Mark Carney arrive à Washington pour une rencontre avec Donald Trump mardi


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Par La Presse Canadienne, 2024
WASHINGTON — Mark Carney est arrivé à Washington lundi en prévision d'une rencontre avec Donald Trump qui pourrait servir à relancer la relation bilatérale, bouleversée par les droits de douane du président et ses revendications visant à faire du Canada un État américain.
M. Carney, qui est à Washington avec le ministre du Commerce, Dominic LeBlanc, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, et le ministre de la Sécurité publique, David McGuinty, a affirmé s'attendre à des discussions «difficiles, mais constructives» avec M. Trump et son administration mardi à la Maison-Blanche.
Interrogé lundi sur ses attentes concernant sa rencontre avec M. Carney, M. Trump a répondu : «Je ne sais pas exactement ce qu'il souhaite aborder avec moi, mais je suppose qu'il souhaite conclure un accord.»
Le 28 mars, après leur premier appel téléphonique, le président a indiqué sur Truth Social qu'ils avaient convenu de se rencontrer immédiatement après les prochaines élections canadiennes afin de discuter de questions politiques, commerciales et autres, qui seront bénéfiques pour les États-Unis et le Canada. Tout au long de la campagne électorale, Mark Carney a expliqué qu'il faisait campagne pour être la personne qui dirigerait cette réunion.
Mark Carney devra trouver un équilibre délicat : faire preuve de la force attendue par les Canadiens furieux des propos de Donald Trump sur l'annexion, tout en plaidant pour la suppression des droits de douane et la poursuite des négociations commerciales.
«C'est vraiment l'occasion pour les deux hommes de se regarder dans les yeux, d'aborder ces questions et d'entamer leur relation de manière constructive», a expliqué Brian Clow, ancien chef de cabinet adjoint du premier ministre Justin Trudeau.
M. Clow a travaillé au cabinet du premier ministre de 2017 à mars de cette année. Il a dirigé le dossier des relations canado-américaines sous Justin Trudeau et a été aux premières loges pendant la première administration Trump.
Donald Trump aime appeler son style de discours «le tissage». M. Clow a expliqué que le Donald Trump que l'on voit lors des conférences de presse, qui passe d'un sujet à l'autre, «est ce que nous avons vécu lors des réunions privées et des appels téléphoniques».
«Il est donc essentiel d'aborder ces réunions avec une vision claire de l'objectif visé et de construire son argumentation aussi simplement et clairement que possible, a-t-il ajouté. Car le temps manque pour développer ses arguments. Il est essentiel de présenter des faits clairs et nets de manière à ce que le président soit réceptif.»
Un «équilibre délicat» à maintenir
M. Clow a souligné que le premier ministre Carney devait maintenir un «équilibre délicat» et que «cela dépend en partie de l'humeur du président et de son équipe».
L'objectif des responsables canadiens devrait être de jeter les bases des futures négociations entre la Maison-Blanche et les responsables canadiens en vue de la suppression des droits de douane, a expliqué M. Clow, bien qu'il ne s'attende pas à une baisse immédiate des droits de douane après la réunion.
Donald Trump a imposé des droits de douane à l'échelle de l'économie canadienne en mars, avant de les réduire partiellement quelques jours plus tard sur les importations conformes aux règles de l'ACEUM. Le Canada a également été touché par des droits de douane sur l'acier, l'aluminium et l'automobile.
L'Accord commercial Canada-États-Unis-Mexique, appelé ACEUM, a été négocié sous la première administration Trump. L'accord commercial continental doit être révisé l'année prochaine, mais Donald Trump a clairement indiqué qu'il n'avait pas l'intention de respecter ce calendrier.
L'ancien ambassadeur des États-Unis au Canada, Gordon Giffin, a soutenu que le plus important pour Mark Carney serait d'asseoir sa crédibilité et sa confiance. M. Giffin a relayé le vieil adage selon lequel il n'y a qu'une seule occasion de faire bonne impression.
«Je pense que le nouveau premier ministre Mark Carney a l'occasion de s'imposer comme un pair et un égal — en tant que dirigeant souverain de notre voisin — dès sa première rencontre avec le président Trump», a expliqué M. Giffin, qui a servi sous l'ancien président Bill Clinton.
Donald Trump a décrit Mark Carney comme un «homme très sympathique» et des membres de son administration l'ont décrit comme une personne sérieuse. Bien que certains éléments indiquent que Donald Trump adopte une approche différente envers Mark Carney qu'avec Justin Trudeau, la pression sur le premier ministre Carney reste forte, tant au Canada qu'aux États-Unis.
Gordon Giffin a qualifié cela de syndrome de Boucle d'or : certains ne veulent pas que Mark Carney soit trop chaud, d'autres pas trop froid. Tout le monde souhaite qu'il soit parfait.
M. Giffin a expliqué qu'il conseillerait à l'équipe de Mark Carney de se présenter aux réunions avec trois points à discuter. Il a suggéré à Mark Carney de montrer comment Ottawa atteindra ses objectifs de dépenses en matière de défense, de prendre d'autres mesures pour renforcer la sécurité aux frontières et de contrer toute tentative de la Chine de «dumping» de produits au Canada.
Ces points figurent parmi les plaintes répétées de Donald Trump à l'égard du Canada, mais les experts affirment que certains signes montrent qu'il accorde toujours de l'importance à l'ACEUM.
Lorsque Donald Trump a lancé sa guerre commerciale à l'échelle mondiale avec des droits de douane «réciproques» début avril, le Canada et le Mexique n'étaient pas inclus. Il a également prévu des exceptions partielles dans ses droits de douane automobiles pour les véhicules conformes à l'ACEUM.
Donald Trump aime à dire que les autres pays n'ont pas les cartes en main, mais M. Giffin a affirmé que «le Canada a bel et bien des cartes en main».
«Peu importe ce que dit le président Trump, nous avons besoin de l'énergie canadienne, nous avons besoin du pétrole lourd canadien.»
Kelly Geraldine Malone, La Presse Canadienne