Une mesure indispensable selon les libraires lavallois

Par Claude-André Mayrand
La Commission de la culture et de l’éducation se penche actuellement sur la règlementation du prix de vente au public des livres neufs imprimés et numériques, une mesure qui est qualifiée d’indispensable par les libraires indépendants lavallois.
«Les grandes surfaces drainent les clientèles des librairies en ne vendant que les livres qui sont faciles à vendre, soit les best-sellers», explique Serge Poulin, propriétaire de la librairie Carcajou de Duvernay, une des dernières librairies indépendantes de l’île Jésus.
«Pour nous, la vente des best-sellers aide à supporter le reste de notre inventaire qui se vend moins bien. C’est à ce niveau que peut intervenir une règlementation», précise-t-il.
M. Poulin, qui est aussi président de l’Association des libraires du Québec (ALQ), affirmait, par voie de communiqué, le 21 août dernier, qu’il est «urgent d’agir pour protéger le réseau de librairies, ces pôles culturels essentiels, qui ont besoin d’un coup de pouce de l’État».
«Les grandes surfaces, qu’elles soient québécoises, canadiennes ou américaines, mettent de la pression sur les éditeurs et les distributeurs en se négociant des marges de profit plus importantes, de sorte que ces derniers doivent augmenter le prix de détail du livre pour garder leur propre marge de profit, explique-t-il en entrevue. Cette pression nuit beaucoup aux petites surfaces.»
«Une approche commerciale»
Pour Normand Gariépy, qui est gérant de la librairie Imagine de Sainte-Dorothée, le prix unique du livre pourrait permettre aux petits de rivaliser avec les grands.
«Ça ne règlera pas tous les maux, mais ça pourrait permettre de jouer à jeu égal», commente-t-il en parlant de la survie des librairies indépendantes.
M. Gariépy rappelle que de grands éditeurs, qui font 80 % de ventes avec seulement 20 % de leurs catalogues, se joignent aussi aux librairies.
«Le focus est sur les librairies, mais tout le milieu est d’accord avec cette mesure.»
Ce qu’il regrette le plus, c’est l’approche commerciale des grandes surfaces que sont Costco, Walmart, Archambault et bientôt Target.
«Contrairement aux librairies, les grandes surfaces ne vendent pas de culture. Ils n’ont pas d’approche éditoriale, c’est purement commercial et ça se reflète dans leur offre.»
Pendant que les librairies offrent environ 30 000 titres, les grandes surfaces n’en proposent qu’autour de 350, selon Serge Poulin et Normand Gariépy.
«Les librairies ont développé une expertise, une accessibilité et des relations avec des bibliothèques, des écoles, des commissions scolaires pour la préparation de thématiques. Les grandes surfaces ne font rien de ça», affirme M. Gariépy.
Davantage de fermetures
L’ALQ demande au gouvernement d’adopter une loi réglementant le prix des nouveautés qui, pour une période de neuf mois, ne pourraient être vendues qu’avec un rabais maximal de 10 % du prix fixé.
Selon les statistiques compilées par l’ALQ, il y a davantage de fermetures que d’ouvertures chez les librairies indépendantes. Une douzaine d’entre elles ont fermé leurs portes en 2012 seulement.
Les premières auditions publiques ont eu lieu du 19 au 21 août et le 26 août derniers, et la commission reprendra ses travaux les 17, 19 et 20 septembre prochains.
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