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Un nouveau pape engagé pour l'environnement

durée 04h30
9 mai 2025
La Presse Canadienne, 2024
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4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Le nouveau pape Léon XIV est d'avis, comme son prédécesseur, que les crises environnementales méritent une réponse enracinée dans la doctrine de l'Église et le nom de règne qu'il a choisi ne serait pas étranger à son engagement pour les causes sociales, dont la protection de l'environnement.

«Permettez-moi de donner suite à cette même bénédiction», a déclaré Robert Francis Prevost, jeudi, après avoir été élu pape, devant l'assemblée à la place Saint-Pierre.

L'Américain de 69 ans faisait ainsi référence à l’œuvre de son prédécesseur, François 1er.

Cette œuvre a été marquée par l'engagement écologique du défunt pape et Léon XIV pourrait poursuivre ce combat.

«Je ne peux pas vous dire que l'engagement écologique sera au cœur du pontificat de Léon XIV, mais c'est certain que c'est un des éléments, un des sillons qu'a tracés François dans lequel je pense bien que le nouveau pape va poursuivre», a analysé la professeure au département de sciences des religions de l’UQAM Catherine Foisy.

Environnement et justice sociale

Le 28 novembre dernier, le cardinal Prevost avait participé à un séminaire, à Rome, qui avait pour titre «Aborder les problèmes de la crise environnementale à la lumière de Laudato sì et Laudate Deum, expériences en Amérique latine».

Le cardinal avait ouvert cette réunion en soulignant l'urgence de passer «des paroles aux actes» face aux conséquences de la «crise environnementale» et des changements climatiques.

Ces défis, avait-il dit, imposent une réponse enracinée dans la doctrine de l'Église.

La «domination sur la nature» déléguée par Dieu à l'homme ne doit pas être «despotique». L’homme est un «administrateur qui doit rendre compte de son travail» dans une relation de «réciprocité» avec l'environnement.

«Par conséquent, notre mission est de le traiter comme le fait son Créateur», avait déclaré le cardinal Prevost, selon un résumé de Vatican News, le portail d'information du Saint-Siège

«Il y a une chose qui m'a frappée dans cet extrait», a fait remarquer Catherine Foisy.

«C'est un défi, a-t-il déclaré, qui nécessite une réponse enracinée dans la doctrine de l'Église. Et je fais le lien avec le nom qu'il a pris, celui de Léon XIV, un nom qui, je pense, a été choisi en souvenir de Léon XIII», a ajouté la professeure de l'UQAM.

Mme Foisy a expliqué que Léon XIII est le «père idéateur» de ce que l’Église catholique appelle la doctrine sociale qui fait référence à «la réflexion théologique et éthique» destinée à guider la conduite des catholiques.

«Je pense que pour le nouveau pape, comme c'était également le cas pour François 1er, on peut difficilement réfléchir à la question de l'environnement, sans tenir compte des dimensions aussi de justice sociale.»

Très proche de la vision de François

La biographie de Robert Francis Prevost sur le site internet du Collège des cardinaux rapporte que le nouveau pape a déjà déclaré que «l'évêque n'est pas censé être un petit prince assis dans son royaume».

Toujours dans cette biographie, le cardinal est décrit comme étant «très proche de la vision de François concernant l'environnement, l'aide aux pauvres et aux migrants, et la rencontre des gens là où ils se trouvent».

La professeure Foisy a rappelé «qu’une des grandes réussites» de François 1er est d’avoir, dans sa première encyclique, «montré à quel point l'aggravation de la crise environnementale aujourd'hui avait des répercussions directes sur les êtres humains, sur la création, mais aussi que la question de la justice climatique était liée à la question du respect des droits humains».

Léon XIII fustigeait «les ploutocrates»

Catherine Foisy trace un parallèle entre l’époque où Léon XIII était pape et aujourd’hui.

«En choisissant le nom Léon, ça le situe en lien avec une période aussi, qui, sur le plan idéologique et politique, ressemblait à aujourd’hui.»

La professeure au département de sciences des religions de l’UQAM fait ainsi référence à la fin du 19e siècle, au moment où Léon XIII publie «cette grande encyclique» appelée Rerum Novarum.

Dans cette lettre, Léon XIII dénonce notamment «la concentration de richesse» entre «les mains de quelques-uns de l'industrie et du commerce, devenus le partage d'un petit nombre d'hommes opulents et de ploutocrates qui imposent ainsi un joug presque servile à l'infinie multitude des prolétaires».

Un «honneur» pour Donald Trump

Le président américain Donald Trump a salué l’élection de Robert Francis Prevost sur les réseaux sociaux en écrivant que «c’est un tel honneur de réaliser qu’il est le premier pape américain».

Mais, selon la professeure Foisy, il serait «extrêmement surprenant que cet homme-là baisse l’échine devant ce qui se passe aux États-Unis», en faisant référence notamment au déni climatique de l’administration américaine et aux menaces qu'elle profère contre certaines universités et scientifiques.

«Avec cette élection, les cardinaux ont fait le choix de s'assurer que le Vatican, autant comme État que comme institution représentante du Christ sur Terre et dépositaire d'une autorité morale et spirituelle, que le Vatican ne serait pas le vassal des États-Unis de Donald Trump. Pour moi, c'est un signal très clair.»

La professeure spécialiste du christianisme s’attend à ce que le nouveau souverain pontife «soit en mesure de parler vrai, d'interpeller les pouvoirs en place».

Stéphane Blais, La Presse Canadienne