Frédéric Back n’est plus

Par Agence QMI
Le cinéaste et environnementaliste Frédéric Back, maître du film d’animation, est décédé mardi matin, le 24 décembre dernier.
M. Back est mort entouré de sa famille à l’âge de 89 ans.
Né le 8 avril 1924 en Allemagne, le cinéaste a notamment réalisé le film d’animation «L’homme qui plantait des arbres» en 1987, qui lui a valu une quarantaine de prix et un Oscar. Il a également remporté un Oscar pour le film «Crac» en 1982.
Il a résidé dans le quartier Sainte-Rose, à Laval, de 1950 à 1957.
L’homme possédait plusieurs talents. Il a aussi été illustrateur, peintre, et a notamment peint la verrière de la station de métro Place-des-Arts, en compagnie de René Derouin.
Arrivé au Canada en 1948, Frédéric Back est également indissociable de Radio-Canada, où il a travaillé pendant plusieurs années à partir de 1952, au service des arts graphiques.
Il a aussi longuement milité pour la protection de l’environnement.
«C’était quelqu’un de très humble, toujours en train de mettre de l’avant ce que les autres font, plutôt que sa propre œuvre», a commenté Alexandre Turgeon, président du Centre culture et environnement Frédéric Back.
M. Back avait «beaucoup de magnétisme» quand il parlait et tout le monde l’écoutait toujours avec attention, a ajouté M. Turgeon.
«Il faisait bien rayonner la cause», a-t-il souligné.
Le dessin, une passion de toujours
Frédéric Back a grandi à Strasbourg, en France. L’attrait du dessin s’est manifesté très tôt chez lui, encouragé par sa mère qui conserve ses œuvres dès son plus jeune âge. Enfant, il se découvre également un amour des animaux et de la nature, déjà ses sujets préférés quand vient le temps de dessiner.
Il entre à l’École Estienne en 1938, à Paris, pour y étudier le dessin lithographique. Il continuera à étudier le dessin dans les années suivantes, dont il passe une grande partie à Rennes, durant la guerre, sous occupation allemande. Il suit des cours auprès de Mathurin Méheut, qu’il admire beaucoup.
À la fin des années 1940, alors qu’il est difficile pour lui de trouver du travail en France, il décide de venir s’installer au Canada. Il effectue le voyage à bord d’un bateau, et arrive à l’île Saint-Pierre au bout de cinq semaines. Il se rend ensuite à Montréal où il trouve Ghylaine Paquin, une institutrice québécoise avec qui il correspondait depuis l'Europe, qu’il finira par épouser.
Après avoir brièvement travaillé sur des fermes, il devient professeur à l’École du Meuble en remplacement de Paul-Émile Borduas, congédié en lien avec le «Refus global».
Il est ensuite embauché comme lettreur, puis illustrateur à Radio-Canada, au début des années 1950. Il collabore à plusieurs émissions de télévision telles que «Le nez de Cléopâtre» ou «La science en pantoufles». Lors d’un voyage aux États-Unis, il se fait offrir de travailler pour les Studios Walt Disney, mais refuse, préférant rester au sein de la Société d’État.
À la fin des années 1960, Radio-Canada lance son nouveau service d’animation et il s’y joint. Il réalise ses premiers films d’animation dans les années 1970 et remporte plusieurs prix. La consécration arrive en 1982 quand il gagne son premier Oscar grâce au court-métrage «Crac», qui raconte l’histoire du Québec à travers celle d’une chaise berçante.
Son deuxième Oscar vient en 1988 grâce à «L’homme qui plantait des arbres», d’après un texte de Jean Giono, lu par l’acteur Philippe Noiret.
Il produit son dernier film d’animation en 1993, «Le fleuve aux grandes eaux», qui porte sur le Saint-Laurent, pour lequel il reçoit une nouvelle nomination aux Oscars. Dans les dernières années de sa vie, M. Back se consacre particulièrement à la préservation de l’environnement. En 2011, le Musée d’art contemporain de Tokyo présente une rétrospective de son œuvre.
Frédéric Back a reçu nombre d’honneurs et de distinctions au cours de sa vie. Il est notamment chevalier de l’Ordre du Québec, officier de l’Ordre du Canada ainsi que de l'ordre des Arts et Lettres de la France.
En plus de ses deux Oscars, ses films ont remporté des dizaines de prix. Il laisse dans le deuil son épouse Ghylaine ainsi que ses enfants Christian, Süzel et Francis.
Une inspiration
La nouvelle du décès de Frédéric Back a rapidement circulé dans les médias sociaux, suscitant de nombreuses réactions sur Twitter, mardi soir.
«Un grand artiste nous a quittés aujourd'hui. L'imaginaire de Frédéric Back restera à jamais gravé dans notre mémoire», a écrit le chef du Nouveau parti démocratique (NPD), Thomas Mulcair.
«Nous avons perdu un citoyen du monde. Nous sommes tous en deuil ce soir. Condoléances à la famille et aux proches. Frédéric Back lègue un héritage riche en enseignement, en culture et environnement, aux générations futures. Son œuvre est éternelle», a rédigé Denis Coderre, maire de Montréal.
Le comédien et animateur André Robitaille a «eu la chance de le côtoyer», le qualifiant de «charmant, inspirant et grand».
«Nous avons perdu un grand humaniste et écologiste. Merci pour tout!», a écrit pour sa part Steven Guilbeault, cofondateur et directeur principal d’Équiterre.
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