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Une famille moyenne devra dépenser 994 $ de plus pour la nourriture l'an prochain

durée 07h22
4 décembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Par La Presse Canadienne, 2025

Il faut s'attendre à ce que l'alimentation occupe une part plus importante du budget des ménages l'année prochaine, notamment en raison des tensions géopolitiques et des changements climatiques.

Le Rapport annuel sur les prix alimentaires 2026, publié jeudi par plusieurs universités canadiennes, prévoit qu'une famille moyenne de quatre personnes devra dépenser 994,63 $ de plus pour se nourrir l'an prochain par rapport à cette année.

Cette augmentation, qui portera la facture totale estimée à 17 571,79 $, découlera d'une hausse globale de 4 % à 6 % du prix des aliments, selon le rapport produit par le Laboratoire d'analyse agroalimentaire de l'Université Dalhousie en partenariat avec plusieurs autres universités.

L'inflation alimentaire en 2026 devrait donc être plus élevée que celle d'environ 4 % observée cette année. Elle devrait aussi dépasser le taux d'inflation global, qui devrait diminuer pour atteindre l'objectif de 2 % fixé par la Banque du Canada.

Cette hausse des prix des denrées alimentaires l'année prochaine est prévue même si les pressions commerciales sur les prix continuent de diminuer, a noté l'auteur principal du rapport, Sylvain Charlebois.

Selon M. Charlebois, la géopolitique restera une inconnue en 2026, mais les droits de douane ne devraient pas être aussi problématiques qu'en 2025, «ce qui est une bonne nouvelle».

Le Canada a levé presque tous ses droits de douane de rétorsion à l'encontre des États-Unis en septembre, tandis que le président américain, Donald Trump, a récemment annulé les droits sur plus de 200 produits agricoles et alimentaires.

Les droits de douane américains, qui comprenaient une taxe de 50 % sur le géant producteur de café qu'est le Brésil, exerçaient aussi une pression à la hausse sur les prix canadiens des marchandises qui transitaient par les États-Unis ou qui subissaient simplement un effet d'entraînement.

Les prix des produits pouvant se conserver longtemps, comme le café, mettront probablement plus de temps à baisser, par rapport à des produits comme les bananes, pour lesquels les États-Unis ont également levé les droits de douane.

Et même si les problèmes commerciaux s'atténuent, les investissements que les entreprises doivent réaliser dans les chaînes d'approvisionnement et la diversification des partenaires commerciaux entraînent également des coûts plus élevés, mais pas autant que ce qui était initialement redouté, a noté M. Charlebois.

Selon lui, les épiciers ont fait du bon travail pour trouver de nouvelles sources d'approvisionnement soit abordables, soit moins chères, lorsque les Canadiens ont commencé à chercher des solutions de rechange aux produits américains.

Forte hausse pour la viande

Les prix des légumes ont baissé de 0,9 % cette année, tandis que ceux des fruits ont reculé de 1,1 %. Or, cette tendance ne devrait pas se poursuivre l'an prochain, puisque la hausse des prix pourrait atteindre 1 % à 3 % pour les fruits et 3 % à 5 % pour les légumes.

La viande reste toutefois le principal facteur de l'inflation alimentaire, avec une hausse de 7,2 % cette année. L'an prochain, une autre hausse de 5 % à 7 % est à prévoir, selon le rapport.

Les prix augmentent parce que les troupeaux de bovins ont atteint en janvier leur niveau le plus bas depuis 1988, selon le rapport, qui souligne que la sécheresse a fait grimper les prix des aliments pour les animaux. Les coûts d'emballage et de transformation sont aussi en hausse.

«La situation du bœuf est problématique. Honnêtement, je ne comprends pas pourquoi Ottawa ne se penche pas sur cette question», a soutenu M. Charlebois.

Les importations de bœuf en provenance du Mexique sont déjà en hausse, mais M. Charlebois estime que le gouvernement fédéral devrait envisager d'autoriser plus d'importations en provenance d'autres pays, comme l'Australie, afin d'alléger la pression.

L'impact des changements climatiques

Avec la hausse des prix du bœuf, de plus en plus de consommateurs se sont tournés vers le poulet, ce qui a entraîné une flambée des prix dans ce secteur, même s'il faut beaucoup moins de temps pour ajuster la taille des troupeaux de poulets que celle des troupeaux de bovins.

Les sécheresses qui contribuent à la hausse des prix du bœuf peuvent être liées aux changements climatiques, qui continuent de perturber les systèmes, a souligné la titulaire de la chaire Arrell en commerce alimentaire à l'Université de Guelph, Sadaf Mollaei.

«Les changements climatiques ont des effets très importants sur les prix, et ils vont très probablement les faire augmenter en raison des conditions climatiques extrêmes que nous observons dans les régions où l'on produit des denrées alimentaires», a précisé celle qui a agi à titre de conseillère pour la préparation du rapport.

«S'il y a des incendies de forêt en Californie, s'il y a des sécheresses dans certaines régions du Canada, lorsque la durée des saisons change, cela aura un impact sur la production agricole et sur la chaîne d'approvisionnement.»

Le rapport souligne que les prix ont considérablement augmenté cette année en raison des conditions météorologiques qui ont affecté toute une série de produits importés, notamment le café et le thé, le cacao, les fraises, les oranges, les courges et les carottes.

Au restaurant aussi

Les produits de la mer devraient rester plus abordables l'année prochaine, avec une hausse des prix prévue de 1 % à 2 %. Les prix des produits laitiers et des œufs pourraient connaître une augmentation de 2 % à 4 %.

La facture pourrait aussi être plus salée au restaurant, où le rapport prévoit une augmentation des prix de 4 % à 6 %.

Un autre aspect à surveiller en 2026 sera l'effet du Code de conduite dans le secteur de l’alimentation, dont l'application officielle commencera en janvier.

Selon M. Charlebois, ce code de conduite pourrait contribuer à limiter le pouvoir des épiciers sur leurs fournisseurs, ce qui pourrait favoriser une plus grande stabilité des prix.

À son avis, amener les transformateurs, les fournisseurs et les épiciers à la table des négociations pour discuter de manière équitable et dans un esprit constructif «finira par aider les consommateurs à long terme».

Ian Bickis, La Presse Canadienne