Nous joindre
X
Rechercher
Publicité

Percée à McGill dans le traitement des leucodystrophies

durée 06h00
13 septembre 2023
La Presse Canadienne, 2023
durée

Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2023

MONTRÉAL — Une équipe de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill a mis au point le premier modèle animal de la leucodystrophie 4H, une forme commune de ces maladies neurodégénératives mortelles et pour le moment incurables qui touchent environ un enfant sur 4700.

Ce premier modèle animal devrait notamment aider les chercheurs à mieux comprendre les leucodystrophies et leur permettre de tester différentes thérapies.

«Ça prenait absolument un modèle animal pour aider au développement de thérapies, a dit l'auteure de l'étude, la docteure Geneviève Bernard, une sommité mondiale en ce qui concerne les leucodystrophies. Et on a déjà commencé à tester des thérapies géniques.»

Les leucodystrophies attaquent la myéline, une sorte de «gaine isolante» qui entoure et protège les cellules cérébrales ou les neurones et qui contribue à la communication entre les cellules.

Les chercheurs ont réussi à recréer dans un modèle de souris la mutation POLR3B, qui cause environ la moitié des cas de leucodystrophie 4H. Ce gène avait d'ailleurs été identifié par la docteure Bernard et son équipe en 2011.

La leucodystrophie 4H est diagnostiquée après la naissance de l'enfant et peut entraîner de multiples problèmes de santé, allant des troubles moteurs ou d'équilibre jusqu'à l'absence de puberté et un décès précoce.

Il a fallu des années d'efforts, et d'innombrables tentatives, avant que la docteure Bernard et ses collègues ne réussissent à finalement développer un modèle animal de la maladie.

Jusqu'à ce moment, a-t-elle dit, «c'était tout ou rien»: ou bien la souris qui avait été modifiée génétiquement n'était pas malade, ou bien elle ne survivait pas à la grossesse.

«On s'est intéressés au cerveau (...) et maintenant c'est nous qui décidons du moment de l'apparition de l'erreur (génétique), a expliqué la docteure Bernard. Ça nous permet d'avoir une souris qui est malade, et aussi d'éviter que la souris meure. Et on veut qu'elle soit malade pour pouvoir la traiter.»

Alors que les bébés humains naissent avec la leucodystrophie, a-t-elle précisé, la maladie est plutôt activée après la naissance des petites souris.

Ces souris ont déjà permis aux chercheurs de commencer à traiter différentes stratégies, notamment celle qui consiste à envoyer un virus corriger l'erreur génétique et qui a déjà été utilisée avec succès pour soigner d'autres problèmes de santé.

«Je pense que c'est l'option thérapeutique qui a le plus de chances de fonctionner», a confié la docteure Bernard.

Une cinquantaine de types différents de leucodystrophie ont été décrits jusqu'à présent, mais plusieurs formes de la maladie demeurent indéterminées et environ 25 % des familles attendent un diagnostic.

«C'est vraiment un privilège de s'occuper de ces patients-là et de leurs familles, a conclu la docteure Bernard. Les enfants sont tellement résilients... On a tendance à toujours vouloir plus, plus, plus! Eux, ils ont ce qu'ils ont et ils font avec. C'est ça leur vie. On apprend des choses en les côtoyant et on devient une meilleure personne.»

Collectivement, les maladies rares touchent environ trois millions de personnes au Canada et quelque 500 000 au Québec.

Les conclusions de cette étude ont été publiées par le journal médical Brain.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne

app-store-badge google-play-badge