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Les légumes du Sud font la vie dure aux maraîchers

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2 mars 2013
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Par Denise Proulx\Agence QMI
LAVAL - 

Le dumping agroalimentaire américain et mexicain est en train de tuer un nombre croissant de producteurs maraîchers du Québec. Au printemps, des producteurs en serre et en champs ne mettront pas de cultures en terre devant l’incapacité de rentabiliser leur entreprise, a appris Argent.

 

Rachel Pinsonneault avait l’habitude de lancer ses productions de concombres et de tomates en serre au début mars. Cette année, les serres demeureront fermées, même si la clientèle à la ferme était en hausse depuis qu’elle avait acquis l’exploitation en 2007. Elle complétait ses revenus par des ventes à des grossistes.

« J’aurais des investissements de 175 000 $ à faire pour répondre aux nouvelles normes canadiennes de salubrité pour garder ma place dans les entrepôts alimentaires, a-t-elle expliqué. Et pendant ce temps-là, le Canada laisse entrer des légumes du Mexique qui utilisent des pesticides bannis ici et qui arrosent les champs d’eau de surface.»

D’autant plus que l’hiver a été difficile pour la productrice maraîchère. En 2007, elle payait son mazout 35 cents/litre pour chauffer ses deux serres. Cette année, elle a déboursé 95 cents/litre.

Le dumping des légumes étrangers affecte aussi ses ventes. Il lui coûte 2,45 $ /livre pour produire des tomates. La fruiterie de la ville voisine vend des tomates en provenance du Mexique à 45 cents/livre. Même scénario pour sa production de concombres qu’elle écoulait à 15 $/la douzaine. Ce printemps, on ne lui en offre que 6,50 $/douzaine.

«J’ai beau produire les meilleures tomates au monde, la vente directe à la serre ne suffit pas, a-t-elle dit. Là, je ne suis plus capable de prendre de si gros risques d’affaires.»

Chez Vegibec, un important producteur maraîcher d’Oka, c’est en coupant dans les salaires que l’entreprise réussira à se garder en production.

«On va se passer de l’agronome, de la secrétaire et des trois employés qui normalement entrent en serre pour les semis, a raconté le copropriétaire Pascal Lecault. Faut éliminer 150 000 $ et on ne peut pas diminuer la production, qui est la base de nos revenus.»

Marc Lauzon de Saint-Eustache abandonne carrément la production de maïs sucré, de choux et de poivrons pour passer à la culture du soya. «Ça me coûte plus cher à produire que les revenus que ça de donne, a-t-il expliqué. Le prix des intrants, des semences, du diesel, le salaire des ouvriers agricoles augmentent. Je suis en concurrence avec les États-Unis. Ça ne marche plus!»

D’autres producteurs de Laval déplorent la même situation. «Toutes les entreprises à dimension humaine n’arrivent plus à dégager de la richesse. Et on se fait accuser d’être des maudits bandits parce qu’on ne suit pas les prix les plus bas», a dénoncé Gilles Lacroix, président de l’UPA de Laval.

Ne pas dramatiser

«La situation est loin d’être dramatique, ce sont des cas marginaux. La mise en culture ne diminue pas au Québec», a déclaré néanmoins André Plante, le président le l’Association des jardiniers maraîchers du Québec, qui estime que les chaînes d’alimentation sont sensibles à l’idée de soutenir les producteurs en saison estivale.

Le président estime que le problème vient plus du côté des grossistes qui achètent où ils veulent et qui revendent ensuite à qui ils veulent. «Ils font beaucoup plus de tort aux producteurs agricoles que les supermarchés», a-t-il noté.

Un avis que ne partage pas Patrick Craig, directeur de la mise en marché chez CanadaWide, le plus grand importateur de fruits et légumes au Marché Central de Montréal.

«Nos clients sont les fruiteries et les supermarchés, a-t-il déclaré. S’ils achètent les produits américains avant les produits du Québec, c’est parce qu’ils savent que les consommateurs ne veulent pas payer cher.»

 

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