Bataille entre Revenu Québec et Jean-Yves Archambault: un nouveau chapitre s’ouvre
Par Jean-François Cloutier/Agence QMI
L’homme d’affaires Jean-Yves Archambault, engagé dans un bras de fer avec l’Agence du revenu du Québec (ARQ) depuis plusieurs années, entame à partir de février une nouvelle manche de sa bataille juridique ayant «valeur de symbole de la résistance du contribuable aux abus du fisc», selon son avocat.
Dans une requête dont «Argent» a obtenu copie, qui sera entendue à partir du 4 février, le nouvel avocat de M. Archambault, Yacine Agnaou, conteste la constitutionnalité de certaines dispositions de la Loi sur l’administration fiscale.
La requête ratisse large et remet en cause un glissement des pouvoirs depuis une quinzaine d’années en faveur de l’ARQ, à mesure que les objectifs de récupération fiscale se sont accrus.
Estimant que sa vie a été ruinée par des cotisations abusives et infondées sur son entreprise, Groupe Enico, M. Archambault avait remporté une importante victoire en septembre 2011.
Dans un jugement retentissant, le juge Michel Déziel de la Cour supérieure ordonnait que Revenu Québec verse la somme de 325 040 $ à M. Archambault afin qu’il ait les moyens de mener à terme ses poursuites.
Il qualifiait aussi d’«arme nucléaire» la saisie du compte bancaire d’Enico effectuée par Revenu Québec, lequel a précipité la chute de l’entreprise de M. Archambault.
Revenu Québec a toutefois demandé au juge de se récuser et le jugement a été cassé en Cour d’appel en mars 2012.
M. Agnaou a dit estimer à plus d’un million de dollars l’argent englouti par l’ARQ en frais juridiques dans cette seule affaire. Une myriade de recours ont été entrepris par l’ARQ contre son client, une tactique qualifiée de «guérilla procédurale» par M. Agnaou.
«Dans ce genre d’affaire, les ressources des parties sont déterminantes», a-t-il dit.
M. Agnaou a soutenu que l’ARQ a tenté d’épuiser financièrement et psychologiquement son client, après avoir tenté de tuer l’affaire dans l’œuf. «Ils ont trouvé quelqu’un à leur mesure», a-t-il dit. Les recours ont rendu carrément malade M. Archambault, selon son avocat.
«Revenu Québec entend démontrer qu'il a agi selon les normes de vérification applicables, et que le recouvrement des sommes dues par le Groupe Enico a été fait selon les procédures usuelles», a de son côté soutenu le porte-parole de Revenu Québec, Stéphane Dion.
Selon Marc-André Paquin, du cabinet Dupuis Paquin, loin de s’adoucir, l’ARQ devient plus agressive à mesure que les pressions politiques se font plus vives pour accroître les rentrées fiscales de l’État.
«L’ARQ est en train de devenir une institution hors de contrôle, qui agit comme si elle était au-dessus des lois», a dit M. Agnaou.
La bataille de M. Archambault pose «plusieurs questions d’intérêt pour les contribuables», selon lui.
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