Moe se refuse encore à demander une aide militaire pour lutter contre les feux


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Par La Presse Canadienne, 2024
RÉGINA — Alors que les feux de forêt ravagent des bâtiments et forcent des milliers de personnes à quitter leur domicile en Saskatchewan, l'opposition néo-démocrate exhorte le premier ministre Scott Moe à demander l'aide de l'armée canadienne.
La cheffe du Nouveau Parti démocratique (NPD) de la Saskatchewan, Carla Beck, a écrit à M. Moe jeudi qu'elle se demandait ce qu'attendait le premier ministre.
«Toutes les ressources disponibles dans notre pays doivent être déployées pour lutter contre ces incendies. Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser de l'aide sur la table, a écrit Mme Beck. Je me souviens encore des feux de forêt de 2015 et de la décision du premier ministre de l'époque, Brad Wall, de faire appel à l'armée et de demander une intervention nationale coordonnée.»
Scott Moe n'a pas exclu de demander l'aide fédérale, mais a déclaré que la Saskatchewan n'avait pas besoin de l'aide d'Ottawa. La Saskatchewan reçoit actuellement l'aide des pompiers d'autres provinces et des États-Unis pour lutter contre 25 incendies actifs.
Les responsables provinciaux des incendies affirment que les capacités des pompiers fédéraux sont limitées et qu'ils ne sont appelés à intervenir que pour combattre les incendies maîtrisés.
La province estime que 400 structures ont brûlé.
Steve Roberts, de l'Agence de la sécurité publique de la Saskatchewan, a déclaré qu'il n'y avait pas eu beaucoup de pluie depuis un mois et que la pluie était nécessaire.
«La météo continue d'être problématique, a déclaré M. Roberts lors d'une conférence de presse en ligne, jeudi. La pluie sera un tournant important pour ces incendies, mais d'ici là, nous sommes déterminés à faire de notre mieux.»
Plus de 30 000 personnes en Saskatchewan et au Manitoba ont été contraintes de fuir leur domicile en raison des nombreux incendies de forêt qui ont ravagé la région ces derniers jours, dont plus de 18 000 au Manitoba seulement.
Le premier ministre du Manitoba, Wab Kinew, a déjà demandé l'aide de l'armée canadienne et reçoit actuellement cette aide.
Des évacuations
La fumée des feux de forêt des Prairies s'est propagée jusqu'à Terre-Neuve-et-Labrador, à l'est, et jusqu'en Floride, au sud, ces derniers jours, ce qui a déclenché des alertes sanitaires dans certaines régions.
Les principales zones d'évacuation se situent à La Ronge et dans ses environs, en Saskatchewan, où 7000 personnes ont été contraintes de partir, ainsi qu'à Flin Flon, au Manitoba, où les 5000 habitants de la ville et un millier d'autres des environs ont dû quitter le secteur.
Les incendies ont également déplacé environ 6700 personnes dans la nation crie de Pimicikamak, dans le centre-nord du Manitoba.
Le chef de la nation de Pimicikamak, David Monias, a déclaré qu'une aide supplémentaire était en cours d'acheminement vers sa communauté après s'être joint à d'autres dirigeants des Premières Nations pour réclamer du matériel et des ressources adéquats.
M. Monias a indiqué dans une publication sur les réseaux sociaux jeudi matin qu'une équipe de 30 à 35 pompiers spécialisés en incendie de bâtiments, ainsi que six autopompes, des camions-citernes et des équipes de commandement, étaient déployés dans la communauté.
Le Manitoba compte 27 feux de forêt actifs, dont un tiers sont hors de contrôle. Les autorités provinciales ont déclaré que les conditions météorologiques et les pompiers du Manitoba et d'ailleurs empêchent les incendies de ravager les municipalités pour le moment.
«Les conditions météorologiques des derniers jours nous ont permis de progresser considérablement dans la lutte contre ces incendies», a assuré Kristin Hayward, du Service des incendies de forêt du Manitoba.
«Nous avons connu des températures plus fraîches, un taux d'humidité légèrement plus élevé et des vents généralement faibles à modérés. Nous nous attendons à ce que cette tendance générale se poursuive.»
Mme Hayward a indiqué qu'il pourrait également pleuvoir pendant la fin de semaine, mais pas suffisamment pour éteindre les flammes.
Les deux provinces ont déclaré l'état d'urgence la semaine dernière afin de permettre aux différents ordres de gouvernement de coordonner leurs ressources et leur soutien.
Pendant ce temps, dans le nord de l'Alberta, jeudi, les quelque 1300 habitants de la ville de Swan Hills ont été autorisés à rentrer chez eux environ une semaine après avoir fui un incendie de forêt.
Mais à environ 340 kilomètres à l'ouest, dans le comté de Grande Prairie, les habitants ont reçu l'ordre de quitter les lieux.
Liam Buchart, spécialiste des conditions météorologiques propices aux incendies à Ressources naturelles Canada, affirme que les incendies de forêt dans les Prairies se sont intensifiés plus rapidement que d'habitude cette semaine.
«La deuxième moitié de mai s'est asséchée légèrement plus tôt que d'habitude dans une grande partie des Prairies, a-t-il relevé. Nous en sommes à notre deuxième plus grande superficie brûlée à cette période de l'année depuis au moins dix ans.»
Il a précisé que la seule fois où une plus grande superficie a brûlé à cette période de l'année au cours de la dernière décennie, c'était en 2023.
«2023 a été une année record», a-t-il insisté.
— Avec des informations de Brittany Hobson, à Winnipeg, et de Fakiha Baig, à Edmonton
Jeremy Simes, La Presse Canadienne