Un nouveau rapport propose d'ouvrir les églises au plus grand nombre


Temps de lecture :
3 minutes
Par La Presse Canadienne, 2024
Les églises doivent modifier leur approche de la gestion de leurs bâtiments, car la baisse de fréquentation met en péril leur pérennité, soutient l'Institut urbain du Canada qui vient de publier un rapport à ce sujet.
L'organisme craint notamment que la perte de bâtiments physiques ne signifie la fin de la fonction civique des églises.
Il indique qu'en plus de leur rôle spirituel, les églises sont depuis longtemps des lieux où les gens se rendent pour bénéficier de services sociaux, des banques alimentaires aux cliniques de soins des pieds, en passant par les lotos caritatifs et les garderies.
Si les églises ne s'adaptent pas, elles sont confrontées à deux menaces majeures : le développement et le déclin, signale Mary Rowe, présidente de l'IUC
«À mesure que les environnements urbains s'intensifient (…) ces types d'espaces civiques qui offrent ce type d'opportunités d'interactions sociales informelles et décontractées sont envahis, car la pression du marché est telle que ces bâtiments deviennent plus recherchés pour le logement haut de gamme, a expliqué Mme Rowe. Et dans les petites communautés où la pression du développement immobilier n'est peut-être pas aussi forte, il n'y a ni argent ni ressources pour consolider les fonctions civiques de ces lieux.»
Le rapport soutient que les lieux de culte, qui ont bénéficié d'exonérations fiscales pendant des décennies, ont le devoir de continuer à offrir des services civiques. Or, une étude de 2019 de la Fiducie nationale du Canada prévoyait qu'un tiers des 27 000 édifices religieux du Canada, dont la plupart sont chrétiens, fermeraient probablement définitivement au cours des dix prochaines années.
«Ce dont nous avons besoin, ce sont de nouveaux modèles qui apportent de nouvelles ressources à ces lieux afin qu'ils puissent évoluer au service de la communauté qui les entoure», a expliqué Mme Rowe.
Un «noeud gordien»
Le rapport tente de «démêler le nœud gordien» de la gestion future des actifs religieux menacés, comme les églises.
C'est une question à laquelle le révérend Graham Singh s'est efforcé de répondre pendant plus de dix ans.
Il est pasteur principal de l'église Saint-Jax à Montréal et PDG de l'organisme de bienfaisance Releven, qui œuvre à la préservation et à la réaffectation d'églises sous-utilisées.
Saint-Jax, anciennement appelée église anglicane Saint-James l'Apôtre, est en quelque sorte un prototype du modèle Releven.
La majestueuse cathédrale de la rue Sainte-Catherine a fermé ses portes en 2015. Elle était en mauvais état et son entretien était extrêmement coûteux en raison de sa désignation patrimoniale. Elle a rouvert ses portes l'année suivante sous son nouveau nom.
«Le bâtiment lui-même représente un défi, a assuré M. Singh. Récolter des fonds pour réparer le toit, une toiture en ardoise classée au patrimoine, doit être réparée avec des matériaux similaires. Il en va de même pour la maçonnerie, une construction en pierre très coûteuse vieille de 150 ans.»
Mais aujourd'hui, le bâtiment abrite quatre congrégations distinctes et un organisme sans but lucratif non religieux, qui en assurera bientôt la gestion. Parmi les locataires laïcs de St. Jax figurent des organismes œuvrant dans les domaines de la réinstallation des réfugiés, de la sécurité alimentaire et de l'emploi des jeunes.
Une collaboration complexe avec la municipalité
Par ailleurs, la Ville de Montréal finalise le processus d'acquisition de l'espace vert situé à l'extérieur de St. Jax afin d'en faire un parc.
Le révérend Singh est également conscient de la complexité de la collaboration avec la municipalité.
Afin d'apporter tous les changements au fonctionnement du bâtiment de St. Jax, son organisme a dû prouver qu'il détenait le droit historique de modifier la vocation et l'utilisation du site.
Cette évaluation d'impact sur le patrimoine fait désormais partie intégrante du projet pilote Ville-Marie, qui ouvre la voie au partage des locaux par d'autres églises de la ville avec des groupes non religieux, a-t-il déclaré.
Nicole Thompson, La Presse Canadienne