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Un groupe de réfugiés LGBTQ+ affirme que le nombre de demandes d'aide a augmenté

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19 juin 2025
La Presse Canadienne, 2024
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3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

OTTAWA — Une organisation qui aide les personnes LGBTQ+ à déposer des demandes d'asile constate une forte augmentation des demandes d'aide provenant du monde entier depuis 2020.

Devon Matthews, responsable de programme chez Rainbow Railroad, a indiqué que cette explosion du nombre de demandes d'aide reflète une tendance des pays à reculer en matière de droits LGBTQ+, voire à adopter une politique de persécution.

«Ce phénomène ne se limite pas aux États-Unis, a-t-elle expliqué. Plus largement, nous constatons une xénophobie, un sentiment anti-réfugiés et une queerphobie particulièrement terrifiants dans de nombreux pays, notamment en Europe et dans différentes régions où nous intervenons.»

Les représentants républicains des États et du gouvernement fédéral aux États-Unis s'efforcent depuis des années de limiter les droits des Américains LGBTQ+ et ont notamment imposé des règles concernant les sports que les étudiants transgenres peuvent pratiquer et les toilettes qu'ils peuvent utiliser.

Le Rainbow Railroad affirme collaborer actuellement avec Ottawa pour détourner des États-Unis vers le Canada quelques demandes d'asile déposées par des personnes LGBTQ+.

Devon Matthews a indiqué que son organisation traitait 27 demandes représentant 36 personnes qui se rendaient aux États-Unis au début de l'année. Certains demandeurs étaient des couples.

Elle a précisé que 28 d'entre eux ont changé d'avis concernant leur départ pour les États-Unis après le retour du président Donald Trump à la Maison-Blanche.

«Nous avons donc dû adapter nos plans pour que ces 28 personnes puissent venir au Canada au mieux de nos capacités, a-t-elle mentionné. Évidemment, c'est un processus très complexe de transférer toute la logistique et les formalités administratives, et les gens sont dans des situations extrêmement difficiles, mais nous faisons ce que nous pouvons.»

Devon Matthews a précisé que ce type de transfert n'est généralement pas autorisé, mais qu'Ottawa fait une exception.

Elle a souligné que ces demandeurs d'asile ne seraient pas couverts par l'Entente sur les tiers pays sûrs — qui stipule qu'un demandeur d'asile doit rester dans le premier pays sûr qu'il atteint — car ils ne sont pas entrés aux États-Unis. Les demandeurs vivent actuellement au Brésil, en Colombie, en Ouganda et dans neuf autres pays africains.

Une porte-parole du cabinet de la ministre de l'Immigration, Lena Diab, a déclaré dans une réponse par courriel que le bureau ne pouvait pas commenter des cas spécifiques en raison de la législation sur la protection de la vie privée.

Elle a ajouté que le Canada a une «fière histoire» en matière de réinstallation de personnes vulnérables, notamment de réfugiés LGBTQ+, et que le gouvernement collabore avec des groupes comme Rainbow Railroad pour identifier les réfugiés LGBTQ+ et leurs familles en vue de leur réinstallation.

Un «rêve devenu réalité»

Rahma Esslouani est arrivé au Canada avec l'aide de Rainbow Railroad. Rahma Esslouani est originaire du Maroc, où les relations homosexuelles sont illégales.

«J'ai subi des violences physiques et psychologiques de la part de ma famille et de la société, des discriminations et des persécutions. Je n'ai donc pas le droit de porter ce que je veux. Je n'ai pas le droit d'être moi-même, d'être qui je suis. Je dois suivre la culture», a raconté Rahma Esslouani.

Rahma Esslouani a expliqué être constamment persécuté en Turquie, où le statut non binaire n'est pas reconnu par la loi. Bien qu'il ne soit pas illégal d'avoir une relation homosexuelle ou d'être non conforme au genre en Turquie, de prétendues «atteintes à la morale publique» ont été utilisées pour cibler les personnes LGBTQ+.

Rahma Esslouani a été arrêté en Turquie. Après cette arrestation, Rahma Esslouani a contacté Rainbow Railroad.

«Je me souviens du premier courriel que j'ai reçu : "Nous sommes avec toi. Tu n'es pas seul", s'est souvenu Rahma Esslouani. Je l'ai lu encore et encore, tellement heureuse d'avoir enfin entendu mon histoire et de me donner de l'espoir, que je dois résister et ne pas abandonner.»

Rahma Esslouani est finalement arrivé au Canada en juillet 2024, juste avant le Mois de la Fierté à Toronto. Il s'agissait d'«un rêve devenu réalité» de vivre ici après une vie passée à se cacher.

«Alors enfin, je vais être moi-même. Je vais pouvoir être en public, être moi-même et exprimer ma sexualité, vivre, marcher et parler librement, sans avoir peur de la police, du jugement, de la honte ou de la peur», a souligné Rahma Esslouani.

Rainbow Railroad reçoit chaque année 250 places dans le cadre du Programme de réfugiés pris en charge par le gouvernement afin d'aider des personnes comme Rahma Esslouani à venir au Canada.

David Baxter, La Presse Canadienne