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Ottawa rappelle son soutien ferme envers l'Ukraine avant le sommet Trump-Poutine

durée 05h40
15 août 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

OTTAWA — Le gouvernement du premier ministre Mark Carney affirme que le soutien du Canada à l'Ukraine est ferme avant les discussions qui auront lieu vendredi entre le président américain, Donald Trump, et le président russe, Vladimir Poutine.

M. Trump a organisé les pourparlers à Anchorage, en Alaska, afin de discuter d'un éventuel échange de territoires entre les territoires détenus par l'Ukraine et ceux revendiqués par la Russie, même si Kyiv n'est pas incluse dans les discussions.

Le Kremlin a annoncé que les pourparlers débuteraient ce matin à 11 h 30, heure locale, soit 15 h 30, heure de Montréal.

Le conseiller en politique étrangère de Vladimir Poutine, Iouri Ouchakov, a déclaré aux journalistes que les deux présidents s'entretiendraient d'abord en tête-à-tête, suivi d'une réunion entre les deux délégations. Les discussions se poursuivront ensuite autour d'un «petit-déjeuner de travail».

Une conférence de presse conjointe suivra, a déclaré M. Ouchakov, bien que Donald Trump ait par la suite affirmé qu'aucune décision n'avait été prise concernant la tenue d'une conférence de presse avec Vladimir Poutine. Le dirigeant américain a déclaré jeudi qu'il y avait 25 % de chances que le sommet de vendredi échoue, mais il a également évoqué l'idée qu'en cas de succès, il pourrait inviter le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, en Alaska pour une réunion tripartite ultérieure.

Le président des États-Unis a mis en garde mercredi contre des «conséquences très graves» pour la Russie si le président Poutine n'acceptait pas de mettre fin à son invasion de l'Ukraine après la réunion du jour, et a également prévenu jeudi qu'il pourrait être disposé à rester en Alaska au-delà de vendredi, en fonction de l'évolution de la situation avec le dirigeant russe.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a atténué les espoirs d'avancées lors du sommet de vendredi, affirmant qu'il n'était pas prévu de signer de documents et que ce serait une «grave erreur» de prédire l'issue des négociations, selon l'agence de presse russe Interfax. Tant Volodymyr Zelensky que les Européens craignent que le sommet bilatéral américano-russe ne les laisse de côté, eux et leurs intérêts, et que toute conclusion ne favorise Moscou et ne mette en péril la sécurité future de l'Ukraine et de l'Europe en encourageant la Russie à poursuivre ses invasions.

Le premier ministre Mark Carney a participé mercredi à des discussions avec les dirigeants européens et s'est entretenu directement avec le président ukrainien lundi. Il a rappelé que les partenaires du Canada sont «unis sur des principes communs», notamment que les Ukrainiens doivent décider de leur propre avenir.

«Les efforts diplomatiques doivent être renforcés par une pression continue sur la Russie pour qu’elle mette fin à son agression», a écrit M. Carney lundi sur les réseaux sociaux. Dans un compte-rendu de la discussion, il a ajouté saluer «le leadership exercé par le président Trump et les États-Unis pour assurer la paix en Ukraine dans le contexte des négociations à venir.»

La ministre des Affaires étrangères, Anita Anand, s'est entretenue jeudi avec son homologue ukrainien. Par la suite, elle a déclaré que les frontières ne peuvent être modifiées par la violence et que le soutien du Canada à l'Ukraine est indéfectible.

Les analystes affirment que la solidarité occidentale avec l'Ukraine est cruciale, car Vladimir Poutine cherche à briser la détermination dont les membres de l'OTAN ont fait preuve.

Eitvydas Bajarunas, ancien ambassadeur de Lituanie en Russie, a déclaré jeudi lors d'une table ronde en ligne que la meilleure chose que des pays comme le Canada puissent faire est de faire preuve d'un engagement indéfectible, car Moscou parie sur la scission de ses alliés occidentaux.

«Poutine a compris que sa force réside dans sa capacité à déjouer l'Occident, à le déjouer, à attendre que l'Occident commence à s'effondrer», a soutenu M. Bajarunas au centre de réflexion Center for European Policy Analysis. «L'un des objectifs de Poutine est sans aucun doute de semer la zizanie dans les relations américano-européennes et d'utiliser toutes les méthodes, y compris la guerre hybride et la désinformation, pour manipuler l'opinion publique.»

Olga Tokariuk, membre de ce groupe de réflexion basée à Kyiv, a déclaré au panel que le scénario optimal pour l'Ukraine serait que Moscou et Washington ne parviennent pas à un accord vendredi, «si l'Ukraine ne subit aucune pression pour faire des concessions territoriales».

Mieux encore, pour l'Ukraine, de nouvelles sanctions américaines contre la Russie seraient envisageables, si Donald Trump estime que Vladimir Poutine tente de gagner du temps, a-t-elle dit.

«Cette guerre n'est pas pour les territoires de l'Ukraine. La Russie possède de vastes territoires, a soutenu la membre du groupe de réflexion. Cette guerre vise à détruire l'Ukraine en tant qu'État souverain et indépendant, en tant qu'État aligné sur l'Occident, en tant que démocratie.»

Ces derniers jours, le président russe a élargi le champ des discussions, en incluant des thèmes tels que le contrôle des armes nucléaires et «les conditions d'une paix durable entre nos pays, en Europe et dans le monde entier».

Jason Israel, ancien conseiller au Conseil de sécurité nationale des États-Unis, a déclaré que Moscou tente de présenter la Russie et les États-Unis comme des pays influents ayant rétabli leurs relations après des années de froid diplomatique. Il a prévenu le panel que, si un accord sur l'Ukraine était conclu vendredi, tel qu'un cessez-le-feu, la manière dont il serait mis en œuvre restait incertaine, les dirigeants européens n'étant pas présents à la table des négociations et n'ayant pas consenti à sa mise en œuvre effective.

Kyiv insiste depuis longtemps sur le fait que les garanties contre de futures attaques russes fournies par ses alliés occidentaux seraient une condition préalable à une cessation durable des combats. Pourtant, de nombreux gouvernements occidentaux hésitent à engager du personnel militaire.

Les pays de la coalition, dont la France et le Royaume-Uni, tentent depuis des mois d'obtenir le soutien des États-Unis en matière de sécurité, si nécessaire.

— Avec des informations de l'Associated Press.

Dylan Robertson, La Presse Canadienne