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Les Québécois tournent le dos aux produits américains sur les tablettes et en ligne

durée 11h35
8 mai 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Les Québécois ne se sont pas fait prier pour boycotter les produits américains.

L’enquête NETendances 2024 publiée jeudi nous apprend que les trois quarts (75 %) des Québécois disent avoir diminué (33 %) ou cessé complètement (42 %) d’acheter des produits américains à l’épicerie.

Ça ne va guère mieux pour les produits américains sur le web alors qu’une proportion presque aussi importante (73 %) de Québécois affirme avoir diminué ou cessé d’acheter en ligne auprès de marchands américains. Ce mouvement n’est pas anodin puisque les trois quarts des Québécois font des achats en ligne, une proportion qui est stable depuis 2021.

Amazon écope

L’enquête démontre que la grogne atteint particulièrement le géant américain Amazon puisqu’avant le mouvement de boycottage, 85 % des consommateurs en ligne avaient fait au moins un achat sur Amazon et près de la moitié (48 %) avaient effectué au moins 75 % de leurs dépenses en ligne sur cette plateforme.

Or, en retournant sonder les Québécois en mars, NETendances a constaté que la moitié (49 %) ont soit complètement cessé (17 %) ou réduit (32 %) leurs achats sur Amazon. De plus, 10 % des internautes ont mis fin à leur abonnement à Amazon Prime, le taux d’abonnement passant de 38 % des internautes à la fin de 2024 à 29 % en mars 2025 selon le calcul des chercheurs.

Les autres marchands en ligne américains écopent encore plus, sept Québécois sur dix disant avoir complètement cessé (23 %) ou diminué (47 %) leurs achats auprès de ceux-ci.

Les Chinois progressent

À l’opposé, les sites d’importation directe de Chine ont connu une poussée avec 40 % de cyberacheteurs et surtout de cyberacheteuses se tournant vers ces sites, Temu arrivant premier (25 %), suivi de près par Shein (21 %). Alibaba/Aliexpress (8 %) et Wish (5 %) ferment la marche.

Fait à noter, cette proportion de 40 % est inégalement divisée, 50 % étant des femmes et 30 % étant des hommes. La tranche d’âge des 18-34 ans est également surreprésentée.

Les commerçants québécois en retard

Et le commerce en ligne québécois dans tout ça? Les détaillants québécois ont possiblement un examen de conscience à faire, que ce soit en matière de mise en marché, de publicité, de prix ou de coût de livraison puisqu’on constate qu’une faible majorité (53 %) des internautes n’ont fait aucun achat en ligne auprès d’un marchand québécois.

Ils auraient donc tout avantage à tenir compte des motivations des consommateurs en ligne, qui sont clairement identifiées par l’enquête. Ainsi, si personne ne sera surpris d’apprendre que le prix est au sommet (42 %) des critères déterminants pour choisir un marchand en ligne, la livraison gratuite vient tout juste derrière à 35 %. La livraison gratuite est d’ailleurs la principale raison pour laquelle 65 % des répondants adhèrent à un programme de fidélisation.

L'importance des frais de livraison

Les frais de livraison sont à ce point importants que 80 % des cyberacheteuses et cyberacheteurs adoptent des stratégies pour réduire ou éviter ces frais, notamment en complétant leur panier pour atteindre le seuil de gratuité (48 %) ou en choisissant exclusivement des marchands offrant la livraison gratuite (43 %).

L’enquête NETendances, réalisée par l'Académie de la transformation numérique (ATN) de l'Université Laval, repose sur deux collectes de données, une première effectuée du 15 au 31 janvier 2025 auprès de 1068 internautes du Québec de 18 ans et plus, et une seconde pour mesurer l’effet des tensions commerciales avec les États-Unis du 13 au 30 mars 2025 auprès de 1046 répondants. À ceux-ci ont été ajoutés des personnes non internautes issues de la collecte téléphonique annuelle de l’enquête, le tout étant pondéré en fonction du genre, de l’âge, de la région, de la langue et du niveau de scolarité. Puisqu’il s’agit d’un sondage web, ce rapport ne présente pas de marge d’erreur.

Pierre Saint-Arnaud, La Presse Canadienne