Nous joindre
X
Rechercher
Publicité

Les refuges pour itinérants, lieux de réconfort pour briser la solitude à Noël

durée 17h23
23 décembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
durée

Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

MONTRÉAL — À l'approche de Noël, un sentiment d'urgence, d'anxiété ou de fébrilité est visible chez les personnes en situation d'itinérance, observent des refuges montréalais qui organisent des activités durant cette période pour leur apporter du réconfort et briser la solitude.

Le temps des Fêtes amène un besoin «un peu plus pressant» pour trouver une place, constate la directrice générale adjointe de La rue des femmes de Montréal, Louise Waridel. «C'est comme s'il y a une urgence», dit-elle.

Pour les trois maisons d'hébergement de l'organisme, ce moment de l'année est toujours synonyme de débordement. Chaque jour, elles doivent refuser plusieurs femmes, la soixantaine de places étant toutes occupées.

«À l'approche des Fêtes, on voit une demande qui va être un peu plus grande et surtout beaucoup plus de fébrilité chez les femmes qu'on reçoit», mentionne Mme Waridel.

Les festivités de la fin décembre peuvent ramener des «fractures du passé», des «blessures» ou des «fractures familiales» chez plusieurs, qui craignent alors de se retrouver seules, évoque la dirigeante de La rue des femmes.

À la Maison du Père, qui affiche souvent complet, le directeur adjoint du continuum de services cliniques, Duane Mansveld, remarque une «anxiété assez palpable».

«Souvent, le monde qui se trouve dans la rue, c'est parce qu'ils ont eu une rupture avec leur réseau social. Alors, le temps des Fêtes, quand c'est le moment d'être entre amis ou en familles, bien ça ramène ces souvenirs-là, puis un peu plus d'anxiété, qui rappellent la situation dans laquelle ils se trouvent», affirme M. Mansveld.

Les différents organismes prévoient une série d'événements ou d'activités avec l'aide de bénévoles: repas de Noël, distribution de cadeaux, journée de films, activités de création, cuisiner des biscuits, faire le sapin, brunch du Nouvel An, entre autres.

«On crée des moments de rassemblement, des moments où elles peuvent être ensemble en douceur et pouvoir avoir ce sentiment-là de famille, d'appartenance, qui aide à ne pas juste sentir la solitude qui est là», soutient Mme Waridel.

Elle note que cette période offre de «beaux moments remplis de magie» entre les femmes, mais aussi parfois des moments où la détresse ou la tristesse se fait davantage ressentir.

Au Refuge des jeunes de Montréal, d'anciens usagers appellent et reviennent même faire un tour durant les Fêtes.

«C'est triste de penser que, pour quelqu'un, c'est le seul lieu pour passer Noël. Mais en même temps, ça m'apporte un certain apaisement de penser qu'ils vont pouvoir être avec nous», indique la directrice générale et cofondatrice de l'organisme, France Labelle.

Plusieurs des jeunes que le refuge accueille sont des migrants, qui sont donc loin de leur famille.

«Noël, quand on est dans la rue, ce n'est pas des moments heureux. Donc, c'est souvent le rappel de ce qui n'a pas été possible ou de ce qui a été difficile. (...) On essaie d'adoucir un petit peu (cette période), de mettre un peu de douceur», expose Mme Labelle.

Haltes-chaleur

La mairesse de Montréal, Soraya Martinez Ferrada, s'est engagée à ajouter 500 places dans les haltes-chaleur pour les itinérants d'ici Noël. La semaine dernière, elle a indiqué que l'objectif était en voie d'être dépassé.

La Maison du Père est parmi ceux qui ont contribué au respect de l'engagement avec l'ajout de 15 chaises. M. Mansveld estime que la situation actuelle est «mieux prise en main» que les années précédentes avec l'ouverture de haltes-chaleur supplémentaires.

Néanmoins, il s'agit d'une mesure temporaire ou d'un pansement évitant de laisser des personnes dehors durant les grands froids d'hiver. Les lits d'urgence restent une meilleure porte d'entrée aux services afin d'aider une personne à sortir de la rue, précise M. Mansveld.

Bien que ces espaces soient importants, tous ne s'y sentent pas en sécurité, affirme Mme Waridel. Plusieurs femmes lui disent qu'elles refusent d'y aller et préfèrent s'organiser autrement.

«Parfois, c'est qu'elles n'aiment pas quand ce sont des endroits qui sont mixtes. Elles ne se sentent pas bien, elles ne se sentent pas en sécurité», relate Mme Waridel.

Sur le long terme, des solutions pérennes sont nécessaires pour sortir de la crise de l'itinérance qui secoue le Québec, rappellent les intervenants interrogés par La Presse Canadienne.

«Il faut continuer à travailler très fort au niveau des conditions de production de l'itinérance: la crise du logement, la pauvreté. C'est très, très important de travailler très fort au niveau des différentes formes de logements abordables et avec soutien communautaire. On ne peut pas toujours être en mode réactif. Il faut prévenir aussi», plaide Mme Labelle.

Frédéric Lacroix-Couture, La Presse Canadienne