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Les publicités pour les paris sportifs font du mal aux jeunes, selon des médecins

durée 16h48
9 septembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Par La Presse Canadienne, 2025

TORONTO — Des médecins appellent à des restrictions sur les publicités pour les paris sportifs, affirmant qu'elles mènent les jeunes vers des problèmes de jeux.

Un éditorial publié lundi dans le Journal de l'Association médicale canadienne souligne que les publicités sont omniprésentes lors des diffusions d'événements sportifs et que la légalisation des jeux d'argent en ligne a transformé chaque téléphone intelligent en plateforme de paris potentielle.

La Dre Shannon Charlebois affirme que, même si les sites de paris affirment être réservés aux personnes de 19 ans et plus, les jeunes sont inondés de publicités qui assimilent la pratique du sport aux paris.

Elle affirme que le cerveau des enfants et des adolescents est encore en développement et que l'exposition constante aux messages sur les jeux d'argent normalise des comportements nocifs qu'ils peuvent conserver à l'âge adulte.

La Dre Charlebois indique qu'un projet de loi visant à réglementer les publicités pour les paris sportifs a été déposé au Sénat et que, s'il est adopté, il serait un bon point de départ pour s'attaquer au problème.

Elle souhaite que la publicité pour les jeux d'argent soit restreinte pendant les matchs et retirée des plateformes de médias sociaux utilisées par les jeunes.

«Il n'y a aucune limite quant au nombre de ces publicités pouvant être placées dans une retransmission sportive ni quant à leur durée», a affirmé la Dre Charlebois lors d'une entrevue, soulignant qu'en plus des publicités, les noms des plateformes de paris sportifs sont désormais inscrits autour des terrains de football et des patinoires de hockey.

Les commentateurs des sites de paris ont souvent leurs propres segments pendant les pauses.

«Ce qui est très dangereux pour les enfants, c'est que cela normalise un comportement qu'on sait nocif à un stade où ils sont influençables. Et c'est particulièrement attrayant pour les jeunes qui sont génétiquement et biologiquement prédisposés à la prise de risques», a-t-elle ajouté.

«J'ai vu la vie de gens s'effondrer à tous les âges et dans tous les milieux, qu'il s'agisse d'un comptable avec une carrière derrière lui ou d'un jeune qui cherche simplement à maximiser ses fonds pour ses études et qui a tout perdu en quelques semaines», a raconté la médecin de famille.

Le Dr Shawn Kelly, spécialiste de la toxicomanie chez les adolescents à Ottawa et coauteur de l'éditorial avec la Dre Charlebois, a affirmé qu'il observe principalement des cas de toxicomanie chez ses patients, mais qu'il a commencé à s'intéresser aux comportements de jeu, car il estime qu'il s'agit d'un problème émergent.

Il a ajouté que la dépendance au jeu est encore fortement stigmatisée, ce qui pousse les gens à la cacher et à hésiter à se faire soigner.

Protéger les jeunes

Exiger légalement que les parieurs soient majeurs n'est pas toujours un moyen de dissuasion efficace, a soutenu le Dr Kelly.

«Il existe certaines restrictions d'âge et des vérifications d'identité sur ces sites de paris, mais les jeunes achètent de l'alcool depuis longtemps, malgré les restrictions d'âge qui les entourent — dès qu'un adolescent motivé est présent, une solution sera trouvée.»

Même si les publicités ne ciblent pas les jeunes, ils les voient et en sont affectés, a soutenu le Dr Kelly, qui regarde souvent du sport avec ses jumeaux.

«Ces publicités ne s'adressent pas aux enfants de neuf ans assis à côté de moi, mais ils les remarquent.»

La Dre Daniela Lobo, psychiatre spécialisée dans les problèmes de jeux au Centre de toxicomanie et de santé mentale de Toronto, a noté que les paris sportifs sont de plus en plus courants chez les jeunes.

La Dre Lobo, qui n'a pas participé à l'éditorial du Journal de l'Association médicale canadienne, a évoqué les signes avant-coureurs lors d'une conférence de presse de l'Association médicale de l'Ontario sur la santé et la sécurité à l'école le mois dernier.

«Si vous avez un adolescent qui a son propre argent, vous remarquerez peut-être qu'il dépense cet argent et qu'il vous en demande davantage, a-t-elle déclaré. L'autre conséquence est que cela engendre un certain niveau de stress, car, inévitablement, il commencera à perdre et deviendra plus préoccupé par l'argent, plus irritable.»

La Dre Lobo a ajouté que les parents pourraient également remarquer que leur adolescent ne se détend pas et ne regarde pas le match comme il le ferait normalement, mais qu'il est constamment sur son téléphone et semble préoccupé par le déroulement du match ou de certaines actions.

Les docteurs Lobo et Kelly ont tous deux recommandé aux parents de discuter des jeux d'argent lorsque le sujet est abordé et de souligner qu'il arrive plus souvent de perdre de l'argent que d'en gagner.

La couverture en santé de La Presse Canadienne est soutenue par un partenariat avec l'Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est seule responsable de ce contenu journalistique.

Nicole Ireland, La Presse Canadienne