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Les emballages d'aliments malsains ciblent les enfants, prévient une étude

durée 07h00
28 novembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Par La Presse Canadienne, 2025

MONTRÉAL — Des centaines de produits alimentaires à faible valeur nutritive présentent sur leur emballage des personnages colorés pour attirer l'attention des enfants, prévient une nouvelle étude financée par Cœur + AVC.

De Spider-Man aux chiots de la Pat'Patrouille, l'étude a recensé 2737 produits alimentaires ciblant les enfants et dont l’emballage présentait des personnages de dessins animés lors de vérifications dans deux supermarchés grand public, un magasin à bas prix et un magasin international ou de spécialités ethniques de Québec, Halifax, Toronto et Calgary.

Ces personnages figuraient sur des emballages dans toutes les catégories d’aliments, qui étaient dans la grande majorité des produits ultratransformés: les bonbons, le chocolat, les céréales, les biscuits et les collations aux fruits arrivaient en tête de liste, tandis que les légumes et les fruits frais ne représentaient que 1 % des aliments.

Cette recherche montre l’utilisation «extrêmement répandue de personnages de dessins animés attrayants pour les enfants afin de vendre à ces derniers des aliments riches en sucre, en sel ou en gras saturés», a-t-on souligné par voie de communiqué.

«Au niveau fédéral, il n'y a pas de réglementation en ce moment pour le marketing alimentaire qui cible les enfants, a dit la porte-parole de Cœur + AVC, la professeure Monique Potvin Kent de l'École d'épidémiologie et de santé publique de l’Université d’Ottawa.

«Ce sont les compagnies elles-mêmes qui font la réglementation. Il n'y a pas vraiment de critères qui s'appliquent aux emballages d'aliments. Il y a des trous dans la réglementation.»

Santé Canada, a-t-elle poursuivi, a mis de l'avant une proposition pour restreindre le marketing alimentaire à l'intention des enfants, mais uniquement à la télévision ou en ligne. Cette étude, a dit la chercheuse, montre que «c'est super important de restreindre le marketing alimentaire sur les emballages d'aliments aussi».

L’équipe de recherche a constaté qu’au cours d’une seule visite en magasin, les enfants pouvaient voir jusqu’à 54 produits présentant des personnages médiatiques, comme ceux de Super Mario Bros. ou encore les Minions.

Plus de 92 % des aliments uniques destinés aux enfants dépassaient les seuils nutritionnels définis par les critères nutritionnels proposés par Santé Canada pour la publicité visant les enfants.

Près de 2 % des produits examinés pour cette étude dépassaient les seuils pour le sucre, tandis que 41 % dépassaient les seuils pour le sel et 29 % les seuils pour les gras saturés.

«Ce ne sont pas vraiment des résultats qui me surprennent, a dit la professeure Potvin Kent. On a beaucoup, beaucoup de données qui démontrent aussi dans d'autres médias, dans d'autres environnements, que les enfants sont ciblés énormément.»

L’emballage des produits, préviennent les auteurs de l'étude, «est une forme puissante de publicité visant les enfants et une source majeure de leur exposition à la publicité dans leur vie quotidienne».

«Les éléments persuasifs que l’on trouve sur les emballages des aliments destinés aux enfants, en particulier les personnages de dessins animés (comme les mascottes de marques et les personnages des médias de divertissement pour enfants), incitent les enfants à réclamer de tels produits auprès de leurs parents et influencent leurs préférences alimentaires», ajoutent-ils.

Les enfants sont «tellement bombardés de marketing», a ajouté la professeure Potvin Kent, «qu'il est difficile pour un parent de se défendre, les parents d'aujourd'hui n'ont vraiment pas une job facile».

Le problème n'est pas banal, puisque les habitudes alimentaires acquises à l’enfance ou à l’adolescence seront celles qui auront ensuite tendance à perdurer à l’âge adulte. Et s’il s’agit d’habitudes malsaines, cela entraînera une hausse considérable du risque de multiples problèmes de santé, du cancer à l’obésité en passant par le diabète et les maladies cardiovasculaires.

«Il a été démontré (que la publicité d'aliments) avait une incidence sur les préférences alimentaires, les goûts et les habitudes de consommation des enfants», peut-on ainsi lire dans l'étude de Cœur + AVC.

Pas la première

Cette étude n'est pas la première à s'inquiéter de la situation.

L'an dernier, des chercheurs de l'Université Laval avaient demandé au gouvernement fédéral d'interdire le marketing de la malbouffe partout où les enfants peuvent y être exposés, notamment à la télévision, dans les médias sociaux et sur les panneaux d’affichage.

Une étude publiée plus tôt cette année par des chercheurs québécois et canadiens constatait que les enfants sont exposés au Canada à quelque 4000 publicités alimentaires uniquement sur leurs appareils mobiles, dont neuf sur dix concernent des aliments malsains. L’exposition double quand on parle des adolescents, à un peu plus de 8000 publicités.

Cela correspond à 1,96 publicité alimentaire/enfant/30 minutes, et à 2,56 publicités alimentaires/adolescent/30 minutes, tout au long de l’année. Calculé autrement, un enfant de 9 ans pourrait être exposé à au moins 37 publicités alimentaires par jour, et un adolescent de 14 ans à 44 publicités par jour ― et ce, principalement pour des produits moins sains.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne