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Une Première Nation du Manitoba souffre d'une pénurie d'infirmières

durée 20h22
14 juin 2024
The Canadian Press, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par The Canadian Press, 2024

OTTAWA — Le chef d'une Première Nation du nord du Manitoba affirme que son poste de soins infirmiers fonctionne à la moitié de sa capacité et que, par conséquent, ses membres ne reçoivent pas les soins dont ils ont besoin.

«Les soins de santé sont censés être universels — ils sont censés être complets, accessibles, abordables et correctement financés», a déclaré le chef David Monias, de la Première Nation crie de Pimicikamak.

«Aucun de ces principes n'est appliqué.»

Sa communauté est censée disposer de 13 ou 14 infirmières, mais la plupart du temps, il n'y en a que cinq ou six, a-t-il expliqué.

Faute de personnel suffisant, ces infirmières s'occupent principalement des situations d'urgence tandis que les patients souffrant de maladies comme le diabète et l'hypertension sont privés des soins de routine nécessaires.

Et lorsque ces maladies deviennent graves, les patients sont transportés par avion à Winnipeg, car la station n'est pas équipée pour traiter les problèmes aigus.

La situation est devenue si intenable au début de l’année qu’ils ont dû déclarer l’état d’urgence.

«Nous avons des personnes atteintes de tumeurs cérébrales qui n'ont pas été diagnostiquées, a affirmé M. Monias. Ce n'est que lorsqu'elles sont envoyées à Winnipeg qu'elles découvrent qu'il y a quelque chose qui ne va pas chez elles.»

Lorsque le gouvernement fédéral embauche des infirmières pour travailler dans la Première Nation, elles ne restent pas toujours parce que leurs rôles sont censés être transférables à plusieurs communautés différentes, en fonction des besoins.

Certaines personnes ont démissionné parce qu'elles s'étaient épuisées à cause d'une surcharge de travail.

Les données gouvernementales montrent que les postes de soins infirmiers dans les communautés éloignées des Premières Nations du Manitoba étaient confrontés à un taux de vacance opérationnelle de 67 % au cours du dernier exercice financier.

D'autres en Ontario ne sont pas dans une bien meilleure situation, selon les chiffres déposés à la Chambre des communes le mois dernier, en réponse à la question écrite d'un député néo-démocrate.

Le document indique qu'au cours de l'exercice 2023-2024, tous les postes de soins infirmiers exploités par Services aux Autochtones Canada au Manitoba ont fonctionné à capacité réduite en raison d'une pénurie de personnel.

Les Services aux Autochtones emploient des infirmières dans 50 postes de soins infirmiers éloignés ou isolés en Alberta, au Manitoba, en Ontario et au Québec.

«Pour éviter les fermetures et maintenir les services d'urgence essentiels (au Manitoba), la région a dû trier et déplacer les infirmières autorisées, les infirmières auxiliaires autorisées, les ambulanciers paramédicaux et autres professionnels connexes», peut-on lire dans le document.

La ministre des Services aux Autochtones, Patty Hajdu, a déclaré que son ministère s'efforçait d'augmenter le nombre de candidats dans les communautés éloignées et a souligné que la pénurie d'infirmières se faisait sentir dans tout le pays.

«Nous devons en quelque sorte trouver une solution à court terme en essayant d'attirer davantage d'infirmières dans les communautés éloignées, mais nous devons également rester concentrés sur le renforcement des capacités à long terme des Premières Nations afin qu'elles bénéficient de l'engagement continu des personnes qui souhaitent rester dans leurs communautés», a soutenu Mme Hajdu.

M. Monias a déclaré que sa communauté souhaite prendre le contrôle de son poste de soins infirmiers, mais qu'elle ne veut pas être responsable d'un système qu'elle n'a pas brisé.

«Ce serait bien d'avoir notre propre autorité locale de recrutement pour pouvoir embaucher ces personnes, et elles pourraient travailler pour nous afin de ne pas être envoyées ailleurs», a-t-il déclaré.

«Mais nous savons qu'une fois que vous faites cela, une fois que vous acceptez (la responsabilité des soins de santé), il est difficile de faire demi-tour parce que c'est si grand.»

Le gouvernement fédéral a récemment publié des offres d'emploi pour les infirmières dans les communautés éloignées des Premières Nations du Manitoba, de l'Alberta et de l'Ontario.

L'affichage pour le Manitoba indique que les personnes embauchées seront transportées par avion de St Andrews vers un certain nombre de Premières Nations selon des rotations.

Les infirmières peuvent recevoir jusqu'à 6750 $ d'indemnité de recrutement après leur premier mois de travail, et jusqu'à 16 500 $ d'indemnité de rétention au cours de leur deuxième année, en plus de leur salaire annuel de base.

«Le ministère fait ce qu'il peut faire», a dit Mme Hajdu, mais la solution à la crise viendra lorsque les Premières Nations auront la capacité locale d'embaucher des infirmières de leurs propres communautés.

Grâce à cela, le bassin de main-d'œuvre sera plus solide, car ils n'auront pas besoin d'attirer davantage d'infirmières dans les communautés éloignées, a-t-elle indiqué.

Alessia Passafiume, La Presse Canadienne