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Un homme affirme que son fils a été conçu lors d'abus dans un pensionnat autochtone

durée 21h49
10 juillet 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Temps de lecture   :  

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Par La Presse Canadienne, 2025

VANCOUVER — Un père et son fils de Colombie-Britannique poursuivent l'Église anglicane du Canada, alléguant que le fils a été conçu à la suite d'abus sexuels commis par une employée du pensionnat autochtone St. Michael's d'Alert Bay à la fin des années 1960.

La poursuite indique que le père avait 14 ans lorsqu'il a été agressé sexuellement par une superviseure de l'école en 1968, et qu'il a conclu un accord à l'amiable avec l'Église en 2008.

L'école de l'île Cormorant, au nord-est de l'île de Vancouver, a commencé à accueillir des enfants autochtones en 1929 jusqu'à sa fermeture en 1974, avec l'autorisation du gouvernement canadien, selon la poursuite.

Des documents judiciaires déposés cette semaine à la Cour suprême de la Colombie-Britannique indiquent que les plaignants n'ont découvert leur lien de parenté que récemment, ce qui a donné lieu à des «retrouvailles traumatisantes». Leur lien a été confirmé par des tests ADN.

L'acte de poursuite civile précisé que le père, aujourd'hui âgé de 72 ans, «ignorait» avoir un fils confié par la femme à une famille non autochtone quelques mois après sa naissance. Ce fils, aujourd'hui âgé de 56 ans, a été traumatisé par la «révélation choquante» selon laquelle il était né du viol de son père biologique.

La poursuite mentionne que les plaignants ont contacté l'Église cette année au sujet d'une indemnisation, mais qu'on leur aurait répondu que l'Église se considérait «totalement exonérée» de toute responsabilité en raison du règlement de la précédente action en justice du père.

Les allégations n'ont pas été prouvées devant les tribunaux et l'Église anglicane du Canada n'a pas déposé de réponse à la poursuite.

L'évêque Anna Greenwood-Lee, du diocèse anglican des Îles et des Inlets, a déclaré dans un communiqué que l'Église ne pouvait pas commenter l'affaire, mais «nous reconnaissons le préjudice causé à des générations d'enfants et de familles à St Michael's».

La plainte civile affirme que les plaignants n'ont eu d'autre choix que de poursuivre l'Église en dommages et intérêts afin de «tourner la page et guérir de ces événements traumatisants».

Selon la plainte, le père «ignorait totalement qu'il avait engendré un fils, qui lui avait été enlevé, à sa famille, à sa communauté et à son héritage».

La perte de son fils a aggravé le traumatisme psychologique imminent lié à son passage à l'école, selon la plainte, et sa rencontre avec lui «a également ravivé le traumatisme de l'agression sexuelle à St. Mike's et a engendré de nouveaux préjudices personnels et psychologiques complexes, tous liés à St. Mike's».

Le fils affirme qu'après avoir rencontré son père biologique, il «a compris les véritables circonstances de sa naissance et qu'il était né du viol de son père, dont l'auteur était sa mère».

La poursuite allègue que le fils, placé dans une famille non autochtone, ignorait qu'il pouvait s'inscrire au statut d'Indien en vertu de la Loi sur les Indiens et qu'il était «incapable d'obtenir des avantages importants», notamment des exonérations fiscales.

La poursuite indique qu'il a maintenant demandé le statut et l'adhésion à la bande de Weiwaikum, après avoir perdu des droits au logement, aux soins de santé, à l'éducation et aux cotisations jusqu'à ce qu'il découvre l'existence de son père biologique.

D'après la poursuite, le fils «a également perdu la chance d'apprendre sa langue et sa culture».

«Il s'agit d'une perte personnelle importante», affirme la plainte.

L'avocat des plaignants n'a pas immédiatement répondu aux demandes de commentaires.

Les défendeurs nommés dans la poursuite comprennent le Synode général de l'Église anglicane du Canada, l'organisme dirigeant de l'Église anglicane du Canada, ainsi que le diocèse anglican de la Colombie-Britannique, et le procureur général du Canada, au nom de Sa Majesté le Roi, chef du Canada.

Darryl Greer, La Presse Canadienne