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Perdre du poids en milieu de vie réduit le risque de certaines maladies

durée 11h33
30 mai 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Les individus en surpoids ou obèses qui atteignent une perte de poids relativement modeste en milieu de vie réduisent leur risque de souffrir de certains problèmes de santé au cours des années suivantes, montre une nouvelle étude finlandaise.

Les chercheurs ont ainsi constaté un risque moindre de crise cardiaque, d'accident vasculaire cérébral, de cancer, d'asthme et de maladie pulmonaire comme une bronchopneumopathie chronique obstructive chez les individus qui avaient perdu environ 6,5 % de leur masse corporelle sans chirurgie et sans médication.

«Ça corrobore un peu ce qu'on connaissait, a commenté Pascal Imbeault, qui est professeur titulaire à l'École des sciences de l’activité physique de l'Université d’Ottawa. Lorsqu'on présente un surpoids, tenter de revenir à un poids un peu plus santé, ça nous donne plus d'années de vie dans le compteur de notre automobile.»

La nouvelle étude a porté sur quelque 23 000 personnes qui ont participé à trois études de cohorte depuis le milieu des années 1960.

Les participants ont été regroupés en fonction de leur indice de masse corporelle (IMC) au début de l'étude, puis les chercheurs ont vérifié s'ils avaient pris du poids, s'ils en avaient perdu ou si leur poids s'était maintenu. Ils ont enfin consulté les dossiers médicaux et les registres de décès.

Les auteurs ont constaté que les individus qui avaient perdu du poids étaient ensuite moins susceptibles d'être victimes de problèmes de santé graves. Ils étaient aussi moins susceptibles de mourir au cours des 35 années suivantes, toutes causes de décès confondues.

Tous les participants qui ont perdu du poids l'ont fait de manière «naturelle», en modifiant leurs habitudes de vie, et sans avoir recours à la chirurgie ou à la médication.

La perte de poids moyenne observée a été de 6,5 %, ce qui représente environ cinq kilos pour un individu qui en pèse 80 (12 livres pour un individu de 180 livres). Il s'agit d'une perte de poids «modeste», estiment les auteurs de l'étude, quand on la compare à la perte de poids de 20 % ou 25 % qui survient habituellement après une intervention chirurgicale ou pharmacologique.

Malgré cela, écrivent-ils, «nos résultats mettent en évidence des bénéfices cliniques significatifs à long terme pour la santé de la population générale».

La popularité des molécules actuellement disponibles sur le marché et qui induisent des pertes de poids beaucoup plus importantes est indéniable, a dit le professeur Imbeault. Mais face à cette popularité, «il ne faut pas oublier notre bonne vieille méthode, avec l'exercice physique et l'alimentation, qui demeure intéressante».

«Je ne suis pas en train de dire que c'est facile de manger mieux et de bouger plus, mais ça fonctionne autant qu'une médication, a-t-il rappelé. En tant que professionnel de la santé qui favorise l'adoption de meilleurs comportements, il est très difficile de compétitionner avec une petite pilule que l'on prend quotidiennement.»

Il ne faut toutefois pas perdre de vue que ces molécules n'ont pas que des avantages. Non seulement faut-il les prendre pour le reste de nos jours, mais on commence à percevoir des signaux qu'elles pourraient par exemple avoir un impact sur la santé mentale, ou encore entraîner une perte musculaire ou une diminution de la densité osseuse.

«Ça vient avec des désavantages que l'activité physique ou la bonne alimentation n'ont pas, a dit le professeur Imbeault. Et c'est ce que je demande à mes participants: voulez-vous une meilleure alimentation et un meilleur exercice physique, qui n'est reconnu pour avoir aucun symptôme négatif, versus une médication qui est très efficace, mais qui peut entraîner des problèmes qu'on ignore encore.»

Cela étant dit, perdre du poids n'est pas une obligation pour tout le monde, a rappelé le professeur Imbeault.

«Si vous cognez à ma porte et que vous avez bilan médical tout à fait approprié malgré certaines petites rondeurs, je ne vous inviterai pas nécessairement à perdre du poids», a-t-il dit.

D'autant plus, ajoute le professeur Imbeault, que les individus qui perdent du poids auront souvent tendance à le reprendre, et même à reprendre plus que ce qu'ils ont perdu. Des recommandations publiées plus tôt cette année fournissent d'ailleurs aux professionnels de la santé des critères bien précis avant d'entreprendre une démarche de perte de poids avec un patient.

Cela étant dit, un poids santé est «toujours un investissement à long terme pour notre santé», a-t-il rappelé, surtout que la perte de poids d'environ 6 % rapportée dans cette étude est moindre «que ce que les gens pensent qu'ils doivent perdre pour avoir un bénéfice intéressant au niveau leur santé».

«Quand on parle du cancer, personne n'a de boule de cristal, mais avoir un poids santé nous éloigne définitivement de ce risque de développer un cancer», a conclu le professeur Imbeault.

Les conclusions de cette étude ont été publiées par le réputé journal médical JAMA Network Open.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne