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Rouyn-Noranda: l'INSPQ propose que les émissions d'arsenic ne dépasse pas 15 ng/m3

durée 14h11
10 août 2022
La Presse Canadienne, 2022
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Par La Presse Canadienne, 2022

MONTRÉAL — Alors que le directeur national de santé publique, le Dr Luc Boileau, fait le point mercredi sur la santé environnementale à Rouyn-Noranda, l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) propose que les émissions d’arsenic dans l’air de la ville ne dépassent pas une moyenne annuelle de 15 nanogrammes par mètre cube (ng/ m3), soit 5 fois plus que la norme québécoise de 3 ng/ m3.

«L’atteinte du 15 ng/ m3 est une étape intermédiaire vers l’atteinte de la norme», a indiqué un conseiller scientifique de l’INSPQ lors d’une séance d’information technique avec les représentants des médias, un peu plus tôt, en précisant que «cette valeur devrait être atteinte le plus rapidement possible».

Selon l’INSPQ, cette limite permettrait de «protéger les enfants à naître et les enfants en développement».

Les émissions d’arsenic dans l’air par la Fonderie Horne ont fait couler beaucoup d’encre ces dernières semaines. Actuellement, une entente avec le gouvernement permet que les émissions de la fonderie atteignent une moyenne annuelle de 100 ng/m3, soit 33 fois plus que la norme québécoise de 3 ng/m3.

L’INSPQ propose également un seuil «maximum journalier de 200 ng/m3» pour l'arsenic.

Il y a quelques semaines, un rapport de l’INSPQ révélait que, sur une période de 70 ans, un nombre excédent de citoyens de Rouyn-Noranda, entre un et 14, développeraient un cancer si l’entreprise Glencore ne diminue pas la concentration d’arsenic dans l’air produit par la Fonderie Horne.

Avec le nouveau seuil proposé mercredi, le risque de cancer serait de «trois cas pour 100 000 habitants sur 70 ans» si le respect de la norme est respecté pour les émissions de nickel et de cadmium. Selon l’INSPQ, le «risque inacceptable» correspond à «10 cas sur 100 000 habitants».

Comme il y a environ 40 000 habitants à Rouyn-Noranda, trois cancers pour 100 000 habitants représentent 1,2 cancer sur une période de 70 ans d’exposition.

Dans la conclusion de ce nouveau rapport, l’INSPQ indique qu’ une moyenne annuelle de 15 nanogrammes par mètre cube (ng/ m3), «contribuera à réduire le risque de cancer du poumon, pour les générations à venir du quartier Notre-Dame, par un facteur d’environ 4 par rapport à la situation actuelle, soit un niveau jugé acceptable dans des contextes nord-américains similaires».

L’exposition actuelle à l’arsenic et au plomb retrouvés dans les sols pose également un risque préoccupant pour les jeunes enfants et l’INSPQ recommande «l’ajout d’une concentration maximale journalière de plomb de 350 ng/m3», «l’ ajout d’une concentration maximale journalière de cadmium de 30 ng/m3» et le «respect des normes annuelles pour le plomb (100 ng/m3), le cadmium (3,6 ng/m3) et le nickel (20 ng/m3)».

Le Dr Boileau tient une conférence de presse aux côtés du directeur par intérim de la Direction régionale de santé publique de l’Abitibi-Témiscamingue, Dr Stéphane Trépanier.

Il s'agit de la deuxième visite du Dr Boileau à Rouyn-Noranda cet été. Il avait tenu un premier point de presse dans cette ville de l'Abitibi-Témiscamingue le 6 juillet dans le cadre de la présentation d'une autre étude de l'INSPQ.

Tant la fonderie que le gouvernement ont reconnu que la quantité d'émissions d'arsenic dans l'air devra être revue à la baisse lors de la prochaine entente, mais aucun seuil exact n'a été confirmé jusqu'à présent.

Lundi soir, le conseil municipal de Rouyn-Noranda a adopté à l’unanimité une résolution demandant que «les activités de la fonderie Horne visent l’atteinte des normes environnementales en vigueur pour l’ensemble des métaux lourds et des particules fines rejetées dans l’air». 

Cette résolution, formulée à l’attention du gouvernement du Québec, vient s’ajouter à celle du 13 juin dernier qui demandait notamment un plan d’action interministériel centré sur la santé des citoyens de Rouyn-Noranda.

Le conseil municipal a également demandé que la prochaine autorisation ministérielle délivrée à Glencore par le ministère de l’Environnement prévoie des plafonds quotidiens d’émission.

Stéphane Blais, La Presse Canadienne