Les Ukrainiens déplacés par la guerre demandent une voie vers la résidence permanente

OTTAWA — Le Congrès des Ukrainiens Canadiens (CUC) a exhorté mercredi Ottawa à ouvrir une voie vers la résidence permanente pour les Ukrainiens qui sont arrivés au Canada dans le cadre du programme spécial de visas lancé après l'invasion russe de 2022.

Ihor Michalchyshyn, chef de la direction du CUC, a déclaré que son organisation avait présenté en octobre une proposition politique au ministère de l'Immigration, inspirée d'un programme actif de résidence permanente destiné aux Hongkongais au Canada.

La proposition demande à la ministre de l'Immigration, Lena Diab, d'ouvrir une voie temporaire vers la résidence permanente pour les personnes titulaires d'un visa lié à l'Autorisation de voyage d’urgence Canada-Ukraine (AVUCU).

«Les titulaires d'un visa AVUCU sont confrontés à un avenir sombre et incertain. Cela peut inclure la perte d'un emploi légal, la perte de l'accès à une certification de formation professionnelle parrainée par le gouvernement ou l'employeur, et d'autres avantages accumulés avec l'expérience professionnelle ainsi que l'accès aux services de santé», a souligné M. Michalchyshyn lors d'une conférence de presse mercredi au parlement.

En octobre 2023, le gouvernement fédéral a ouvert une voie d'accès à la résidence permanente d'un an aux titulaires de visas ukrainiens, mais uniquement pour ceux qui avaient déjà un membre de leur famille ayant la citoyenneté canadienne ou la résidence permanente.

La proposition du CUC ne comprendrait pas ces restrictions.

Actuellement, les titulaires d'un visa relevant de l'AVUCU arrivés au Canada avant le 31 mars 2024 ont jusqu'au 31 mars pour demander une prolongation de trois ans de leur permis de travail ou d'études.

M. Michalchyshyn a affirmé que le CUC avait interrogé des titulaires de visas ukrainiens qui ont décrit leurs difficultés à obtenir un emploi à long terme avec la menace de l'expiration de leur visa qui pèse sur leur tête.

Outre la voie vers la résidence permanente, le CUC souhaite que le gouvernement fédéral augmente le nombre de places dans le Programme des candidats des provinces afin que chaque province et territoire puisse nommer des candidats à la résidence permanente en fonction des besoins économiques locaux.

Un porte-parole d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada a déclaré dans une réponse envoyée par courriel que le ministère ne pouvait pas spéculer sur les décisions politiques futures.

Une vie au Canada

Gala Darkina, qui est arrivée au Canada il y a trois ans et demi avec ses deux enfants d'âge scolaire, fait partie des Ukrainiens qui ont fait savoir au CUC qu'ils souhaitaient rester au Canada.

Mme Darkina a raconté qu'elle était directrice générale d'un hôtel dans une petite ville au nord de Kyiv qui a été détruite au début de la guerre.

Comme beaucoup d'Ukrainiens, Mme Darkina s'est construit une nouvelle vie ici. Elle gère désormais un café à Ottawa et affirme que ses enfants grandissent en tant que Canadiens.

«Je suis installée ici et j'aime vraiment vivre au Canada. Je me sens en sécurité, j'aime travailler ici, j'aime l'environnement, les gens. Et surtout, j'aime élever mes enfants dans ce pays», a-t-elle déclaré.

«Malgré toutes ces réalisations, je ne suis pas admissible à la résidence permanente. Il n'existe aucun programme pour moi et mes enfants.»

M. Michalchyshyn et Mme Darkina ont été rejoints lors de la conférence de presse par le sénateur indépendant de Nouvelle-Écosse Stan Kutcher.

M. Kutcher a rapporté avoir discuté avec Mme Diab de la mise en place d'une nouvelle voie d'accès à la résidence permanente pour les titulaires d'un visa de l'AVUCU.

«Nos discussions ont été bien accueillies. Et je pense que la ministre est consciente de ce problème», a-t-il déclaré.

«Je pense que la compréhension est là. Je pense que ce que nous demandons actuellement, c'est que cette compréhension soit suivie d'actions.»

Près de 300 000 Ukrainiens sont arrivés au Canada dans le cadre du programme d'urgence mis en place par le gouvernement fédéral à la suite de l'invasion russe il y a près de quatre ans.

Le CUC estime que plus de 100 000 titulaires de visas ukrainiens seraient susceptibles de demander la résidence permanente.

Le député libéral de l'Ontario Yvan Baker a parrainé une pétition parlementaire demandant la mise en place d'une voie d'accès temporaire à la résidence permanente pour les titulaires d'un visa découlant de l'AVUCU. Cette pétition a recueilli près de 44 000 signatures et devrait prendre fin le 12 février.

David Baxter, La Presse Canadienne