Mark Carney s'adressera à l'Assemblée des Premières Nations réunie à Ottawa

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Par La Presse Canadienne, 2025
OTTAWA — Le premier ministre Mark Carney s'adressera mardi à des centaines de chefs des Premières Nations réunis à Ottawa pour la réunion de décembre de l'Assemblée des Premières Nations (APN).
Cette rencontre pourrait être un moment tendu, survenant quelques jours seulement après la signature par Ottawa d'un protocole d'entente sur un oléoduc avec l'Alberta. Une entente que certains dirigeants des Premières Nations ont condamnée en raison du manque de consultation et des risques environnementaux.
«Le Canada se trouve à la croisée des chemins dans ses relations avec les Premières Nations», a indiqué Cindy Woodhouse Nepinak, cheffe nationale de l'Assemblée des Premières Nations, à La Presse Canadienne.
«Nos droits sont menacés de nouvelles façons, mais nous n'avons pas peur. Bien au contraire. Les Premières Nations de partout au pays sont plus fortes que jamais», a-t-elle souligné.
Traditionnellement, les premiers ministres et leurs cabinets assistent à la réunion de décembre pour sonder l'opinion des dirigeants des Premières Nations et prendre en compte les questions et les critiques des chefs locaux.
M. Carney a déjà participé à un événement similaire en juillet, lorsqu'il a reçu des chefs à Gatineau pour discuter du projet de loi controversé de son gouvernement sur les grands projets.
Mme Woodhouse Nepinak a dit que M. Carney aurait intérêt à se présenter à la réunion avec des engagements fermes envers les chefs, notamment concernant la loi sur l'eau potable, qui a été abandonnée à la suite du déclenchement des élections fédérales plus tôt cette année.
Parmi les membres les plus importants du cabinet de Mark Carney, certains s'adresseront aux chefs au cours de cette rencontre de trois jours: la ministre des Relations Couronne-Autochtones, Rebecca Alty, le ministre des Finances, François-Philippe Champagne, la ministre des Services aux Autochtones, Mandy Gull-Masty, le ministre de la Défense nationale, David McGuinty, ainsi que le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles, Tim Hodgson.
M. Hodgson s'est retrouvé dans une situation délicate la semaine passée après avoir minimisé les préoccupations des Premières Nations côtières quant à l'absence de consultation préalable avec l'Alberta avant la signature du protocole d'entente sur l'oléoduc.
«Ça s'appelle Zoom», a ironisé M. Hodgson à l'émission «Power and Politics» de CBC, lorsqu'on l'a interrogé sur l'impossibilité pour la présidente des Premières Nations côtières, Marilyn Slett, de se rendre à Vancouver à court préavis pour une réunion.
Il s'est excusé pour ses propos, reconnaissant dans une publication sur les médias sociaux qu'il s'agissait d'un «mauvais choix de mots» et proposant de rencontrer les Premières Nations «à leur convenance».
Depuis des mois, les dirigeants des Premières Nations critiquent l'approche du gouvernement Carney à leur égard, affirmant que ses actions marquent un changement majeur dans le ton des relations instauré par l'ancien premier ministre Justin Trudeau.
Ils accusent son gouvernement d'avoir introduit des projets de loi les concernant sans leur consentement ni leur collaboration, dans le cadre de sa volonté de remodeler l'économie en réponse à la guerre commerciale menée par le président américain Donald Trump.
Mme Woodhouse Nepinak a reconnu que «le Canada traverse une période difficile», mais a insisté sur le fait que Mark Carney n'obtiendra pas les gains économiques escomptés en excluant les Premières Nations des discussions.
«Le Canada peut créer tous les protocoles d'entente, bureaux de projets et groupes consultatifs qu'il souhaite, mais les chefs seront unis – et le sont déjà – lorsqu'il s'agit d'approuver des projets sur les terres des Premières Nations, a-t-elle exprimé. Il n'y aura pas moyen de contourner les détenteurs de droits.»
L’assemblée de trois jours, au cours de laquelle les chefs adoptent des résolutions que le comité exécutif de l’APN s’efforce ensuite de mettre en œuvre, portera également sur les modifications à la Loi sur les Indiens et aux critères d’admissibilité au statut de membre des Premières Nations, le bien-être des enfants des Premières Nations et le déficit croissant d’infrastructures.
Alessia Passafiume, La Presse Canadienne