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Les trois présumés passeurs resteront détenus au moins jusqu'au 28 août

durée 13h00
6 août 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

MONTRÉAL — Les trois présumés passeurs arrêtés à bord d’un véhicule contenant des dizaines de personnes près de Stanstead, en Estrie, demeureront détenus jusqu’à leur prochaine comparution le 28 août.

Ogulcan Mersin, 25 ans, Dogan Alakus et Firat Yuksek, tous deux âgés de 31 ans, ont comparu par visioconférence mercredi matin devant la juge Hélène Fabi, lors de l’enquête sur remise en liberté au Palais de justice de Sherbrooke.

Les suspects ont eu recours au service d’un interprète judiciaire, qui traduisait leurs propos, du turc à l’anglais, langue que les suspects ont choisie pour le déroulement du procès.

La juge a accepté la demande de la Couronne, représentée par la procureure Annabelle Racine, de s’opposer à la remise en liberté des suspects.

Interdit d'entrer en contact avec «Tolda»

La juge Fabi a indiqué aux trois détenus qu'il leur était interdit d’entrer en contact, directement ou indirectement, avec une personne nommée Tolda.

S’ils contactent cet individu, a prévenu la juge, d’autres accusations seront portées.

Dogan Alakus a alors expliqué à la juge Fabi que la personne nommée Tolda était présente à bord du véhicule lors de l’arrestation des trois suspects.

Me Jonathan Poirier, un avocat de l’aide juridique qui représentait les trois hommes, a alors conseillé aux suspects «de ne pas parler», car ce qu’ils racontaient «pourrait être utilisé contre eux».

Dimanche, l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) a annoncé l'arrestation et l'inculpation des trois présumés passeurs après que la police a intercepté un camion au sud du Québec transportant 44 ressortissants étrangers dans des conditions qualifiées d'«horribles» par un agent de la GRC.

Lors de leur comparution mercredi matin, les trois hommes semblaient épuisés et baissaient souvent la tête. Deux étaient vêtus d’un t-shirt noir alors que le troisième, Ogulcan Mersin, portait une simple camisole.

En s’adressant à la juge au nom des trois accusés, Firat Yuksek a expliqué qu’il était «extrêmement frustrant» pour eux de ne pas avoir communiqué avec leurs familles depuis le moment où ils ont été arrêtés.

«Nos familles ne savent pas où nous sommes», a-t-il indiqué.

Les accusés ont ensuite expliqué qu’ils ne connaissaient pas les numéros de téléphone de leurs proches, et que ceux-ci étaient dans leurs téléphones, qui, eux, ont été confisqués par l’ASFC.

Des conditions «horribles»

Ogulcan Mersin, Dogan Alakus et Firat Yuksek ont été accusés d'avoir incité, aidé ou encouragé quelqu'un à commettre une infraction à la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, ainsi que d'avoir aidé des personnes à entrer au Canada en dehors d'un bureau de douane désigné.

Le porte-parole de la GRC, Charles Poirier, a expliqué, lundi, que la police avait intercepté une fourgonnette vers 2 h 20 dimanche matin, après avoir reçu des informations concernant un groupe de migrants qui prévoyaient traverser la frontière en provenance des États-Unis.

Il a précisé que, parmi les migrants, figuraient une femme enceinte et des enfants d'à peine quatre ans.

Ils étaient déshydratés, «visiblement désemparés» et à l'étroit lorsque la police les a trouvés, a-t-il ajouté.

«Ils manquaient d'air, personne n'avait d'eau, et avec les enfants et l'espace restreint, ils ne pouvaient pas s'asseoir par terre, ils devaient se tenir debout», a-t-il expliqué lundi lors d'un entretien téléphonique.

«Ils ont été laissés dans des conditions tout simplement horribles, vraiment.»

La grande majorité des passagers du camion étaient des ressortissants haïtiens, a-t-il précisé, ajoutant qu'ils avaient déclaré aux agents avoir traversé la frontière à pied. Le groupe a marché pendant deux heures avant que le camion ne les récupère.

Malgré les mauvaises conditions et la déshydratation, M. Poirier a confirmé qu'aucun des migrants ne semblait en danger immédiat.

L'ASFC a indiqué que la plupart des ressortissants étrangers ont été transférés au centre de traitement des réfugiés à Saint-Bernard-de-Lacolle, où ils sont soumis à des contrôles d'immigration.

L'agence n'a pas précisé ce qu'il est advenu des autres ressortissants étrangers, invoquant des raisons de confidentialité.

- Avec des informations de Morgan Lowrie

Stéphane Blais, La Presse Canadienne