Col bleu: la victime craignait de tout perdre

Par Cédérick Caron
Dans son édition du 20 mars, L’Écho de Laval rapportait en exclusivité que la police enquêtait sur une agression sexuelle survenue il y a 13 ans au service des Travaux publics de Laval. La victime a accepté de raconter son désarroi.
Il y a 13 ans, Sébastien [nom fictif] aurait été maintenu de force sur une table par quatre collègues, pendant qu’un cinquième le masturbait. Ce dernier a été promu cadre par la suite et est le principal suspect dans l’affaire.
S’il a accepté de rencontrer L’Écho, c’est pour raconter l’enfer qu’il a vécu au cours des 13 dernières années et pourquoi il a attendu avant de dénoncer son agresseur. Il a été convenu avec lui de ne pas entrer dans les détails de l’agression afin de ne pas nuire à l’enquête et aux procédures judiciaires qui sont toujours en cours.
«À l’époque, j’étais un jeune père de famille. J’étais en couple depuis environ un an et ma conjointe était enceinte. Elle avait aussi un autre enfant d’une précédente relation. J’étais seulement qu’un employé surnuméraire aux travaux publics. Je n’ai rien dit parce que j’avais peur de perdre ma famille, ma femme et ma job», raconte-t-il.
Harcèllement
C’est finalement au printemps 2012 que la victime a porté plainte après avoir été victime d’harcèlement de la part du principal suspect.
«Un nouveau est venu me voir en me disant : ‘‘C’est toi qui s’es fait masturber?’’. Puis, il m’a expliqué qu’il [agresseur] s’en vantait à tout le monde aux travaux publics et tous le savaient maintenant», se souvient Sébastien.
Un grief a d’ailleurs été déposé contre lui.
Le 5 avril 2012, plus d’une centaine de cols bleus sont débarqués à l’édifice des travaux publics, situé sur le boulevard Dagenais Ouest, pour faire part de leur mécontentement envers les agissements du suspect qui était cadre à l’époque. Des locaux ont été endommagés lors de cette action. La version policière de l’incident est encore aujourd’hui qu’il était lié à la mauvaise négociation syndicale. Ce qui est réfuté par tous les cols bleus rencontrés.
Stress familial
C’est aussi à ce moment que Sébastien a parlé de son agression pour la première fois à sa conjointe qui l’a incité à porter plainte.
«J’ai compris bien des choses à ce moment-là, raconte-t-elle. J’ai compris 13 ans d’agressivité qui s’est déclarée du jour au lendemain. Et pourquoi les enfants subissaient son stress quand il arrivait à la maison. Notre couple a failli éclater, mais aujourd’hui, je suis contente qu’on soit toujours ensemble.»
Suspect rencontré
La police de Laval confirme que le principal suspect a été rencontré dans le dossier. Cette rencontre a eu lieu quelques jours après la publication de l’exclusivité de L’Écho.
Selon ce qu’il a été permis de confirmer avec des sources proches du dossier, le suspect n’aurait pas nié les faits.
Au moment d’écrire ces lignes, la police indiquait que le rapport n’avait pas encore été remis à un procureur de la couronne pour l’étude de la plainte, mais que cela devait se faire incessamment.
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