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Les réseaux sociaux pourraient permettre de prédire les épidémies

durée 08h33
1 décembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Par La Presse Canadienne, 2025

MONTRÉAL — Une analyse des messages qui circulent sur les réseaux sociaux pourrait permettre de prédire les épidémies en détectant les premiers signes d'un scepticisme face à la vaccination, indiquent les travaux d'un chercheur ontarien.

Les auteurs de l'étude comparent la désinformation qui peut circuler sur les réseaux sociaux à une contagion qui se transmet d'un utilisateur à l'autre.

«Il existe une théorie mathématique des points de basculement, qui stipule que tout type de système sur le point de franchir un point de basculement oscillera de manière similaire, qu'il s'agisse d'une crise d'épilepsie, d'un lac recouvert d'algues ou d'un effondrement des marchés financiers, a dit le professeur Chris Bauch, du département des mathématiques de l'Université de Waterloo.

«Cette théorie mathématique prédit donc que les systèmes présenteront les mêmes caractéristiques. J'aime décrire cela comme une sorte d'oscillation.»

Le professeur Bauch et ses collègues ont donc entraîné un modèle d'apprentissage automatique sur ce concept du point de basculement, c'est-à-dire le moment où un système passe soudainement à un nouvel état.

Pour tester leur modèle, les chercheurs ont analysé des dizaines de milliers de publications publiques sur X, l'ancien réseau Twitter, provenant de Californie juste avant une importante épidémie de rougeole en 2014.

Les méthodes traditionnelles, telles que le simple comptage des gazouillis sceptiques, n'ont fourni que très peu d'alertes avant l'épidémie.

Mais en utilisant la théorie mathématique des points de basculement, a dit le professeur Bauch, il a été possible d'obtenir un délai beaucoup plus long et de détecter les tendances dans les données de manière beaucoup plus efficace.

«Nous nous sommes concentrés sur les deux années précédant l'épidémie, a-t-il expliqué. Nous avons examiné les gazouillis concernant les vaccins dans la région de la Californie au cours de ces deux années, puis nous avons appliqué cette théorie pour voir si nous pouvions détecter cette oscillation. Et oui, nous avons pu observer cette oscillation dans les gazouillis, même un an avant que l'épidémie ne se déclare.»

Le professeur Bauch admet que des collègues et lui ont été «étonnés de détecter un signal aussi clair dans les données, aussi longtemps d'avance».

«Cela montre qu'au moins dans ce cas, nous pourrions être en mesure d'obtenir une alerte plus précoce des épidémies causées par une baisse de la couverture vaccinale», a-t-il résumé.

Cette découverte pourrait avoir des implications pour la santé publique, a conclu le professeur Bauch, en permettant d'identifier quelles populations devraient être ciblées plus spécifiquement parce qu'elles exhibent la plus grande hésitation face à la vaccination.

Les conclusions de cette étude ont été publiées par le journal Mathematical Biosciences and Engineering.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne