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En 10 questions avec Ghiwa Nakhlé

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7 novembre 2013
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Par Claude-André Mayrand
LAVAL - 

Jusqu’au 9 novembre se déroule à Montréal la 14e édition du Festival du monde arabe (FMA), une célébration multidisciplinaire à trois volets, soit les Arts de la scène, le Salon de la culture et le Cinéma. Se décrivant comme étant un carrefour de tendances et d’orientations artistiques permettant la réflexion et l’expérimentation, le FMA s’ouvre à tous les artistes, provenant de tous les horizons culturels pour créer un haut lieu de métissage et d’échange. Entretien avec la Lavalloise et directrice adjointe du FMA, Ghiwa Nakhlé.

1- Pourquoi le Festival du monde arabe?

Le FMA constitue un lieu de croisement des identités, des cultures, des goûts. Il permet aux Québécois de toutes origines de se retrouver ensemble, autour d’une œuvre ou dans un débat libre au-delà des frontières raciales ou culturelles. Ses artistes, comme son public, appartiennent à des horizons multiples, des Québécois qui veulent s’ouvrir à la différence, à ceux qui désirent vivre leur culture d’origine.

2- Pourquoi vous y impliquez-vous?

J’ai grandi dans les salles de spectacle de Montréal avec le FMA, pour lequel mon père est directeur artistique et général. Plus que tout, je crois à cet espace dédié à l’échange. C’est un projet rassembleur pour tous les Québécois, car l’art transcende les différences.

3- La thématique de l’édition 2013 est Tribales. Qu’est-ce que ça signifie?

Le thème de cette année met en lumière une vision renouvelée du tribalisme, au-delà des approches simplistes et réductrices, qui fait ressortir les bienfaits de l’appartenance et de la communion, tout en dénonçant le foisonnement des identités sectaires qui reproduisent un tribalisme négatif, sauvage et exclusif. Le tribalisme fait appel à toutes sortes de solidarités : religieuses, rituelles, spirituelles, amicales, sexuelles, politiques. Des réseaux sociaux virtuels aux parades urbaines, le mimétisme tribal est bien présent dans nos sociétés.

4- Quel est l’évènement à ne pas manquer de la programmation 2013?

Chaque membre de l’équipe a son coup de cœur. Cette diversité des goûts fait partie de notre orientation en matière de programmation. Pour ma part, le concert de clôture, Yamal El Sham, devrait être le point culminant de cette édition. Il réunit de grands artistes de renommée mondiale et porte un message d’espoir et de courage aux peuples du Moyen-Orient à qui on a annoncé l’arrivée d’un printemps de liberté et d’émancipation, mais qui se retrouvent, trois ans plus tard, au centre d’un tourbillon de violence et de terreur.

5- En 14 ans, en quoi le FMA a-t-il aidé la communauté arabe?

La mission de notre organisme s’articule autour d’objectifs de nature artistique et nos activités ne s’adressent pas à une communauté en particulier. Cela dit, le FMA offre à la culture arabe, et surtout aux artistes d’origine arabe, une plate-forme unique au sein de la société québécoise. Le festival a aidé beaucoup de jeunes talents à se faire connaître, à développer leur savoir-faire et à évoluer dans un environnement des plus enrichissants, marqué par l’échange et l’ouverture à l’autre.

6- Vous êtes aussi dans l’équipe d’un festival extérieur d’été, Orientalys. Quelle est la différence entre les deux évènements?

Orientalys est un évènement à part entière, avec une mission différente de celle du FMA. Il n’est pas lié à la culture arabe en particulier, mais puise dans tous les patrimoines de l’Orient, de l’Inde à l’Afrique du Nord et de la Chine à l’Iran. Orientalys s’ouvre au grand public, notamment aux familles et aux touristes, et offre une vaste gamme d’activités gratuites sur le site du Quai Jacques-Cartier.

7- Quel est, selon vous, le volet culturel arabe qui mérite le plus d’être découvert?

Il est difficile de trancher. Cette culture étant l’une des plus riches. La musique, la littérature, la danse, la calligraphie, l’architecture, les arabesques et j’en passe.

8- Est-ce qu’il y a de la place dans la culture québécoise pour la culture arabe?

Je dirais que l’existence du FMA montre que le Québec est capable d’accueillir la culture arabe avec bienveillance et ouverture et non comme une menace ou un danger. C’est aussi la preuve que l’arabité peut s’ouvrir à la modernité et y contribuer. Le public du festival est, à l’image de Montréal, pluriel. Le pourcentage des festivaliers d’origine arabe ne dépasse pas 20 % de l’achalandage global. Notre programmation ouverte et audacieuse nous aide à rejoindre de nombreux groupes et individus. Je pense que c’est l’un des points forts du FMA : la diversité du contenu, des artistes et du public.

9- La Charte des valeurs québécoises attise les tensions entre les Québécois et les communautés culturelles. Est-ce que l’édition 2013 du FMA a été touchée jusqu’à maintenant?

Le FMA ne peut pas éviter les enjeux et les débats qui animent la société québécoise, parce qu’il en fait partie. Nous avions fait l’expérience en 2001, dans l’après 11 septembre, ensuite en 2007, avec la «crise» des accommodements raisonnables, qui fut d’ailleurs une période des plus éprouvantes pour notre organisme. Nous avons toutefois réussi à traverser ces moments difficiles et à assurer la pérennité du FMA grâce à l’appui de nos partenaires et du public. Ce sera aussi le cas cette année, malgré le vacarme médiatique autour du projet de la charte.

10- Craignez-vous que la Charte des valeurs québécoises vienne détruire les liens qui sont faits entre les communautés arabes et québécoises depuis 14 ans avec le FMA?

À mon avis, le débat autour de la Charte des valeurs québécoises aurait pu être plus utile et plus productif s’il avait été mené dans une perspective positive. Je comprends le fait qu’il existe des inquiétudes et des angoisses, mais cela est vrai d’un côté comme de l’autre. Si l’on fait abstraction des jeux politiques et des manipulations qui alimentent ce débat, il est tout à fait légitime et compréhensible qu’une société cherche à protéger son identité et ses valeurs. Mais il est aussi indispensable de rassurer les minorités, qu’elles soient religieuses, linguistiques ou raciales. Il est évident que la laïcité assure un espace public neutre et est donc une condition essentielle à l’égalité et à la cohésion sociale. Cependant, on se retrouve aujourd’hui au cœur d’un débat fondé sur un profilage religieux ou vestimentaire. Ceci montre que la laïcité, comme toute autre valeur, sert plusieurs maîtres. Je reste toutefois optimiste, car je crois profondément que notre société est étanche aux dérives du racisme.

 

 

En rafale…

Äge : 25 ans

Naissance : Bcharre, Liban

Résidence : Laval (Duvernay)

Occupation principale : Actuaire chez Mercer

Loisirs : Lecture, voyages, hockey

 

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