Un club de golf de Kananaskis se prépare pour une possible visite de Donald Trump


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Par La Presse Canadienne, 2024
KANANASKIS — Darren Robinson avait une nouvelle très importante à annoncer au président américain George Bush et au premier ministre espagnol José María Aznar: le pro-shop est ouvert.
M. Aznar avait dit à M. Robinson, qui est directeur général du Kananaskis Country Golf Club, dans les Rocheuses albertaines, qu'il voulait visiter la boutique. Fidèle à lui-même, M. Robinson s'est approché des deux dirigeants sur une terrasse et a interrompu leur conversation.
«Ça a probablement duré juste 10 secondes, mais je m'en souviens comme si ça avait duré 10 minutes», s'est remémoré M. Robinson à propos du Sommet des dirigeants du G8 qui s'est tenu en 2002 à Kananaskis.
Les deux dirigeants ont alors interrompu leur discussion, puis le président Bush a fait signe au premier ministre britannique Tony Blair. Les quatre hommes ont alors discuté de golf, de course à pied et des montagnes, tandis que les autres dirigeants, dont le président russe Vladimir Poutine, bavardaient avant le dîner au club de golf.
«Je me suis dit: "Est-ce que quelqu'un peut me pincer? C'est vraiment en train d'arriver!"», a raconté M. Robinson.
Vingt-trois ans plus tard, M. Robinson se prépare à nouveau à accueillir certains des hommes les plus puissants du monde pour le Sommet des dirigeants du G7 qui se tiendra à Kananaskis du 15 au 17 juin.
Le club de golf fait partie du périmètre étroitement contrôlé qui sera fermé au public pendant le sommet et est l'un des deux principaux sites que les dirigeants pourraient utiliser. L'événement est organisé par le Pomeroy Kananaskis Mountain Lodge, situé à quelques minutes en voiture.
Selon les rumeurs, le président américain Donald Trump, connu pour son amour du golf, pourrait jouer sur ce parcours pittoresque situé au pied du mont Kidd.
M. Trump possède même des articles promotionnels du Kananaskis Country Golf Club. Le premier ministre Mark Carney lui a offert une casquette et des vêtements du club lors de sa première visite à la Maison-Blanche, au début du mois de mai.
Les demandes adressées à la Maison-Blanche et au bureau du premier ministre pour savoir si MM. Trump ou Carney joueraient au golf lors du sommet sont restées sans réponse.
Se préparer à tout
L'horaire du sommet n'a pas été rendu public. Et si l'histoire est garante des attentes de M. Robinson, toute visite des dirigeants serait spontanée.
M. Robinson se souvient d'un après-midi, en 2002, alors qu'il visitait le club avant un dîner. Il avait mentionné au premier ministre Jean Chrétien qu'il était dommage qu'il n'ait pas le temps de jouer.
«(M. Chrétien) a répondu: "Qui a dit que je n'avais pas le temps?" Et il a commencé à enlever sa cravate et son veston», a raconté M. Robinson, imitant l'accent francophone de M. Chrétien.
M. Chrétien a d'abord réussi deux coups impeccables pour s'approcher du vert. Mais au troisième coup, un petit coup pour atteindre le vert, le premier ministre a accidentellement arraché un morceau de gazon avant de toucher la balle.
«Avant même que la balle n'arrête de rouler, il a mis la main dans sa poche, en a sorti une autre et l'a frappée avec précision sur le vert», a mentionné M. Robinson.
«Il m'a regardé et m'a dit: "J'appelle ça un Clinton."»
Après sa référence à l'ancien président américain Bill Clinton, M. Chrétien a joué trois autres trous avant de retourner au travail, a souligné M. Robinson.
Des souvenirs impérissables
Pour M. Robinson, plusieurs interactions qu'il a eues avec M. Bush ont été des moments forts du sommet sur le plan personnel. C'était un an après les attentats du 11 septembre 2001.
Les membres du personnel américain ont demandé à M. Robinson de tracer un parcours de cinq kilomètres que le président pourrait utiliser pour courir le lendemain matin. Lorsque M. Bush est arrivé, tôt le lendemain en souliers de course, il a demandé si une femme du club vêtue d'une tenue de sport voulait faire son jogging avec lui.
«Je suis en train de les filmer tous les deux pendant qu'ils marchent. Et le président Bush me dit: "Vous m'avez trouvé une coureuse olympique!"»
Quelques mois plus tard, M. Robinson a reçu par la poste une enveloppe en papier kraft provenant de la Maison-Blanche. Elle contenait une lettre signée par M. Bush le remerciant pour son accueil et une photo d'eux deux en train de discuter sur la terrasse du club.
Cette année, M. Robinson sera sur le parcours pour aider, mais il ne s'attend pas à revivre l'expérience de 2002.
«On espère toujours avoir l'occasion de vivre des expériences mémorables comme celles-là», a-t-il admis alors qu'il se tenait sur l'aire de départ du 16e trou.
«Si ça arrive, tant mieux. Ce serait merveilleux. Et si ça n'arrive pas, tant pis.»
Matthew Scace, La Presse Canadienne