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Violence obstétricale et gynécologique: une charte pour protéger les femmes

durée 15h24
24 mai 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Afin de prévenir la violence obstétricale et gynécologique lors d'un soin, un groupe de chercheuses canadiennes compte jeter les bases d'une charte de consultation qui permettrait de mieux définir les gestes à poser.

Se faire soigner n'est pas toujours simple pour les femmes et personnes qui reçoivent des soins gynécologiques ou obstétriques. Certaines ont notamment fait face à des formes de violence dans le cadre de tels soins.

«On l'entend ici comme différents comportements, attitudes ou actes qui vont à l'encontre du consentement des femmes ou des personnes qui reçoivent les soins, mais aussi des bonnes pratiques médicales», a expliqué Sylvie Lévesque, professeure au département de sexologie de l'Université du Québec à Montréal (UQAM).

Ainsi, ne pas donner de l'information à une personne qui veut connaître la meilleure méthode de contraception ou encore mépriser un historique de soins font partie de ces soins irrespectueux.

«Il y a aussi des gestes plus physiques qui sont posés. Par exemple, lors d'un examen gynécologique qui pourrait avoir l'insertion du spéculum qui cause la douleur et la personne qui demande de le retirer ou d'arrêter le soin (...) et que le médecin décide de continuer», a illustré Mme Lévesque.

La professeure a recueilli les témoignages de 1600 personnes qui sont revenues sur leurs expériences lors de leur dernier soin gynécologique ou obstétrical.

Certaines personnes ont ainsi partagé des épisodes de violence qu'elles ont vécus lors de ces consultations.

«Il y a plusieurs personnes qui nous ont partagé qu'à la suite de ces examens ou de ces soins-là, elles ne retournaient plus voir le personnel soignant, même si elles sentaient qu'elles avaient besoin de soins parce qu'elles ne voulaient pas revivre ça», a indiqué Mme Lévesque.

D'autres femmes ont confié qu'elles ne souhaitaient plus avoir d'autres enfants après des problèmes lors d'un accouchement.

«C'est vraiment des conséquences importantes dans la vie des femmes et des personnes qui vivent ces violences-là», a soutenu la spécialiste.

Lever le voile

Depuis quelques années, Sylvie Lévesque mène un projet de recherche afin de savoir comment les femmes vivent ces soins et comprendre le point de vue du personnel soignant.

Avec ce projet qui doit se terminer l'année prochaine, elle souhaite arriver avec des recommandations pour les dirigeants politiques et les différents regroupements et ordres professionnels.

D'ici là, elle participera le 28 mai prochain à une journée d'étude à ce sujet à l'UQAM dans le cadre de la Journée internationale d'action pour la santé des femmes.

«On va tenter de créer une charte qui, éventuellement, pourrait peut-être être intégrée dans les soins», a-t-elle mentionné.

Son objectif n'est donc pas de faire culpabiliser le personnel soignant, mais bien de «lever le voile sur le fait que cela existe ces violences et qu'elles sont évitables».

Pour le moment, les recherches de Mme Lévesque indiquent que l'un des facteurs présents derrière ces soins irrespectueux est l'objectification du corps féminin.

«On ne considère pas la personne dans sa globalité, mais on va considérer uniquement le système reproducteur, sans pouvoir en fait s'intéresser à ce qu'elle ressent, à son expérience, à ce qu'elle a vécu avant», a-t-elle avancé.

«Les femmes se sentent souvent comme un numéro, elles ne se sentent pas comprises, intégrées dans le soin, elles se sentent infantilisées», a-t-elle ajouté, précisant qu'une dynamique de pouvoir peut alors se créer.

Certaines initiatives existent déjà afin de sensibiliser le personnel soignant et d'informer les femmes sur leurs droits pendant les consultations.

«Je pense qu'il y a plusieurs actions à faire, ne serait-ce que d'intégrer dans le curriculum de formation du personnel de la santé des volets sur les soins respectueux et sur les approches sensibles», a mentionné Mme Lévesque, qui a tenu à préciser que ce n'est pas tout le monde qui pose des gestes de violence.

Audrey Sanikopoulos, La Presse Canadienne