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Nouvelle-Écosse: un an après Fiona, les pannes d'électricité persistent

durée 08h39
22 septembre 2023
La Presse Canadienne, 2023
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2023

HALIFAX — Vaughn Mullen est las des promesses d'amélioration de la Nova Scotia Power, tandis que la saison des ouragans, à l'automne, entraîne de longues pannes de courant qui, selon lui, pourraient être évitées.

L'homme de 73 ans dit qu'il s'attend désormais à ce que les lumières de sa maison rurale s'éteignent lors de tempêtes majeures, malgré les pressions en faveur du changement après la tempête post-tropicale Fiona qui a balayé la Nouvelle-Écosse il y a un an, causant 114,5 millions $ en dommages au système électrique de la province.

«Qu'il s'agisse d'élagage d'arbres, d'entretien de poteaux ou quoi que ce soit d'autre que la Nova Scotia Power est censée faire, cela ne semble pas fonctionner», a déclaré M. Mullen lundi depuis Brooklyn, en Nouvelle-Écosse, deux jours après avoir de nouveau perdu l'électricité pendant la tempête tropicale Lee.

Chez lui, sur la rive sud de la Nouvelle-Écosse, M. Mullen ne compte pas sur les services publics pour faire de grands progrès. «Des gens comme moi ont accepté l'inévitable et ont acheté des génératrices pour faire face à ce problème», a-t-il témoigné.

Lorsque Fiona a frappé tôt le 24 septembre 2022, elle a détruit 3073 fils électriques, cassé 2700 poteaux et endommagé 44 lignes de transmission en Nouvelle-Écosse, ce qui a incité le service public à renforcer son réseau.

Plus tôt cette année, la Nova Scotia Power a été condamnée verser à une amende de 750 000 $ pour ne pas avoir respecté les normes de performance en matière de fiabilité du système en 2022, et elle fait face à une audience réglementaire sur la part du coût des dommages causés par Fiona qu'elle peut passer aux contribuables.

«Je pense que (la Nova Scotia Power) doit accélérer sa réponse», estime Darlene Norman, mairesse de la municipalité de la région de Queens, lors d'une récente entrevue depuis Liverpool, en Nouvelle-Écosse.

Elle croit que le service public devrait travailler plus rapidement à la protection des lignes électriques sur les terres où il a le droit de couper des arbres. Mais les habitants doivent également accepter que «certains de ces beaux vieux arbres» qui menacent les lignes sur les terrains privés soient abattus.

Le service public a tenu une conférence de presse en août pour souligner ses progrès depuis Fiona, notant que son budget d'abattage d'arbres aura doublé pour atteindre 45 millions $ d'ici l'année prochaine.

Matt Drover, directeur de la fourniture d'énergie, affirme que la Nova Scotia Power installe des poteaux plus grands et plus solides, capables de mieux résister à la chute des arbres, ainsi que des isolants plus résistants aux vents violents.

Selon la Commission des services publics et de révision de la Nouvelle-Écosse, la norme de performance en cas d'événements extrêmes est de rétablir le courant pour 78 % des clients sur une période de deux jours.

M. Drover a fait valoir lundi que 98 % des clients avaient retrouvé le courant dans les deux jours suivant Lee.

L'enfouissement comme solution

Pour certaines petites entreprises, la solution à long terme réside dans des initiatives plus ambitieuses, comme l’enfouissement des lignes électriques dans les nouveaux lotissements.

Tammy Flynn, propriétaire de la boutique de cadeaux Coconut Creek dans la zone commerçante de Dartmouth Crossing, où les lignes électriques sont souterraines, a dit mardi en entrevue que les lumières de sa boutique étaient restées allumées lors du passage de Fiona et de Lee.

«Avec le système souterrain, je n'ai pas à me soucier de mon équipement (...) et je n'ai pas à craindre de fermer mon magasin pendant de longues périodes», a-t-elle ajouté.

Larry Hughes, professeur de génie électrique et informatique à l'Université Dalhousie, souligne toutefois que l'enfouissement des lignes pose des problèmes, notamment des coûts qui peuvent être dix fois plus élevés que ceux des lignes aériennes.

«Les câbles doivent être posés dans des conduits pour les protéger de l'eau; les courts-circuits peuvent être difficiles à isoler, bien que des transformateurs de distribution intelligents puissent aider», a-t-il écrit dans un courriel. Et même si le système de distribution local est protégé, a-t-il ajouté, cela n'aidera pas si le réseau de transport plus vaste tombe en panne.

Il a suggéré que la «voie médiane» consistant à dépenser d'abord massivement pour l'élagage des arbres, de meilleurs poteaux et des transformateurs plus résistants pourrait être une solution provisoire.

Shawn Cleary, un conseiller municipal d'Halifax dont le district comprend des lignes électriques enterrées, a déclaré que les gouvernements municipaux n'ont actuellement aucune autorité juridique pour forcer les services publics à payer pour l'enfouissement des lignes électriques.

Dans les nouveaux lotissements, a-t-il indiqué, il pourrait être possible de modifier les règlements sur l'utilisation des terres afin que les promoteurs soient obligés d'enterrer les lignes. Mais «il y aurait des réticences» de la part des promoteurs, a-t-il ajouté, et cela pourrait faire grimper les prix de l'immobilier en période de crise immobilière.

Le statu quo n'est pas une option

Pourtant, un an après Fiona, la pression sur les services publics et les gouvernements pour améliorer la fiabilité du réseau électrique s’accroît.

Depuis avril, la législation provinciale autorise des amendes allant jusqu'à 25 millions $ par an si la Nova Scotia Power ne respecte pas les normes de performance, au lieu de la limite antérieure d'un million $.

De plus, la commission des services publics se prononcera l'année prochaine sur la façon dont les coûts engagés par Nova Scotia Power pendant Fiona seront répartis entre les contribuables et le service public, car elle déterminera «si les coûts étaient raisonnables et prudemment engagés».

Nelson Blackburn, un avocat qui représente les contribuables des petites entreprises, a déclaré dans un courriel qu'il ne savait pas s'il existait «une solution claire et universelle (...) mais ce qui est clair, c'est que le statu quo n'est pas suffisant».

«Le réseau doit être amélioré pour faire face au changement climatique dans lequel nous nous trouvons, en gardant à l'esprit le souci d'abordabilité et la nécessité de passer à un avenir sans carbone», a-t-il avancé.

Michael Tutton, La Presse Canadienne