Victoire pour les libraires

Par Fanny Arnaud
Les libraires du Québec ont été entendus : les rabais sur les livres seront limités à 10% pendant les neuf premiers mois de leur publication.
Le 2 décembre dernier, le ministre de la Culture et des Communications, Maka Kotto, a annoncé qu’il allait élaborer un projet de loi afin d’encadrer le prix des livres. Cette législation vient en réponse aux revendications de nombreux professionnels du livre à travers le Québec.
Un signe d’écoute du ministère
Serge Poulin est président de l’Association des Libraires du Québec (ALQ) et propriétaire de la librairie Carcajou dans le quartier Duvernay, pour lui, il s’agit d’une nouvelle importante pour les libraires.
«Les libraires avaient demandé de l’oxygène au gouvernement et c’est ce qu’il nous envoie», dit-il, dans un communiqué de presse.
Normand Gariépy est gérant de la librairie Imagine située dans le quartier Sainte-Dorothée. Pour lui, cette annonce est un signe d’écoute du ministère.
«On a fait une demande qui a été acceptée telle quelle», dit-il.
Le livre n’est pas une marchandise comme les autres
Cette mesure, selon M. Kotto, permettra de protéger l’identité et la culture québécoise.
M. Gariépy explique que c’est de la diffusion de cette culture dont les libraires doivent avant tout s’occuper.
«Il y a une différence entre vendre 100 livres de deux auteurs ou 100 livres de 20 auteurs : le libraire veut diffuser de nouveaux écrivains, ce qui n’intéresse pas les grandes surfaces» dit-il.
En effet, selon l’ALQ, la concurrence déloyale des grandes surfaces et la mainmise sur le marché de géants étrangers déstabilisent le réseau de diffusion des livres.
Pour le ministre, M. Kotto, l’objectif de cette loi est «de consolider le réseau de librairies […] et d'assurer des lieux de diffusion à nos auteurs québécois» mais également de garantir aux lecteurs l’accès «à l'expertise des libraires et aux milliers de titres qu'ils offrent».
Un essai de trente-six mois
Le ministre a ajouté que ce projet de loi aura une durée de trente-six mois afin d’en mesurer l’impact «sur la vitalité des librairies», une période d’essai que n’avaient pas prévu les libraires.
M. Gariépy se demande quels paramètres le gouvernement va prendre en compte pour vérifier l’efficacité de la loi. Il ajoute que le regroupement des libraires va rapidement demander des éclaircissements au ministère.
De nombreux pays, dont l’Allemagne, l’Espagne ou la France, ont déjà adopté le prix unique du livre.
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