Une ancienne usine de sauce de poisson sera enfin nettoyée à Terre-Neuve


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Par La Presse Canadienne, 2024
ST. MARY'S — Une ancienne usine de sauce de poisson, qui expose les citoyens d'une ville de Terre-Neuve-et-Labrador à une odeur répugnante depuis des décennies, sera finalement nettoyée.
Steve Ryan, maire de St. Mary's, à Terre-Neuve-et-Labrador, a déclaré avoir failli fondre en larmes lorsque des représentants du gouvernement provincial ont affirmé qu'ils allaient prendre en charge le nettoyage du site infesté.
Cette promesse met fin à un calvaire de plusieurs décennies qui a contraint les résidants à devoir rester à l'intérieur lors de beaux jours, de peur que l'odeur ne se répande dans leurs cheveux et leurs vêtements.
«Je suis ému rien que d'en parler, a lancé l'homme de 53 ans. C'est un problème constant; les gens ne peuvent plus faire des choses normales, comme faire un barbecue sur leur terrasse ou étendre leur linge.»
Le bâtiment délabré de l'Atlantic Seafood Sauce Company se trouve sur le littoral de cette ville d'environ 300 habitants, à quelques pas de l'océan. La compagnie a ouvert ses portes en 1990, créant alors une vingtaine d'emplois dans la région, a expliqué M. Ryan. Mais le propriétaire l'a abandonnée une dizaine d'années plus tard après de longues batailles juridiques concernant des plaintes relatives à la salubrité alimentaire.
Plus de 100 cuves de poisson en fermentation, suintantes, sont encore présentes dans le bâtiment en ruine. Les liquides des cuves de 11 500 litres s'écoulaient autrefois dans le port par une canalisation d'évacuation brisée, mais le ministère fédéral des Pêches a exigé que le système d'écoulement soit scellé avec du béton, a ajouté le maire.
Selon lui, les liquides s'accumulent désormais dans l'usine.
St. Mary's est une ville tranquille et pittoresque, à quelques minutes d'une plage d'observation des baleines, prisée des touristes et des habitants. Le maire affirme que des auberges et des gîtes pourraient voir le jour, mais que l'odeur décourage les gens de se lancer dans l'industrie touristique.
«Comment feriez-vous de la publicité? a-t-il demandé. Regardez ce que nous avons comme vue et comme odeur?»
L'espoir renaît
Un porte-parole du ministère de l'Environnement et du Changement climatique de Terre-Neuve-et-Labrador a confirmé vendredi que la province avait demandé à la ville de lancer un appel d'offres pour un consultant chargé de planifier et de superviser le nettoyage de l'usine. Des fonds pour les travaux d'assainissement ont été prévus au budget provincial.
M. Ryan a félicité l'ancien premier ministre Andrew Furey pour son intérêt et l'octroi de fonds. L'attention médiatique internationale a également contribué, a-t-il ajouté.
«Au cours des dix dernières années, nous avons eu affaire à deux ou trois ministres, deux ou trois premiers ministres, quelques ministres fédéraux qui… ne nous ont été d'aucune aide, ils nous ont probablement retardés», a-t-il déploré.
M. Ryan n'a pas voulu préciser le coût estimé, car il ne veut pas compromettre les chances de la ville d'obtenir un bon prix, a-t-il dit. Mais des évaluations antérieures indiquent que le coût pourrait dépasser le million de dollars. C'est un prix bien hors de portée du conseil municipal bénévole d'une ville qui ne compte que quelques centaines de contribuables, a soulevé le maire.
La municipalité a voté pour prendre possession du site plus tôt cette année, a-t-il expliqué. C'était la seule façon pour la province d'intervenir et de contribuer au nettoyage. Une fois les travaux terminés, il espère que le conseil mettra le site de l'usine aux enchères et qu'une autre entreprise prendra le relais.
Mais il faudra qu'ils aient un plan de sortie clair pour que la situation ne se reproduise pas, a-t-il assuré.
En attendant, il affirme que les résidants savent déjà que l'odeur s'aggravera probablement à mesure que le site est nettoyé.
«Nous n'avons aucun problème avec cela, a-t-il ajouté. Il faut agir.»
Sarah Smellie, La Presse Canadienne