Les voyages d'affaires canadiens aux États-Unis sont restés stables


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Par La Presse Canadienne, 2025
Les Canadiens ont beau bouder les voyages de loisirs aux États-Unis, de nouvelles données montrent que les voyages d'affaires semblent se poursuivre normalement.
Malgré les tensions politiques avec l'administration du président américain Donald Trump, l'incertitude économique liée aux droits de douane et les craintes sur le traitement à la frontière, les données de SAP Concur suggèrent que les voyages d'affaires canadiens aux États-Unis sont restés stables au premier semestre par rapport à l'année dernière, même si certaines entreprises redoublent de précautions à la frontière.
Pour le semestre clos le 30 juin, les données ont montré que les États-Unis représentaient 79 % des voyages d'affaires en provenance du Canada.
«Malgré les tensions politiques et les incertitudes économiques actuelles entre le Canada et les États-Unis, les États-Unis demeurent un partenaire essentiel pour la majorité des entreprises canadiennes», a indiqué Brian Veloso, directeur général de SAP Concur Canada.
Les destinations suivantes les plus populaires étaient le Royaume-Uni, qui représentait 3 % des voyages d'affaires canadiens au cours de la période, et l'Allemagne, qui en représentait 2 %.
Les chiffres montrent également que le Canada était la première destination internationale pour les voyages d'affaires en provenance des États-Unis.
À l'échelle mondiale, le Canada se classait au quatrième rang pour les voyages d'affaires internationaux.
Cette stabilité des voyages d'affaires survient alors que le nombre total de voyages de retour des résidants canadiens en provenance des États-Unis a diminué de 28,7 % en juin par rapport à l'année précédente, poursuivant une tendance amorcée plus tôt cette année, alors que les tensions canado-américaines s'intensifiaient.
Des voyages «essentiels»
Danielle Riddle, PDG d'Inspired Travel Group, une société de services de voyages d'affaires, a déclaré que, d'après ses observations, les voyages aux États-Unis demeurent «essentiels pour de nombreuses entreprises canadiennes».
«Nombre de nos clients ont leur siège social, des partenaires ou des clients importants aux États-Unis. Ces voyages ne sont donc pas près de disparaître», a-t-elle indiqué.
Les voyages d'affaires ont été remplacés par des appels vidéo pendant la pandémie, mais avec la levée des restrictions, Mme Riddle explique que les entreprises effectuant des déplacements pour conclure des affaires auprès d'une entreprise de l'autre côté de la frontière ou pour tenter de décrocher un contrat ont de nouveau constaté les avantages de prendre l'avion pour des réunions en personne.
«Dès que cela a recommencé, les entreprises se sont dit: "Notre avantage concurrentiel, c'est que nous ne nous contenterons pas d'organiser un appel vidéo, nous serons là"», a affirmé Mme Riddle.
Jenny Kost, experte en voyages d'affaires chez Flight Centre Travel Group Canada, explique que les entreprises américaines et canadiennes sont généralement étroitement liées en raison de leur situation géographique.
«Nombre de nos clients ont une présence transfrontalière. Il est donc essentiel pour eux de maintenir la solidité de ces partenariats et de rester à l'écoute de la situation des entreprises des deux côtés de la frontière», a-t-elle ajouté.
Une approche plus prudente
Bien que l'engouement pour les réunions transfrontalières en personne ait augmenté, des rapports font état d'un traitement plus strict à la frontière depuis l'arrivée au pouvoir de M. Trump en janvier.
Beth Nanton, associée et responsable du service d'immigration américaine chez KPMG Law, a indiqué que certaines entreprises avaient modifié leur approche des voyages aux États-Unis.
«Je dirais que les entreprises sont plus prudentes dans la préparation de leurs employés», a déclaré Mme Nanton.
Elle a ajouté que certaines entreprises qui, auparavant, s'occupaient à l'interne des lettres de voyage d'affaires ou des évaluations de permis de travail font désormais appel à des conseillers externes.
«Nous avons eu quelques entreprises qui nous ont confié ces évaluations alors qu'auparavant, elles ne faisaient pas appel à des conseillers externes pour l'évaluation de leurs voyageurs d'affaires», a-t-elle souligné.
Mme Nanton a indiqué qu'elle conseille généralement aux entreprises de s'attendre à des temps de déplacement plus longs.
«Nous conseillons de prévoir plus de temps, car le processus global n'a pas vraiment changé, mais je dirais que les questions supplémentaires peuvent simplement allonger le délai de traitement global», a-t-elle ajouté.
De plus, Mme Nanton a rappelé que de nombreux Canadiens choisissent de traverser la frontière par un poste de précontrôle dans un aéroport international en sol canadien.
Néanmoins, la surveillance accrue à la frontière a incité certaines entreprises à examiner plus attentivement leurs activités de voyage.
«Les exigences juridiques n'ont pas changé, mais les activités des voyageurs font l'objet d'une surveillance accrue afin de s'assurer qu'elles correspondent à la catégorie de visa ou d'immigration sous laquelle ils demandent l'admission», a précisé Mme Nanton.
«Je pense que cela a incité les entreprises, à juste titre, à examiner plus attentivement les activités exercées et à déterminer si un permis de travail est réellement nécessaire, ce qui conduirait à la fourniture de documents supplémentaires au voyageur avant son départ.»
Daniel Johnson, La Presse Canadienne