Médecin spécialiste, la fille du ministre Carmant envisage de quitter le Québec

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Par La Presse Canadienne, 2025
QUÉBEC — La fille du ministre Lionel Carmant, qui est médecin spécialiste, envisage de quitter le Québec en raison de la loi 2 du gouvernement caquiste qui lie une partie de la rémunération des médecins à des indicateurs de performance et qui a été adoptée sous bâillon samedi.
«Si le gouvernement ne me permet pas de pratiquer librement, je n’aurai malheureusement d’autre choix que de partir pour une autre province et plusieurs collègues, tout aussi attachés au Québec, mais attirés par de meilleures conditions, en sont au même point», a écrit Laurence Carmant dans une lettre publiée dans «Le Devoir» mercredi.
La Dre Carmant est «surspécialisée en médecine fœto-maternelle, avec une expertise en thérapie fœtale, c’est-à-dire pour soigner in utero les bébés malades».
Elle a passé les trois dernières années à Toronto pour acquérir cette expertise. «On m’a offert d’y rester pour une carrière universitaire, plus de ressources et un meilleur revenu. J’ai décliné par amour pour ma province», ajoute-t-elle.
Laurence Carmant dit toutefois constater à «quel point notre système est brisé».
«À Toronto, un avant-midi de procédures diagnostiques (amniocentèses, biopsies choriales) me permettait de voir huit à douze patientes; au Québec, on m’indique que je ne peux en voir que trois dans le même laps de temps. Même médecin, même motivation, mêmes compétences: ma productivité chute de 75 %», écrit la jeune médecin spécialiste.
«Le ministre de la Santé, Christian Dubé, semble attribuer aux médecins le manque de productivité observé au Québec. (...) Plutôt que de blâmer les individus, ce qui est certes plus facile, ayons une véritable réflexion de société et repensons le système de santé dans son ensemble», ajoute Laurence Carmant.
Elle assure ne pas demander d’augmentation salariale, mais plutôt constater «que les pénalités individuelles de productivité, souvent causées par un système brisé, ne sont probablement pas la bonne solution».
«Monsieur Dubé, nous vous demandons sincèrement de vous asseoir, d’examiner notre système en profondeur et de l’optimiser avant de pénaliser celles et ceux qui veulent simplement travailler», écrit-elle pour conclure sa lettre.
Mardi, le ministre des Services sociaux et neuropédiatre, Lionel Carmant, a admis que sa fille et sa femme – qui est également médecin – étaient «fâchées» en raison de la loi de son collègue à la Santé, Christian Dubé.
«Ce n’est pas facile à la maison. (...) C’est sûr que ça m’affecte de voir des gens que j’aime fâchés», a-t-il dit alors.
Thomas Laberge, La Presse Canadienne