Ottawa pourrait pérenniser l'usage de «Rideau Cottage» pour loger le premier ministre
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Par La Presse Canadienne, 2024
OTTAWA — Transformer «Rideau Cottage» en résidence permanente du premier ministre du Canada exigerait de créer des bureaux pour le personnel et d'autres commodités résidentielles, indique un document interne du gouvernement.
Le premier ministre Justin Trudeau réside dans cette demeure située sur les terrains de «Rideau Hall», résidence de la gouverneure générale, depuis son entrée en fonction à Ottawa en 2015.
Pérenniser cette situation constitue l'un des trois scénarios envisagés par le gouvernement alors que la résidence traditionnelle des premiers ministres du Canada, au 24, promenade Sussex, est en piteux état après des décennies de négligence.
La saga sur la suite des choses pour la résidence officielle du premier ministre se déroule alors que les libéraux tentent d'apaiser les inquiétudes des Canadiens concernant le coût de la vie et la crise du logement, et qu'ils sont critiqués par les conservateurs pour leurs dépenses.
Au cabinet du ministre de l'Approvisionnement, Jean-Yves Duclos, un porte-parole rappelle l'«obligation de préserver les monuments d'importance nationale» et assure que la décision concernant l'avenir du «24 Sussex» ne sera pas prise «à la légère».
Cette décision est effectivement attendue depuis des années.
Les trois options envisagées comprennent «l'établissement de Rideau Cottage comme résidence permanente» du premier ministre, selon une note d'information qualifiée de «secrète», et fortement caviardée, préparée en mai dernier pour le personnel du Bureau du Conseil privé — le «ministère du premier ministre».
«Dans le cadre de cette option, la (Commission de la capitale nationale) investirait pour combler le manque d'infrastructures résidentielles: cuisine, buanderie, garage et bureaux du personnel», indique la note d'information.
L'état du «24 Sussex» a poussé M. Trudeau et sa famille à choisir «Rideau Cottage» lorsqu'il a été élu en 2015, plutôt que la résidence officielle où il avait vécu enfant lorsque son père, Pierre Elliott Trudeau, était premier ministre.
La Commission de la capitale nationale a refusé de dire si des rénovations avaient été effectuées pour remédier au manque d'infrastructures à «Rideau Cottage».
Reconstruire le 24 Sussex, ou ailleurs
Une autre option envisagée par le gouvernement fédéral consiste à refaire complètement le «24 Sussex». Il faudrait alors construire une nouvelle «installation moderne avec des éléments patrimoniaux limités», comme la façade en pierre du bâtiment, selon la note d'information.
Un rapport de 2021 de la Commission de la capitale nationale sur l'état de ses actifs indiquait qu'il y avait 36 millions $ de travaux d'entretien différés à terminer au «24 Sussex», sans compter la sécurité ou d'autres mises à niveau des infrastructures.
La nouvelle note d'information indique qu'en troisième scénario, on envisage de construire une toute nouvelle résidence officielle dans le quartier chic de Rockcliffe Park, à Ottawa. On lorgne un terrain de stationnement qui appartient déjà à la Commission de la capitale nationale.
Le cabinet du ministre Duclos a indiqué qu'il discutait des différentes options avec la Commission et les intervenants. «Sachant qu'aucun investissement significatif n'a été réalisé depuis plus de 60 ans, ce travail ambitieux est en cours», a indiqué le porte-parole. On tentera de trouver un «équilibre entre les besoins en matière de sécurité et l'accessibilité universelle, la préservation du caractère historique et les aspects de durabilité environnementale».
M. Trudeau lui-même a admis dans une entrevue en 2018 qu’aucun premier ministre ne voulait oser dépenser un sou de l’argent des contribuables dans ce dossier.
La porte-parole de la Commission de la capitale nationale, Valérie Dufour, affirme que la CCN attend que le gouvernement prenne une décision concernant le «24 Sussex». Pendant ce temps, des ouvriers travaillent dans le bâtiment, qui a fermé ses portes fin 2022 pour répondre à des problèmes de santé et de sécurité.
«Nous avons enlevé tout le plâtre et les cloisons sèches de la résidence, ne laissant que la charpente, car il y avait des 'substances désignées' comme de l'amiante et de la peinture au plomb», a précisé Mme Dufour vendredi.
«Auparavant, des éléments patrimoniaux, comme les portes et les moulures, avaient été soigneusement retirés, catalogués et entreposés en vue d'une éventuelle réintégration.»
La Commission maintient que ces travaux doivent être effectués quelle que soit la décision prise concernant le bâtiment.
Stephanie Taylor, La Presse Canadienne