Une adolescente écope neuf mois de probation dans la mort d'un sans-abri de Toronto

TORONTO — Une adolescente qui a plaidé coupable d'agression lors d'une attaque meurtrière contre un sans-abri de Toronto a été condamnée à neuf mois de probation, le juge tenant compte du temps qu'elle a passé en détention et en résidence surveillée.

La jeune fille devait être jugée pour homicide involontaire dans le décès de Kenneth Lee, 59 ans, lorsqu'elle a plaidé coupable à l'accusation la moins grave de voies de fait le mois dernier.

La Couronne avait demandé au tribunal de condamner la jeune fille à 50 jours de surveillance communautaire, suivis de 12 mois de probation, tandis que la défense soutenait qu'elle ne devrait recevoir qu'une réprimande ou une absolution inconditionnelle.

Le tribunal a appris que M. Lee se trouvait avec un ami dans un parc du centre-ville de Toronto en décembre 2022, lorsqu'ils ont rencontré un groupe vers minuit.

Un exposé conjoint des faits lu précédemment au tribunal indiquait que la jeune fille avait vu d'autres personnes frapper, piétiner et donner des coups de pied à la victime. Pour sa part, elle lui aurait lancé un petit objet en plus de filmer son visage ensanglanté pendant que les autres criaient et crachaient sur lui.

La jeune fille a ensuite quitté le parc alors que l'agression était toujours en cours et est revenue environ deux minutes après la fin de celle-ci, constatant que le groupe avait pris la fuite, selon le tribunal.

Un employé du refuge lui a demandé d'appeler une ambulance, ce qu'elle a fait avant de partir à la recherche du groupe, selon le tribunal. Les ambulanciers ont transporté M. Lee à l'hôpital St Michael, où il est décédé aux premières heures du 18 décembre 2022.

La procureure Sarah De Filippis a soutenu mardi dans ses conclusions sur la peine que, même si la jeune fille était beaucoup moins impliquée dans l'agression, elle devait néanmoins être tenue responsable de ses actes.

«Il semble qu'elle ait une certaine compréhension des raisons de son implication dans cet incident», a déclaré Me De Filippis, bien qu'il ait accordé que la jeune fille n'avait «aucune compréhension» du type de préjudice causé.

La procureure de la Couronne a également rappelé que la jeune fille avait «agressé deux femmes sans provocation» dans le métro de Toronto plus tôt dans la soirée, ce qui, selon elle, démontre que l'implication de l'adolescente dans l'agression de M. Lee «ne constituait pas une erreur de jugement isolée».

L'avocate de la jeune fille a toutefois affirmé que l'incident précédent impliquait simplement de tirer les cheveux et n'avait causé aucun préjudice grave.

Daisy Bygrave a soutenu que, bien que sa cliente ait fait preuve d'un «manque de jugement» la nuit où M. Lee a été agressé, ses actes étaient «conformes à un comportement juvénile et ignorant» et ne méritaient pas d'intervention judiciaire supplémentaire.

Me Bygrave a souligné que la vidéo de surveillance de l'agression dans le parc montre que la jeune fille n'était pas présente aux moments cruciaux où M. Lee aurait subi sa blessure mortelle. Elle a également souligné que sa cliente avait aidé à appeler l'ambulance qui s'est occupée de M. Lee.

Déjà assez souffert

Après avoir passé du temps en détention – où elle a subi des fouilles à nu – et vécu sous des conditions de mise en liberté sous caution très strictes impliquant des contrôles policiers constants, la jeune fille ne devrait pas avoir à «souffrir davantage», a déclaré Me Bygrave au juge.

Elle a déclaré que sa cliente, aujourd'hui âgée de 18 ans, était enfin sur la bonne voie pour obtenir en juin son diplôme d'études secondaires et espérait entrer à l'université. Elle a souligné que la jeune fille bénéficiait du soutien de sa mère, qui était présente au tribunal mardi.

Le juge de la Cour supérieure, Philip Campbell, a convenu que la «finalité des procédures judiciaires» était dans l'intérêt supérieur de la jeune fille, mais a déclaré qu'une période de surveillance était toujours nécessaire pour s'assurer qu'elle était sur la bonne voie.

La police a arrêté huit jeunes filles âgées de 13 à 16 ans dans les heures qui ont suivi l'incident survenu dans le parc, et elles ont été accusées de meurtre au deuxième degré.

Au total, sept ont plaidé coupables à des chefs d'accusation moins graves: cinq d'homicide involontaire, une de voies de fait et une de voies de fait armées et de voies de fait causant des lésions corporelles.

Une des filles attend son verdict plus tard ce mois-ci après avoir conclu un procès seul. Elle a tenté de plaider coupable d'homicide involontaire, mais sa réponse à l'accusation a été rejetée par la Couronne.

Sonja Puzic, La Presse Canadienne