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Québec tente un premier pas vers la sécurisation culturelle des Autochtones

durée 11h07
12 septembre 2023
La Presse Canadienne, 2023
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2023

Refusant toujours de reconnaître l'existence de la discrimination systémique et d'adopter le Principe de Joyce, le gouvernement du Québec tente maintenant «un premier pas» en imposant sa version de la sécurisation culturelle des Autochtones dans le réseau de la santé.

La Commission des institutions de l'Assemblée nationale a entrepris les consultations particulières sur le projet de «Loi instaurant l’approche de sécurisation culturelle au sein du réseau de la santé et des services sociaux». Un document de quatre pages déposé à la toute fin de la dernière session parlementaire.

Dans ses remarques d'ouverture, le ministre responsable des Affaires autochtones, Ian Lafrenière, a tenu à saluer la mémoire de Joyce Echaquan, une mère de famille atikamekw décédée en 2020 sous les insultes du personnel de soins au Centre Hospitalier de Lanaudière, à Joliette.

Tout en rappelant que la recommandation d'«enchâsser la sécurisation culturelle» dans la loi sur la santé a été formulée dans le rapport de la Commission Viens, en septembre 2019, le ministre Lafrenière a souligné que c'est la mort tragique de Mme Echaquan qui «a remis en évidence l'importance d'agir».

Aux yeux du ministre, ce projet de loi se veut un premier pas. Or, il reste à déterminer s'il s'agit d'un pas vers l'avant ou vers l'arrière.

Alors que les représentants des Premières Nations reprochent à Québec de leur imposer une nouvelle loi et de les mettre devant le fait accompli plutôt que de travailler en collaboration, le ministre s'est défendu en commission en disant«avoir rencontré 13 groupes pour nous guider».

Pour ajouter au sentiment de mise à l'écart des Autochtones du processus, le ministre a choisi d'entendre d'abord le Collège des médecins du Québec et l'Ordre des infirmiers et infirmières du Québec avant tout groupe autochtone.

Projet de loi «irrespectueux»

Dans une lettre adressée aux parlementaires, le chef de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador (APNQL), Ghislain Picard, explique qu'il ne participera pas aux travaux. Il juge le projet de loi «irrespectueux des droits des Premières Nations».

Il s'en prend d'abord à la «définition un peu trop courte» qu'a le gouvernement caquiste de la sécurisation culturelle. Selon le chef Picard, il ne s'agit pas uniquement d'une expérience individuelle, mais aussi d'un enjeu social plus grand devant tenir compte des «déséquilibres de pouvoir» et devant «s’attaquer aux effets persistants du colonialisme sur les iniquités».

«Cela signifie notamment la reconnaissance de la discrimination systémique, surtout dans le réseau de la santé et des services sociaux, mais dans tous les services de l’État québécois également», insiste-t-il.

Au-delà du contenu du projet de loi déposé par Ian Lafrenière, il dénonce surtout la manière de faire, qu'il qualifie de «mépris» envers l’autonomie gouvernementale des Premières Nations. 

«Encore une fois, le gouvernement du Québec s’arroge le pouvoir de légiférer sur un sujet qui relève de la compétence de nos gouvernements de Premières Nations. En 2023, on devrait s’attendre à mieux que cette façon de faire paternaliste», écrit le chef d'origine innue.

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Ugo Giguère, La Presse Canadienne