance issus des Premières Nations et des Inuit».

Raphaël André, un Innu, avait été retrouvé sans vie dans une toilette chimique du centre-ville de Montréal le 17 janvier 2021. Il est mort d’hypothermie.

Stéphane Blais, La Presse Canadienne