Les dépenses militaires stimuleront l'économie sans éliminer la récession


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Par La Presse Canadienne, 2025
OTTAWA — L'augmentation des dépenses de défense d'Ottawa stimulera l'économie, mais pas suffisamment pour la sauver d'une récession, selon un rapport récemment publié.
L'analyse actualisée d'Oxford Economics, publiée mercredi, prévoit que les engagements du Canada en matière de dépenses de défense augmenteront le produit intérieur brut (PIB) réel du pays d'un dixième de point de pourcentage cette année et l'année prochaine.
Cela porterait la croissance à 0,9 % par an cette année et à 0,4 % en 2026.
Le premier ministre Mark Carney a annoncé le mois dernier son intention d'atteindre l'objectif de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) en matière de dépenses de défense et de sécurité, fixé à 2 % du PIB, d'ici la fin de l'année. Les nouveaux engagements pris par les membres lors du Sommet de l'OTAN du mois dernier porteront ce financement à 5 % du PIB d'ici 2035.
Oxford Economics suppose que l'accélération des dépenses de défense sera financée par un déficit fédéral plus important. Les dernières prévisions ont été préparées avant qu'Ottawa n'annonce la semaine dernière un plan visant à réduire les dépenses opérationnelles de 15 % au cours des trois prochaines années.
Le gouvernement fédéral prévoit publier son budget 2025 à l'automne, renonçant à la traditionnelle mise à jour budgétaire du printemps.
Sans les économies associées, la hausse des dépenses de défense se traduirait par une augmentation permanente du ratio dette/PIB pour le gouvernement fédéral, selon le rapport.
La hausse du PIB réel liée à la défense ne suffira pas non plus à sortir le Canada de la «récession induite par la guerre commerciale» déjà en cours, indique Oxford Economics dans son rapport.
L'organisation prévoit que l'économie s'est repliée au dernier trimestre et que la récession actuelle se poursuivra jusqu'à la fin de l'année, avec une baisse totale de 0,8 % du PIB réel avant la fin de la contraction.
Si le marché du travail a relativement bien résisté jusqu'à présent au conflit tarifaire entre le Canada et les États-Unis – l'économie a créé environ 83 000 emplois le mois dernier, à la surprise de la plupart des économistes – Oxford Economics estime que cette résilience sera de courte durée.
«L'incertitude entourant la politique commerciale américaine et les nouveaux droits de douane continueront d'inciter les entreprises à reporter ou à annuler leurs projets d'investissement, à réduire leur production, à freiner les embauches et à licencier de plus en plus de travailleurs», peut-on lire dans le rapport.
Le cabinet prévoit 140 000 pertes d'emplois pendant la récession, les impacts s'étendant aux secteurs précédemment touchés par les droits de douane. Cela ferait grimper le chômage à 7,6 % plus tard cette année, contre 6,9 % en juin.
Oxford Economics anticipe que la Banque du Canada maintiendra son taux directeur à 2,75 % pendant cette période de turbulences, bien que le cabinet ait déclaré ne pas pouvoir exclure une ou deux baisses de taux supplémentaires d'ici là.
Le rapport prévoit également une hausse de l'inflation à 3 % d'ici la mi-2026, ce qui empêcherait la banque centrale de mettre en œuvre des mesures de relance importantes sous la forme de baisse des coûts d'emprunt.
«La récession et la hausse de l'inflation entraîneront une augmentation des défauts de paiement du secteur privé et des ventes de logements en difficulté, augmentant le risque d'une récession plus profonde, d'une forte correction des prix de l'immobilier ou d'une crise financière improbable», indique le rapport.
L'analyse d'Oxford Economics repose en grande partie sur la persistance des droits de douane actuels entre le Canada et les États-Unis pour le reste de l'année.
La récession pourrait s'aggraver si le président américain Donald Trump mettait à exécution sa menace d'imposer des droits de douane de 35 % sur les produits canadiens à compter du 1er août, affirme le rapport, tandis qu'un nouvel accord économique et de sécurité conclu d'ici cette date pourrait offrir un soulagement significatif.
Malgré ces impacts, Oxford Economics estime que le Canada est dans une position relativement favorable en matière de risque économique.
L'entreprise évalue le degré de risque des perspectives des principales économies avancées en fonction de divers facteurs, notamment les taux de change, les notations de crédit et d'autres dynamiques du marché intérieur.
Avec un score de risque de 3,3 sur 10, le Canada se classe au 27e rang sur 164 pays évalués par Oxford Economics. Cela place le pays derrière les États-Unis, l'Australie, la France et l'Allemagne, mais devant le Mexique, le Japon et la Chine.
Craig Lord, La Presse Canadienne